100 ans après les Jeux de Paris 1924, la France accueille de nouveau les Jeux olympiques et paralympiques (26 juillet-11 août, 28 août-8 septembre). L'évènement sera diffusé en mondiovision à plus de quatre milliards de téléspectateurs. Du centre international de diffusion, au village des médias, en passant par les diffuseurs officiels, chacun possède une place particulière dans cette énorme organisation. En termes de retombées directes et touristiques demain, les médias devraient contribuer à valoriser l'image de Paris. Explications.

Lire aussiL'International Broadcast Center, site névralgique de la télédiffusion des Jeux olympiques

OBS : « Une approche cinématographique de la couverture »

Bras armé technique, la filiale Olympic Broadcasting Services du Comité international olympique (CIO), propriétaire des droits médias pour les Jeux Olympiques au niveau mondial, est chargée de fournir les signaux internationaux de radio et télévision des Jeux à tous les détenteurs de droits médias partout dans le monde. Pour permettre de capter les images des compétitions sportives en Ultra HD HDR et son immersif 5.4.1, plus de 1.000 caméras et 3.800 micros ont été installées aux bords des terrains. OBS veille à ce que les normes élevées en matière de couverture des Jeux Olympiques, ainsi qu'une neutralité entre les pays, soient préservées d'une édition à l'autre.

C'est le CIO et l'OBS qui réalisent également la production des cérémonies d'ouverture et de clôture, pas les diffuseurs. « Ces cérémonies à Paris représenteront les productions les plus importantes réalisées en termes d'équipement et de ressources, avec plus de 100 systèmes de caméras (caméras robotiques, grues, caméras câblées) mises en oeuvre. C'est trois fois plus que lors des JO de Tokyo en 2020 (qui avaient eu lieu en 2021 en raison de la pandémie, ndlr) » précise l'OBS à La Tribune. L'OBS, qui adopte une « approche inspirée du cinéma afin de capturer l'ambiance particulière de Paris » dispose aussi de huit drones, trois hélicoptères, et quatre bateaux stabilisés sur-mesure et équipés de caméras. Sans compter les 200 téléphones mobiles déployés sur les bateaux des athlètes.

International Broadcast Center (IBC) : 11.000 heures d'images produites et diffusées

Ce site névralgique de télédiffusion des JO prend ses quartiers au Parc des expositions du Bourget. Aménagé sur 48.000 m², il permettra aux plus de 10.000 personnes - entre OBS et les diffuseurs officiels, dont les journalistes et les équipes techniques - de bénéficier de conditions de travail optimales, 7 jours sur 7, et 24 heures sur 24, et de services associés (restaurants, food trucks, supermarché...). C'est là que les images des compétitions à Paris, à Marseille pour la voile ou le football ou à Tahiti pour le surf, transiteront avant d'être diffusées par 163 chaînes de télévisions du monde entier.

Au total, 11.000 heures d'images seront produites et diffusées pendant ces deux mois à destination de plus de 4 milliards de téléspectateurs répartis dans 237 territoires et sur 24 fuseaux horaires distincts. 62 diffuseurs y disposent d'espaces privatifs et une salle est également dédiée aux commentateurs, afin de suivre plusieurs événements sportifs en direct sur leurs écrans. Une autre est réservée à des spécialistes en cybersécurité. Partenaire des JO, l'opérateur Orange s'est vu confier toute la connectivité de l'événement (5G privée et fibre).

Le Village des Médias : une éco-citée destinée aux habitants après les Jeux

Sorte de cité-jardin moderne, ce nouveau quartier de ville se situe à quelques encablures de l'IBC et à proximité de nombreux sites des Jeux, dont le Village des Athlètes, le Stade de France ou le site d'escalade du Bourget. Construit sur la commune de Dugny, en Seine-Saint-Denis, cet ensemble de 1.300 appartements, dont 900 livrés en mars dernier, accueillera et hébergera une partie des professionnels, soit 1.500 journalistes et techniciens pendant la durée des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Il est associé à de nombreux services (restauration, supérette, salle de sport...). Après les Jeux, ce village des médias sera destiné aux habitants avec l'aménagement du reste des logements. Coût total : 60 millions d'euros dont trois millions déboursés par la mairie.

Les diffuseurs officiels : le débarquement de NBC, avec Jimmy Fallon

Parmi les 163 diffuseurs de la compétition, on retrouve des poids lourds du secteur, comme France Télévisions, la BBC, BeIN Sports, les allemands ARD et ZDF... mais aussi des radios. A l'image de la radio publique Radio France avec ses principales antennes (100 journalistes et techniciens) et de la station privée RMC (20 heures de direct par jour, 60 journalistes, 20 consultants), toutes deux radios officielles en France.

