JO 2024 : le blues des commerçants parisiens face aux périmètres de sécurité

Alors que les Jeux olympiques sont sur le point de débuter, restaurateurs et hôteliers craignent que les restrictions liées aux périmètres de sécurité pénalisent la venue des touristes, et donc l'activité.
Les Jeux olympiques s'accompagnent de restrictions de circulation pour des raisons de sécurité qui inquiètent les commerçants. Certains prévoient d'ailleurs de rester fermés.
Les Jeux olympiques s'accompagnent de restrictions de circulation pour des raisons de sécurité qui inquiètent les commerçants. Certains prévoient d'ailleurs de rester fermés. (Crédits : Reuters)

Avec l'arrivée des JO, il y a comme un parfum de fatalisme chez les commerçants du centre de Paris. Et pour cause, restaurateurs, cafés et bars affirment avoir bien du mal à remplir leurs terrasses, et ce, malgré le soleil et la chaleur qui se sont installés dans la capitale. Si les organisateurs ont misé sur 14 millions de touristes pendant l'événement, en attendant l'ouverture, ces derniers manquent à l'appel.

Les établissements parisiens déplorent, en effet, « une baisse d'activité et de fréquentation inédite ». « Malgré les prévisions optimistes, l'activité est en berne depuis le mois de juin, de nombreux professionnels constatent une baisse de 30% de leur chiffre d'affaires par rapport aux années précédentes », dénoncent, dans un communiqué, le GHR et l'Umih, organisations représentant restaurateurs et hôteliers, la Confédération des commerçants de France, le Sneg & co et Culture Nuit (lieux festifs).

Et juillet ne s'annonce pas sous de meilleures auspices. « L'activité est quasi réduite à zéro, si on continue comme ça, on court à la catastrophe », déplore Franck Delvau, le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) Paris et Ile-de-France.

« On risque de souffrir énormément », abonde la gérante d'un magasin de matériel artistique, situé sur les quais de Seine dans le VIIe arrondissement. Comme les organisations représentatives des restaurants, cafés, bars et clubs, elle pointe la responsabilité des Jeux olympiques qui se tiendront dans la capitale du 26 juillet au 11 août : « Beaucoup d'étrangers ne viendront pas en raison du bazar que provoquent les Jeux », prédit-elle.

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Une fréquentation en chute de 70% place du Trocadéro

« À l'évitement de Paris par les vacanciers à cette période, au bilan touristique marqué par l'inflation et la météo défavorable de ce début de saison, se sont ajoutés un contexte politique anxiogène et les lourds dispositifs de sécurité (périmètre Silt, pass Jeux, barrières...) avec des conséquences désastreuses sur l'économie de nos établissements », regrettent également les organisations dans leur communiqué.

« Si garantir la sécurité des visiteurs des Jeux Olympiques reste une priorité absolue, nous déplorons le manque de clarification et d'information de la part des autorités publiques concernant ces restrictions, afin que nos activités qui nécessitent anticipation et organisation, puissent se préparer sereinement », poursuivent-elles, citant comme exemple la place du Trocadéro dont les restaurants et brasseries parisiennes « souffrent de restrictions d'accès telles que leur fréquentation a chuté de 70% » tandis que pour d'autres, « ce sont les barrières installées dans les rues emblématiques de la capitale qui ont un effet repoussoir chez les consommateurs ».

C'est bien ce qui inquiète la gérante du magasin de matériel artistique qui craint de voir les touristes empêchés de parvenir jusqu'à son commerce du fait des zones rouges et grises permettant respectivement de réguler la circulation motorisée, et d'encadrer le flux de passants. Si à partir du 26 juillet, elles concerneront principalement les alentours des sites de compétition, depuis le 18 juillet, elles sont davantage étendues, tout autour de la Seine, pour permettre la préparation de la cérémonie d'ouverture. « Une bonne idée sûrement, mais qui est incompatible avec l'activité économique », tranche Franck Delvau.

restriction JO avant cérémonie d'ouverture

[La carte des zones rouges et grises du 18 au 26 juillet. Crédit : Ministère de l'Intérieur]

restriction JO à partir du 26

[La carte des zones rouges et grises à partir du 26 juillet. Crédit : ministère de l'Intérieur]

Sécurité vs consommation

Et pour cause, dans les quartiers concernés par la zone rouge - Trocadéro, Invalides, une bonne partie du 4e arrondissement -, les véhicules motorisés doivent se munir d'un QR code. Généralement pour des événements de la sorte, la circulation est totalement interdite, mais un nombre important de dérogations a été concédé, en raison de la durée des Jeux. Prestataires de services, médecins, services d'urgence, entre autres, sont ainsi autorisés à accéder à cette zone, à condition de présenter une attestation numérique. Il est également possible pour les entreprises, d'enregistrer une flotte de véhicules, plutôt que leurs salariés, se rendant sur les lieux. « Ce qui m'intéresse, ce ne sont pas les gens qui rentrent, mais de réguler le nombre de véhicules », soulignait, en effet, Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, début juin lors d'une réunion publique à destination des commerçants.

