Paris 2024 : ces petites histoires qui entretiennent le feu

Près de 5 millions de spectateurs ont fait du relais de la flamme un succès inattendu. Des chœurs de Vegedream au « Pilou-Pilou » de Charles Berling : retour en anecdotes.
La flamme portée par l’ex-Miss France Laury Thilleman à Brest, le 7 juin.
La flamme portée par l’ex-Miss France Laury Thilleman à Brest, le 7 juin. (Crédits : © LTD / Vincent Le Guern/LE TELEGRAMME/MAXPPP)

On connaissait la magie du Tour de France, on a découvert la folie olympique. Le cousinage entre les deux événements saute aux yeux depuis le départ du relais de la flamme, le 8 mai à Marseille. Sur les bords de routes, les mêmes moments suspendus, préservés du climat social et politique. Le même public populaire, communiant sans arrière-pensées, traversé par une joie simple et la fierté d'accueillir le monde sur le pas de sa porte. Alors que la flamme se présente à Paris pour sa 57e étape, ce premier bilan, dépourvu de polémique et de couac majeur, surprend jusqu'aux organisateurs, qui ont pris « des shoots quotidiens de bonheur et d'amour », raconte Grégory Murac, directeur délégué du relais.

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Avec ses 150 000 spectateurs massés sur le Vieux-Port, la préfecture des Bouches-du-Rhône a fait naître une bonne étoile. La fête aurait pu vaciller d'entrée à cause de mouvements de foule, finalement sans conséquences graves. La liesse l'a emporté, rien n'a pu l'arrêter. « Marseille a été notre catalyseur, souligne Thomas Remoleur, responsable des relations institutionnelles du relais. Tout au long du parcours, on nous en a parlé. »

Partout, l'affluence a dépassé les attentes. « Il y a plus de monde qu'au départ du Vendée Globe », s'est ainsi exclamé un élu local en posant son regard sur la jetée des Sables-d'Olonne (Vendée). À Caen, le préfet du Calvados a dû adapter la jauge de sécurité - de 12 000 à 14 000 personnes autorisées à accéder au site d'allumage de la vasque - en découvrant la foule convergeant vers l'esplanade Jean-Marie-Louvel. À Mirande (Gers), comme dans d'autres villes, il y avait bien plus de monde dans les rues que d'habitants dans la commune.

Combines de colonie de vacances

Le spectacle a pu frustrer des spectateurs par sa rapidité mais a compensé par son intensité. Les 5 000 enfants en liesse devant la mairie de Lorient ou les 2 000 jeunes poitrines reprenant un classique de Vegedream à Libourne (Gironde) ont marqué les témoins. Devant, des élus avaient les larmes aux yeux. L'émotion des derniers porteurs de flamme de la journée a été un fil conducteur. Laury Thilleman, Miss France 2011, a pleuré à chaudes larmes le 7 juin à Brest. À Bordeaux, le chef étoilé Thierry Marx s'est lancé dans des techniques de respiration tirées de sa maîtrise d'arts martiaux pour contrôler ses sanglots.

Des scènes cocasses se sont jouées dans les bus chargés de convoyer les relayeurs sur le parcours. Pour susciter une complicité entre les porteurs, les organisateurs ont usé de combines de colonie de vacances. Au programme : chansons et jeux, le plus efficace consistant à dénicher trois points communs avec son voisin en moins de cinq minutes. Pas de passe-droit, même pour Tony Parker, Thomas Pesquet ou Dany Boon : tous ou presque ont dû s'y plier, parfois avec des inconnus surpris. Certains relayeurs ont allègrement dépassé leur rôle. L'acteur Charles Berling a lancé dans le bus le chant tonitruant des supporters du Rugby Club toulonnais, le Pilou-Pilou. Plus intime, Roger Lebranchu, bientôt 102 ans, a saisi d'émotion ses compagnons d'un jour au Mont-Saint-Michel (Manche) en relatant son arrestation par les nazis, sa fuite du camp de Buchenwald puis sa participation aux Jeux olympiques de 1948 en aviron.

Dati dévale, Estrosi contrevient

Plus tard, le site normand a été le témoin de la discipline à laquelle s'est soumis le personnel politique face au protocole olympique. Rachida Dati a souhaité assister à la fois à la montée de la flamme au sommet de l'îlot et à l'allumage de la vasque. Envisageable, s'est-elle vu répondre, à condition de dévaler à toute vitesse les 150 marches de l'abbaye et les 200 autres de la Grande Rue pour gagner sa voiture de fonction, car le convoi ne tolérait aucun retard. La ministre n'a pas ergoté et a foncé.

Même les ennemis intimes ont rangé leurs armes. À Nice, Christian Estrosi et Éric Ciotti sont restés cordiaux. Mais le premier fut l'un des rares élus à contrevenir aux consignes en tentant de pénétrer dans la bulle où se trouvait la torche pour s'immortaliser en sa compagnie. Raté, le personnel de sécurité lui a barré la route. Mais les campagnes électorales n'ont pas importé leurs tensions. « On n'a pas senti de dépression générale ni de baisse d'engouement, se réjouit Grégory Murac. D'ailleurs, la flamme continue de faire la une de la presse régionale. » Pour encore douze jours.

Deux jours de relais à Paris

Elle reviendra le 26 juillet, jour de la cérémonie d'ouverture, mais la flamme sera à Paris aujourd'hui et demain. Tous les arrondissements seront traversés, des quartiers populaires aux lieux emblématiques de la capitale. Le départ sera donné à 12 h 50 aujourd'hui au rond-point des Champs-Élysées. De Thierry Henry à Jamel Debbouze, de nombreuses personnalités porteront la torche. Le parcours se terminera demain à 20 h 45, place de la République, où se tiendra un concert (avec Jain, Ofenbach et Mentissa). Entretemps, la flamme aura « dormi » à l'Hôtel de Ville.

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Commentaire 1
à écrit le 15/07/2024 à 14:27
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