Pour autant, c'est NBC qui se taille la part du lion, avec plusieurs studios, dont un face à la Tour Eiffel, et une régie. La chaîne américaine, qui possède l'exclusivité des droits des JO pour les États-Unis, compte envoyer 1.800 employés dans la capitale. Le réseau de diffusion de NBC offrira au moins neuf heures de couverture en journée des événements, auxquelles s'ajoutera en soirée l'émission phare Primetime in Paris.

150 commentateurs et sportifs consultants seront à l'œuvre pour NBCUniversal, onze pour le service de streaming Peacock (5.000 heures de couverture en direct), les chaines USA Network, CNBC, E !, GOLF Channel, Telemundo, Universo et les services numériques du groupe, a-t-il annoncé le 25 juin. Petite anecdote, la cérémonie de clôture sera commentée par le journaliste Mike Tirico avec Jimmy Fallon, le présentateur de The Tonight Show Starring Jimmy Fallon.

France Télévisions : le plus gros dispositif pour des JO et des paralympiques

Diffuseur officiel en clair en France, le groupe public a acheté en avril 2019 les droits des JO 2022 et 2024 à Warner Bros Discovery (maison-mère d'Eurosport et détenteur des droits pour l'Europe) pour un montant estimé (non officiel) autour de 130 millions d'euros.

Avec 50 heures de direct de sport par jour de compétition sur trois canaux (France 2, France 3, leur version en 4K UHD (TNT+ Fransat), et la chaîne numérique france.tv), le groupe s'apprête à proposer un dispositif exceptionnel, y compris 300 heures de direct pour les paralympiques. La chaîne d'information en continu franceinfo canal 27, le Réseau des 1ère et les 24 antennes régionales proposeront également des programmes dédiés.

« Jamais France Télévisions n'aura déployé un dispositif aussi important pour des JO et les paralympiques, qui seront couverts 24 heures sur 24 » rappelait le 11 juin Laurent-Eric Le Lay, le directeur des sports du groupe public, lors d'une conférence de presse de présentation du dispositif.

« 100 % des Français touchés par les Jeux »

Les trois chaînes publiques s'appuieront chacune sur quatre plateaux délocalisés situés au coeur de Paris, dont le principal installé sur le toit du Musée de l'Homme au Trocadéro.

Pour accompagner ses 130 journalistes, la rédaction des sports sera épaulée par 82 consultants parmi lesquels Tony Parker pour le basket, Stéphane Diagana, Maryse Éwanjé-Epée pour l'athlétisme. ou encore Laure Manaudou et Camille Lacourt pour la natation. Pour sa chaîne numérique, France Télévisions a plutôt fait appel à des streamers et proposera un live chat en journée. La cérémonie d'ouverture programmée sur la Seine, ainsi que la clôture des Jeux le 11 août au Stade de France seront par ailleurs commentées par Laurent Delahousse, Daphné Bürki et Alexandre Boyon.

Avec ce dispositif, France Télévisions fait un pari sur l'audience. « À la fin de l'été, 100 % des Français auront été touchés par les Jeux », veut croire Stéphane Sitbon-Gomez, le directeur des antennes et des programmes de France Télévisions.

En juin, la présidente Delphine Ernotte-Cinci avait indiqué : « le surcoût de la publicité permet d'amortir le coût d'achat des droits, donc c'est neutre pour nous. » Selon le budget adopté en décembre 2023, le groupe public attend 43 millions d'euros de recettes publicitaires supplémentaires.

Eurosport : Les JO en intégralité pour tous les abonnés Max

Disponible en France depuis le 11 juin (appli dédiée, Canal+, Prime Video, Orange, Free et SFR), Max, le service de streaming de Warner Bros. Discovery, propose outre les séries incontournables de HBO ou le catalogue cinéma de Warner Bros., la couverture d'événements sportifs internationaux majeurs via sa chaîne Eurosport.

Celle-ci détenant les droits des JO sur le payant en Europe, tous les abonnés, quel que soit le type d'abonnement souscrit, auront accès à l'intégralité des Jeux Olympiques de Paris 2024 à partir du 26 juillet. 800 collaborateurs venus de toute l'Europe seront mobilisés à Paris pour Eurosport Europe, 150 personnes composeront la rédaction d'Eurosport France (journalistes et consultants), également dotée de trois studios. La chaîne proposera plus de 3.800 heures de contenus sportifs en direct et 62 flux de retransmission simultanée des compétitions en 20 langues.

Max consacrera aussi une page dédiée à chaque sport soit 32 sections destinées à « vivre l'événement à la carte selon ses préférences » précise le groupe.

Côté business, son statut de « Home of The Olympics » a permis à Warner Bros. Discovery d'attirer un nombre record d'accords pan-Européens avec des annonceurs comme Bridgestone, Samsung et ADP indique le groupe, sans citer de chiffres. Il a également conclu un partenariat avec Snapchat afin de proposer une offre de contenus à de nouveaux publics.