Paris 2024 : à Eaubonne, au coeur de la mécanique de précision américaine

Les athlètes de Team USA prendront d’ici peu leurs quartiers dans le Val-d’Oise, au sein du complexe Athletica tout juste rénové. Tout y est millimétré afin de favoriser la performance.
Solen Cherrier
La piste d’athlétisme d’Athletica, à Eaubonne, est déjà parée des couleurs de Team USA.
La piste d’athlétisme d’Athletica, à Eaubonne, est déjà parée des couleurs de Team USA. (Crédits : © LTD / Emmanuel Dunand / AFP)

En fin de semaine, les premiers staffs devraient commencer à débarquer. Puis les rugbymen suivront. Et enfin les autres athlètes. D'ici à la fin des Jeux paralympiques, le 8 septembre, la commune val d'oisienne d'Eaubonne verra défiler la plus médiatique des délégations, et la plus fournie avec la France et la Chine (quelque 900 sportifs et parasportifs). Team USA prendra ses quartiers à Athletica, centre international de haute performance sportive créé il y a trente ans, relifté pour l'occasion. Comme les Américains voient grand et ne laissent rien au hasard, ils ont privatisé les 7 hectares, plus 13 autres de complexes sportifs attenants.

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Ce jeudi de juin, les 40 membres du personnel sont sur le pont et les politiques de passage : outre le ruban à couper, Mme l'ambassadrice des États-Unis rend visite. Denise Bauer, monsieur, son équipe et quelques vigiles avec des oreillettes font le tour du propriétaire et surtout du nouveau bâtiment principal : les cuisines qui serviront entre 400 et 500 repas par jour, les chambres avec des matelas (français) libérant des enzymes, le parcours de récupération (caissons de cryothérapie, tables hydromassantes, bain chaud/bain froid) dont le planning d'occupation est, paraît-il, déjà bien rempli... La diplomate est séduite. Sa visite précédera, peut-être, celle des candidats à la présidentielle pendant les JO...

Une appli interne

Sur l'estrade, avant de dévoiler la plaque inaugurale, la présidente du département du Val-d'Oise, Marie-Christine Cavecchi, évoque tout sourire « un petit Fort Knox ». Les dirigeants américains ont recruté une agence de sécurité régulière au Stade de France et un périmètre de sécurité sera dressé autour du complexe ; mais rien de trop lourd pour le voisinage, assure-t-on. Les athlètes ne dormiront pas ici - contrairement au sta - mais au village olympique, distant de 13 kilomètres. Ils s'y rendront avec des navettes, dispatchées depuis un centre logistique. Une appli interne de la délégation fluidifiera aussi la vie de tout le monde. Une organisation au millimètre qui a aussi poussé les équipes hôtes à monter en compétence.

Le contact a été noué il y a six ans via une agence chypriote et le deal a été conclu en direct deux mois avant le confinement. Pour Athletica (ex-CDFAS), qui n'a pas la notoriété de l'Insep ou du Creps malgré les nombreux champions passés par là, c'était « un accélérateur de projet ». L'investissement des collectivités de 27 millions d'euros doit aussi pousser le complexe parapublic à vivre sans subventions d'ici deux ans. Le montant payé par la délégation américaine pour les dix semaines reste confidentiel mais l'affaire serait rentable. D'autant qu'elle a participé à certains travaux et payé les services additionnels (climatisation, musculation...).

Eaubonne

L'ambassadrice des États-Unis, Denise Bauer, a visité le complexe le 13 juin. (© LTD / Emmanuel Dunand / AFP)

Le boulanger d'Ermont questionné sur sa farine

« Ils auraient pu être invités ailleurs mais leur choix c'est "je paye donc je peux être exigeant" », souligne le directeur général, Arnaud Zumaglia, qui ne tarit pas d'éloges sur le professionnalisme sans fioritures de ses partenaires. Pas de problèmes, que des solutions. Pour s'imprégner du mode de fonctionnement, il a été convié plusieurs fois au centre olympique de Colorado Springs, aux JO de Tokyo - peu instructifs en mode confiné - ou encore aux Jeux panaméricains de Santiago (Chili) - bien plus révélateurs. Le dirigeant d'Athletica a vu l'esprit, fait de petites attentions individuelles et de grands desseins collectifs.

Les représentants des différents services et des diverses disciplines ont aussi multiplié les allers-retours dans le Val-d'Oise. Avec une attention accrue sur la nutrition. Un soja spécifique a, par exemple, été demandé. Le boulanger d'Ermont a quant à lui été étonné d'être questionné sur le type de farine utilisée. « Il va faire un bel été », sourit Arnaud Zumaglia, qui s'est aussi rendu à Rungis à 3 heures du matin avec ses visiteurs. « Il n'y a pas de place pour l'improvisation, car les Américains n'ont pas envie de rater une médaille pour un détail qui n'a pas été envisagé », poursuit le DG des lieux.

L'équipe d'escrime ne s'est ainsi pas embarrassée : pour s'entraîner, elle importera ses propres pistes, qu'elle posera sur les 600 mètres carrés de parquet du complexe Luc-Abalo, dont la nouvelle étanchéité thermique promet une température adaptée à la pratique. Au total, quelque 600 sportifs d'une vingtaine de disciplines s'y entraîneront en attendant leurs épreuves.

Mais pas ceux dont les compétitions sont à plus d'une heure de route. Ainsi, LeBron James et les stars NBA, qui joueront à Lille, passeront juste récupérer leur tenue à leur arrivée.

EN VUE

Jour J pour Lavillenie
C'est sa dernière chance. À partir de 13 heures à Angers (Maine-et-Loire), Renaud Lavillenie attaquera le concours de saut à la perche des Championnats de France d'athlétisme, qu'il a déjà remportés dix fois (la dernière en 2020). Le champion olympique 2012 devra franchir 5,82 mètres afin de tamponner son billet pour Paris 2024. C'est une hauteur que l'ex-détenteur du record du monde a franchie chaque année de 2009 à 2022. Mais depuis son opération des ischios en septembre dernier, il est engagé dans une course contre la montre qui se termine donc aujourd'hui. Il reste sur deux zéros pointés en trois sorties. En cas d'échec, il ne pourrait plus postuler au rôle de porte-drapeau de la délégation française lors de la cérémonie d'ouverture sur la Seine le 26 juillet.

Solen Cherrier

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Commentaire 1
à écrit le 30/06/2024 à 9:20
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Plutôt que de persécuter les contestataires, les lanceurs d'alerte et les rêveurs les services de renseignement feraient mieux d'espionner leurs techniques et stratégies aux américains, ils apprendraient plus largement sur eux par ailleurs. Enfin s'i...

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