![Les annonces de l'Opep+ dimanche concernant leur stratégie de réduction de la production d'or noir ont rapidement fait réagir les marchés.](https://static.latribune.fr/full_width/1886530/la-france-va-offrir-une-remise-sur-le-carburant-face-a-la-hausse-des-prix-annonce-castex.jpg)
Depuis le début de la semaine, les prix du pétrole plongent sous la barre des 80 dollars, à leur plus bas niveau depuis février. A l'origine : les annonces des pays exportateurs de pétrole dimanche concernant leur stratégie de réduction de la production d'or noir qui ont rapidement fait réagir les marchés. Le Brent de la mer du Nord, référence en Europe, perdait encore 1,25% à 17h20, atteignant 77,17 dollars. Le WTI, équivalent américain, laissait quant à lui 1,11% à 73,20 dollars.
Les pays de l'Opep+ (comprenant la Russie) se sont entendus, depuis fin 2022, à réduire leur production dans le but de maintenir des cours du pétrole élevés. Sans ces réductions, les prix se seraient même « effondrés » alors que les Etats-Unis, le Brésil ou encore le Guyana inondent le marché, explique Olivier Gantois, président de l'Ufip énergies.
Ainsi, deux millions de barils par jour (mbj) ont été retirés du marché, puis 1,65 mbj pour certains membres, une baisse devant courir jusque fin 2025. Des réductions supplémentaires de 2,2 mbj ont également été appliquées en novembre dernier, devant aller jusqu'en septembre 2024. C'est cette toute dernière réduction que l'Opep+ a décidé de revoir en remettant progressivement les barils sur le marché à partir de septembre.
Une baisse des prix des carburants...
Avec cette baisse des cours, la question est de savoir si les prix du carburant seront impactés. « En toute logique, on devrait avoir quelques centimes de baisses à la pompe dans les prochains jours », répond Philippe Chalmin, professeur d'histoire économique à l'université Paris-Dauphine et spécialiste des matières premières et de l'énergie.
En effet, outre les critères comme le taux de change, la marge de raffinage et les taxes, les prix du carburant sont surtout influencés par les variations du prix du brut.
... Qui ne devrait pas durer
Cependant, cette tendance n'est pas amenée à perdurer. En effet, ce changement de stratégie intervient simplement pour répondre à l'augmentation de la demande mondiale anticipée. L'AIE a prévu une augmentation de la demande de 1,1 million de mb/j en 2024. Et cette tendance devrait se poursuivre selon l'AIE pour 2025, avec une croissance estimée de 1,2 mb/j. Cette anticipation diffère néanmoins de l'Opep+, qui table de son côté sur 2,2 mb/j cette année.
« La nouvelle décision de l'Opep+ reste cohérente avec ce qu'ils font depuis 18 mois, et va permettre de maintenir le prix du baril dans un tunnel entre 75 et 85 dollars », pointe Olivier Gantois.
Résultat : malgré la remise sur le marché de barils à partir de septembre, les prix à la pompe devraient rester à leurs niveaux déjà élevés encore pour un moment. A moins que la demande anticipée ne soit pas au rendez-vous, l'Opep+ anticipant une demande plus importante que l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Auquel cas, il risquerait d'y avoir un phénomène de surproduction et in fine de baisse des cours. Néanmoins, l'Opep+ ne compte prendre aucun risque. L'organisation a bien indiqué qu'elle pouvait à tout moment revenir sur sa décision, notamment en cas de chute des prix de l'or noir.
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