Les jeux olympiques vont-ils rebooster l'économie française ? À la veille du coup d'envoi des premières épreuves sportives, les autorités sont sur le pont pour accueillir des millions de touristes venus du monde entier. L'annonce de la dissolution en juin a plongé les acteurs économiques dans un épais brouillard. Et les négociations interminables au sein du Nouveau Front Populaire (NFP) pour trouver un ou une Première ministre risquent de prolonger ce tunnel d'incertitude au coeur de l'été.
Dans ce contexte dégradé, les entreprises espèrent des retombées importantes sur l'économie française. Empêtrés dans une croissance modeste, les moteurs de l'économie sont encore à la peine. L'inflation a certes perdu du terrain depuis 2023 (1,8% en juin) mais les Français demeurent attentistes. La consommation des ménages restent particulièrement atone. La Banque de France table sur une faible croissance du produit intérieur brut de seulement 0,1% au second trimestre. Et l'Insee prévoit 1,1% sur l'ensemble de l'année 2024. « Le choc d'incertitude actuel pourrait peser sur l'économie française », confie un ancien directeur de cabinet d'un ministre de l'Economie à Bercy.
Un impact modeste sur la croissance et l'emploi
Les jeux olympiques font partie des événements capables de doper l'économie tricolore. La littérature économique a d'ailleurs produit plusieurs modélisations pour tenter d'appréhender les répercussions économiques de ces olympiades. Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee estime que la contribution des JO au produit intérieur brut (PIB) serait de l'ordre de 0,3 point sur le troisième trimestre. « Cette contribution serait liée à la vente de billets, la vente de droits TV et une fréquentation des transports et un surcroît de tourisme », explique Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture à l'Insee.
Sur l'ensemble de l'année, « la contribution serait de l'ordre de 0,1 point », ajoute l'économiste. « L'effet sur l'économie française devrait être limité », estime le gouverneur de la Banque de France, François de Villeroy de Galhau, interrogé par La Tribune. «L'estimation de l'Insee est optimiste », juge-t-il. Pour l'économiste en chef d'ODDO-BHF, Bruno Cavalier, l'impact des JO est « très difficile à quantifier ». Les JO ont surtout un impact « micro plus important et plus visible. L'impact macro est très limité, voire nul ». L'économiste rappelle que « ce genre d'événements est attribué à l'issue d'un concours ». Il y a « une forte incitation à gonfler les chiffres attendus et à minimiser les coûts associés ». Les précédentes études sur les jeux olympiques réalisées après les épreuves « sont unanimes. A l'échelle macroéconomique, l'impact est modeste ». À titre de comparaison, la croissance trimestrielle à Londres pour les Jeux Olympiques de 2012 avait bondi de 0,3 point. En revanche, l'activité avait marqué un repli en fin d'année. C'est d'ailleurs ce qui est attendu par l'Insee pour le dernier trimestre 2024.
Des retombées en Ile-de-France et quelques secteurs
Il faut en outre rappeler que la majorité des épreuves va se dérouler en Ile-de-France. Ce qui signifie que l'impact sur la consommation se fera principalement sur une seule région en France et limitera l'étendue d'un rebond global dans l'Hexagone. A titre d'exemple, 75% des dépenses d'infrastructures se concentrent en Ile-de-France.
En ce qui concerne certains secteurs, une grande partie des retombées a déjà eu lieu. C'est par exemple le cas de la construction et du BTP. La construction d'ouvrages olympiques aurait dopé l'activité de l'ordre de 2 milliards d'euros sur la période 2020/2023, selon l'institut de statistiques. En termes d'emplois, ces commandes auraient permis l'embauche de 4.300 personnes en 2023 et 1.600 en 2024. Concernant, les emplois directs et indirects, ils demeurent difficiles à estimer en raison de la saisonnalité de l'activité. Certains emplois saisonniers auraient été tout de même été pourvus sans les jeux olympiques. Les autres secteurs bénéficiaires se concentrent principalement dans l'hôtellerie, la restauration et le tourisme.
Un budget de 7,6 milliards d'euros
En termes de budget, le coût global est pour l'instant estimé à 7,6 milliards d'euros selon l'étude d'impact du centre de droit et d'économie du sport. Sur cette enveloppe, 4,3 milliards sont dédiés au comité d'organisation des jeux de Paris. Le reste (3,3 milliards d'euros) correspond au montant des travaux nécessaires pour les infrastructures des jeux olympiques. Selon Allianz, l'impact pour les finances publiques serait « nul ». La balance entre les recettes et les dépenses serait même légèrement « positive », de l'ordre de 400 millions d'euros. Dans une étude récente, l'OFCE a chiffré l'impact économique à 4 milliards d'euros et un coût pour le contribuable à 3,1 milliards d'euros.
De son côté, la Cour des comptes a prévu de s'attaquer à une évaluation après les épreuves, avait précisé il y a quelques mois son premier président Pierre Moscovici.
Mais le risque de dérapage n'est pas exclu. Les précédents jeux olympiques en Chine ou en Russie avaient plombé la facture des pays organisateurs avec des ardoises à plusieurs milliards d'euros. Compte tenu du marasme budgétaire actuel, une telle dérive serait une nouvelle épine dans le pied du prochain gouvernement. En effet, le programme du Nouveau Front Populaire a prévu une panoplie fiscale pour financer de nouvelles dépenses. Mais l'alliance des gauches et des écologistes n'a pas forcément prévu de nouvelles recettes supplémentaires pour l'organisation de ces Jeux Olympiques. Un risque qui plane au-dessus du budget 2025 actuellement mis sur pause à Bercy dans l'attente d'un nouvel exécutif.
Les jeux olympiques en trois chiffres clés - 3,1 millions, c'est le nombre de spectateurs dans les épreuves attendus au maximum dont 64% de spectateurs français et 36% d'étrangers. - 90.000 représentants de la famille olympique, des dignitaires, des médias et des volontaires. - 905.000 touristes étrangers sont attendus sur le sol français dans un scénario haut.
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