Sydney McLaughlin et Femke Bol : deux couloirs, deux ambiances

Le duel entre Sydney McLaughlin et Femke Bol est le plus attendu de l’athlétisme féminin.
Femke Bol et Sydney McLaughlin en finale aux JO de Tokyo, le 4 août 2021.
Femke Bol et Sydney McLaughlin en finale aux JO de Tokyo, le 4 août 2021. (Crédits : © LTD / Li Yibo/Xinhua/ABACAPRESS)

Dans le premier couloir, l'Américaine Sydney McLaughlin, foi chevillée au dossard, ne bondira pas des starting-blocks du Stade de France sans une pensée émue pour Jésus. Dans le deuxième, sa rivale néerlandaise Femke Bol, comme chez elle au pays de Descartes, ne jurera que par ses carnets d'entraînement au moment de s'élancer. Les deux seules femmes de l'Histoire capables d'expédier un 400 mètres haies en moins de 51 secondes lancent leur quête olympique aujourd'hui avant l'explication finale jeudi, combat le plus alléchant de la semaine féminine d'athlétisme à Saint-Denis. Concentrée sur sa performance, McLaughlin n'a pas commenté la cérémonie d'ouverture jugée irrévérencieuse par certains ni la polémique autour d'un tableau prétendument religieux, en partie censuré par la chaîne américaine NBC.

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Peu probable qu'elle ait savouré sans réserve. Sa bio sur Instagram tient en une phrase: « Jésus est le Seigneur. » Un lien renvoie vers plus de précisions: « La quête de la perfection et de plaire de Sydney McLaughlin a continué pendant des années, jusqu'à ce que Dieu fasse irruption dans son histoire avec sa grâce écrasante, transformant l'amour et renforçant la vérité. »  Son million de suiveurs sait que sa foi a plus de prix à ses yeux que ses titres olympiques (2021) et mondiaux (2022). Lorsqu'elle est devenue la première femme sous les 51 secondes en 2022 (50"68), elle a posté un verset. Et après son nouveau record du monde en 50"65 aux sélections américaines à Eugene (Oregon) le 30 juin dernier, McLaughlin a lancé au micro de NBC, mystique: « Je ne m'y attendais pas, mais tout est possible avec le Christ. »

Mari prêcheur

Dans sa maison de Los Angeles, son époux, Andre Levrone Jr, prie à ses côtés. Tous deux sont membres de la Grace Community Church. Cet ancien joueur professionnel de football américain suit des études pentecôtistes au Master's Seminary, affilié à l'Église. Sur YouTube, des vidéos le montrent prêchant devant une salle garnie. La plateforme héberge d'ailleurs d'autres films familiaux, comme ces tutoriels sponsorisés à prix d'or sur la « routine nuit de Sydney McLaughlin » pour garder une peau éclatante. Loin des priorités de Femke Bol... Élue meilleure athlète européenne en 2022 et 2023, la supersonique Néerlandaise a d'autres manières de se motiver. Sur son autel personnel trône un entraîneur pointilleux au dernier degré, le Suisse Laurent Meuwly. Qui lui rend bien cette vénération : « Elle planifie tout dans les détails, a toujours un plan A et un plan B. De l'analyse à la récupération, tout ce qu'elle entreprend est juste et bien pensé. admire t'il.

Dotée d'un physique en titane, la grande (1,84 mètre) et souriante Femke Bol ne connaît pas les blessures, à l'inverse de McLaughlin (1,75 mètre). Quand sa rivale se préserve, la championne du monde 2023 multiplie les courses et les saisons époustouflantes. « Un tel talent, c'est fou, souffle le champion du monde 1997 de la discipline Stéphane Diagana, expert pourtant mesuré. Ça me rend malade qu'elle ne soit pas célèbre. » Cet hiver, le vice-champion d'Europe du 800 mètres en salle Benjamin Robert s'est frotté à la foudre Bol lors d'un stage en Afrique du Sud. « J'ai fait des séances que je ne connaissais pas, a raconté le Français à L'Équipe. Je partais à la découverte, je ne savais pas où j'allais. Sur une séance, j'ai vomi, j'ai rarement été aussi mal. [...] Femke m'a choqué. Je prenais des branlées sur 150 mètres, départ arrêté. »

D'autres concurrentes seront malmenées cette semaine par le phénomène, qui possède assez de vitesse pure pour s'aligner sur 400 mètres comme McLaughlin - la Néerlandaise détient le record du monde en salle en 49"17. Hier, elle s'est offert un premier titre olympique sur la distance avec le relais mixte. À 24 et 25 ans, l'Américaine fêtera son anniversaire mercredi, les deux championnes n'ont pas fini de se toiser. Elles ne s'en plaignent pas. Elles partagent un sponsor important et entretiennent des relations amicales. « Sydney m'inspire, j'espère qu'on continuera à se battre et à faire monter le niveau, assure Femke Bol. C'est fou de courir en 50"65. Bien sûr, ça m'a mis la pression, mais en même temps ça lui en met aussi, parce qu'elle est favorite. » L'or est pourtant loin d'être attribué. Entre les deux géantes des haies, qui évoquent ouvertement la barrière des 50 secondes, l'écart ne cesse de se réduire. De 3"09 en 2019, il est passé à 0"30. Combien jeudi soir?

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Commentaire 1
à écrit le 04/08/2024 à 10:11
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