Rugby à 7 : Antoine Dupont, premier de cordée

Tout ce qu’il touche se transforme en or ? Vérification dès la première journée de compétition, mercredi, puis celle des médailles, samedi.
Antoine Dupont, le 24 février à Vancouver.
Antoine Dupont, le 24 février à Vancouver. (Crédits : © LTD / Tomaz Jr/PxImages/Sipa USA via Reuters)

C'est une mission à la mesure de son sang-froid de légiste, de ses jambes de feu et de son torse de super-héros Marvel. Antoine Dupont sera la première star du sport français sur le pont, dès mercredi (16 h 30 contre les États-Unis), puis peut-être la première à viser l'or, samedi soir au Stade de France. Le meilleur rugbyman à XV de la planète est l'atout envié de l'équipe nationale de rugby à 7, favorite de cette compétition depuis sa victoire en finale du circuit mondial en juin. La concurrence féroce (Nouvelle-Zélande, Irlande, Argentine, Australie, Fidji) et la nature de ce sport, où le sort de matchs au format étriqué (deux fois sept minutes, dix en finale) peut basculer en un éclair, rendent l'issue incertaine. Mais Antoine Dupont, qui a agencé sa saison pour être à Paris 2024 tout en s'offrant un doublé championnat-Coupe d'Europe avec le Stade toulousain, a le profil pour faire basculer ces Jeux dans une autre dimension.

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Dans ce scénario idéal, que les organisateurs ont sans doute fantasmé, l'engouement du pays pour les compétitions grimperait subitement, sur le modèle de la fièvre qui s'était emparée du Royaume-Uni après la première médaille d'or britannique à Londres en 2012. Décomplexés par ce premier de cordée, les athlètes tricolores enchaîneraient à leur tour les médailles, portés par le fameux phénomène d'entraînement et d'émulation. L'enfant prodige pourrait alors devenir une star mondiale, un statut que le rugby, sport confiné à la France et aux pays du Commonwealth, ne pourra jamais lui offrir. C'est aller vite en besogne ? « Antoine dirait lui-même qu'il fait partie d'une équipe, et que le présenter comme le sauveur de la patrie n'est pas juste », tempère le président de la Fédération (FFR), Florian Grill.

Reste que, à 27 ans, le demi de mêlée de Toulouse et du XV de France n'a déjà plus grand-chose à prouver sur ses terres ovales. La presse britannique ne prend plus la peine de le comparer à ses contemporains, tant « le Martien » - un de ses surnoms - évolue dans une autre galaxie. Elle le mesure aux géants de l'histoire du rugby, tel le Gallois Gareth Edwards. Il compile toutes les qualités : vitesse d'exécution, mains en or, précision au pied, intuitions géniales, défense de fer permise par une force prodigieuse. Et la pression glisse sur lui.

Son palmarès est à l'avenant : quatre Top 14, deux Coupes d'Europe et, bien sûr, le Grand Chelem dans le Tournoi des Six Nations 2022. Pas de Coupe du monde, mais il en a déjà été le héros, malheureux, cet automne. Sa fracture au visage a probablement coûté le titre aux Bleus, favoris sur leurs terres. Le pays ne lui en a pas tenu rigueur. En décembre, un sondage Odoxa l'a classé sportif préféré des Français devant Kylian Mbappé. Selon Nielsen, sa cote d'amour (8/10) est plus élevée que celle de Teddy Riner (7,5/10).

Toute l'équipe a un niveau exceptionnel. Et la pression

Florian Grill, président de la Fédération française de rugby

Capitaine de ses équipes, Antoine Dupont ne se cache pas, ni dans les vestiaires ni en dehors, même s'il ne doit pas être malheureux d'avoir échappé au désastre de la tournée des Bleus en Argentine, au cours de laquelle deux jeunes joueurs (Hugo Auradou et Oscar Jegou) ont été arrêtés après avoir été accusés de viols. Entre les deux tours des élections législatives, il a appelé à voter, en prenant soin de célébrer « la diversité » du rugby, « où chacun apporte par sa différence une plus-value au collectif ». En septembre 2023, il avait fustigé sur les réseaux sociaux la une que lui avait consacrée le magazine d'extrême droite Valeurs actuelles, avec ce titre : « La France Rugby ». « La France rugby, oui. Vos valeurs, non, pas de récupération », avait-il lancé conjointement avec son ami Jean Dujardin, dont l'image était aussi exploitée.

Le Gersois est un fils d'agriculteur qui ne rechigne pas à donner un coup de main à son frère, éleveur de porcs noirs, quand ses activités de rugbyman et d'égérie publicitaire lui laissent du temps. Taiseux mais pétri de bonnes manières, il doit en partie cette popularité à son humilité. Son intégration chez les Bleus du 7 en est une illustration. « Il a eu l'intelligence d'entrer dans cette équipe sur la pointe de pieds », vante Florian Grill. Bilan : trois tournois, autant de podiums (dont deux sur la plus haute marche) ; quinze matchs, 80 % de succès et sept essais. « Il a démarré sur le banc lors des victoires des tournois à 7 de Los Angeles et Madrid, reprend le patron de la FFR. L'équipe est aussi allée sans lui en finale à Hong Kong, la Mecque de ce sport. C'est toute l'équipe qui a un niveau exceptionnel. Et qui a la pression. » Mais certains prennent la lumière plus que d'autres, et ont l'aura pour la faire rejaillir sur les autres.

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Commentaire 1
à écrit le 21/07/2024 à 7:47
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Si on pouvait arrêter cette surenchère verbale stupide concernant nos champions, la télévision a cramé M-Bappé de la sorte qui n'a jamais été aussi mauvais qu'en ce moment, laissezn ous Dupont au moins svp, merci.

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