Sécheresse, maladie du dragon jaune : pourquoi les prix du jus d'orange explosent

Par Margot Ruault  |   |  637  mots
Le jus d'orange connaît ces derniers temps une véritable envolée sur les marchés. (Crédits : Reuters)
Les prix du jus d'orange s'envolent ces derniers mois. A l'origine de cette flambée : la sécheresse mais également la maladie du dragon jaune, qui affectent les cultures aux Etats-Unis et au Brésil.

Des prix survitaminés. Le jus d'orange connaît ces derniers temps une véritable envolée sur les marchés. A tel point que fin mai, le contrat à terme du jus d'orange concentré congelé a atteint un record historique : plus de 4,5 dollars la livre, soit une augmentation de 77% en un an. Le prix moyen de la tonne de concentré sur le marché de Rotterdam a également atteint près de 6.300 dollars contre à peine 2.000 en 2022. De l'or en brique. « Des flambées comme ça, on n'en a jamais vu », pointe Eric Imbert, chercheur agroéconomiste Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).

Résultat, ce sont les consommateurs qui trinquent. Les prix du précieux jus d'orange ont augmenté en France de 12,4% en mai 2024 par rapport à l'année dernière, d'après Floriane Cordier, experte chez le panéliste Nielsen IQ. Dans le détail, le pur jus d'orange avec pulpe a augmenté de 10,7% sur un an. Mais les augmentations touchent surtout les nectars, avec une hausse de 18,8% pour celui avec pulpe et de 16,3% pour celui sans, toujours selon la même source.

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La maladie du dragon jaune

A qui la faute ? Principalement à une bactérie mortelle qui touche les cultures d'agrumes. Nommée la maladie du huanglongbing, citrus greening ou plus simplement la maladie du dragon jaune, cette bactérie en provenance d'Asie a commencé à sévir au début des années 2000. Elle touche les deux principales régions productrices dans le monde, São Paulo au Brésil et la Floride aux Etats-Unis. « La dernière campagne de production a été divisée par dix en Floride, à cause de la dissémination de cette bactériose létale », commente l'agroéconomiste Eric Imbert. Le Brésil, premier producteur, reste plus ou moins épargné comparé à l'Etat du Sud-Est des Etats-Unis, mais les craintes autour d'un scénario similaire s'intensifient.

Dans le pays d'Amérique du Sud, ce sont surtout les aléas climatiques, et notamment la sécheresse, qui affectent la production. Cette année, elle s'annonce catastrophique avec une baisse de plus de 24% par rapport à la dernière récolte, d'après les données de Fundecitrus. « Compte tenu de la récolte moyenne déjà en 2023/2024, on a beaucoup puisé dans les stocks qui ont atteint des niveaux qui font qu'on ne compensera jamais le manque de fruits brésiliens cette année », avertit Eric Imbert. « On va manquer de jus d'orange », résume-t-il.

Et ce n'est pas la production américaine qui risque de sauver la donne. Elle est attendue en légère hausse, +3% sur un an, selon le ministère américain de l'Agriculture (USDA), mais c'est toujours très inférieur à la récolte d'il y a deux ans (-36%). Par ailleurs, la Floride est souvent touchée par des ouragans, qui plombent la production. Dernier en date qui a fait de lourds dégâts sur les cultures : l'ouragan Ian en septembre 2022. D'autant que les vents violents provoqués par ces phénomènes climatiques contribuent à la dissémination de la maladie, précise l'agroéconomiste.

Trouver de nouvelles variétés

Pour pallier l'augmentation des prix du jus, certains industriels réduisent la taille de leurs briques. D'autres recourent à des alternatives comme mélanger du jus d'orange à d'autres jus de fruits.

Par ailleurs, la recherche s'est mobilisée depuis une vingtaine d'année pour trouver des solutions à la maladie du dragon jaune. « Une des principales pistes de recherches consiste à trouver des variétés davantage résistantes et tolérantes, mais cela demande beaucoup de temps », explique Eric Imbert. Les prix ne sont donc pas prêts de baisser tout de suite, du moins il ne faut pas être pressé.