« Nous n'avons jamais demandé aux piétons de se balader avec un QR code dans la zone rouge. Cela sera seulement demandé pour la cérémonie d'ouverture, car c'est l'exception. », avait-il alors insisté.

Mais il n'en va pas de même pour la zone grise qui correspond au périmètre antiterroriste et dans laquelle il est obligatoire pour les résidents, commerçants et touristes de se munir d'un QR code pour y circuler. Ces demandes ont été formulées sur Internet, afin que la préfecture puisse mener des enquêtes et valider les dossiers.

Bien sûr, les riverains peuvent inviter autant de personnes qu'ils le souhaitent, les hôteliers peuvent recevoir des clients, tout comme les restaurateurs et autres commerces - « Il n'y a aucun quota sur les QR code. Si vous voulez inviter 15 personnes, vous le pouvez, on ne s'y oppose pas », insistait Laurent Nuñez début juin -, encore faut-il disposer du précieux sésame.

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Une atmosphère tendue

Cette nouvelle procédure implique, en effet, d'anticiper son passage dans cette zone, et savoir comment générer le pass. De quoi susciter de nombreuses inquiétudes chez les commerçants, notamment concernant la clientèle de passage. Le préfet de police l'a d'ailleurs confirmé : « elle n'existera pas. » Et pour cause, les QR code ne peuvent pas être accordés au jour le jour, car la durée des enquêtes menées sur les personnes prend un certain temps. Les établissements recevant du public ont donc été contraints de prévenir leurs clients de la nécessité de se procurer un QR code.

Si certains établissements ont communiqué en amont, d'autres sont restés plus discrets, espérant des changements dans l'organisation de l'accès aux périmètres. D'autant que des commerçants ont pu faire l'amère expérience de voir leurs propres demandes de QR code... refusées. « Le motif renseigné ne justifie pas une dérogation », a ainsi reçu en guise de réponse la gérante d'une boutique de vêtements sur l'île Saint-Louis.

Si bien que, Place Dauphine, sur l'île de la Cité, certains restaurateurs ont penché pour une option radicale : la fermeture de leurs commerces du 18 au 26 juillet.

De potentielles indemnisations ?

Dans ce contexte, les commerçants lésés demandent indemnisation. « La mairie de Paris n'a pas la capacité juridique d'indemniser les commerçants en cas de fermeture quand elles sont liées à des enjeux sécuritaires », leur avait-on néanmoins répondu début juin.

Mais, de son côté, Franck Delvau assure qu'une aide sera accordée aux établissements qui auront subi une perte de chiffre d'affaires significative. Ces indemnisations seront prélevées sur le budget du ministère de l'Intérieur et des Transports, en cas de préjudice liés aux mesures de police, indique-t-il. « Une avancée très importante », souligne le représentant de l'Umih, qui précise : on va d'ailleurs demander d'accélérer à ce sujet au vu de l'activité quasi réduite à zéro depuis deux jours.

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Commentaires 4
à écrit le 20/07/2024 à 21:42
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Le JO bashing à produit ses effets : en encourageant autant le télétravail et la fuite pendant les JO, on a en réalité organisé "Paris-ville morte". C'est un rendez-vous manqué...

à écrit le 20/07/2024 à 7:43
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A vouloir tout faire dépendre de la dématérialisation et de l informatique, on s expose à un bug géant qui pourrait nous mettre à terre en moins de deux. Pire qu une guerre et plus rapide!!!mais je vais sûrement passer pour un ringard...

le 22/07/2024 à 16:31
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Tiens , mon pseudo utilisé samedi

à écrit le 20/07/2024 à 7:09
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Mouais enfin c'et un peu tard tandis que les chiffres du tourisme sont tout simplement catastrophiques, ça y est Macron a bien saigné les français qui ne partent plus en vacances ne vacances ou n'y consomment plus. Donc périmètre de sécurité ou pas c...

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