Paris 2024 : l’AFP est prête à shooter

En première ligne cet été, l’agence de presse s’appuie sur un dispositif millimétré pour délivrer les meilleures photos des épreuves en un temps record.
La finale du 100 mètres des JO en 2021 à Tokyo, vue par Anne-Christine Poujoulat.
La finale du 100 mètres des JO en 2021 à Tokyo, vue par Anne-Christine Poujoulat. (Crédits : LTD / Anne-Christine POUJOULAT / AFP)

« On joue à domicile, ça met forcément la pression. » À moins de cinquante jours des Jeux olympiques, Martin Bureau, rédacteur en chef photo France de l'Agence France-Presse (AFP), est dans les startingblocks. Pas question pour lui et ses collègues de se louper. Durant les JO, l'AFP - l'un des trois mastodontes du secteur avec Reuters et Associated Press - proposera quotidiennement 3 000 photos des épreuves à ses clients répartis aux quatre coins de la planète. Avec un cadre pour le moins spectaculaire : « Paris est un décor de carte postale, s'enthousiasme Martin Bureau. Pour le vélo, par exemple, les coureurs monteront la rue Lepic et passeront devant la basilique du Sacré-Cœur au sommet de la butte Montmartre. On va voir la ville comme on ne la reverra plus jamais, notamment pendant la cérémonie d'ouverture le long de la Seine. Surtout s'il y a un beau coucher de soleil ce jour-là... »

Lire aussiA l'approche des Jeux olympiques, la SNCF dévoile les coulisses de la gare du Nord

Mais les 60 photographes mobilisés par l'agence ne seront pas là pour faire du tourisme. Le principal enjeu, « diablement compliqué », sera d'envoyer les photos le plus rapidement possible. Pour cela, une organisation millimétrée a été mise en place. « Les photographes transmettront en temps réel depuis leur boîtier les images brutes à la vingtaine d'éditeurs qui auront la charge de les recadrer, d'en retoucher les couleurs et de les légender avant de les envoyer », détaille le rédacteur en chef. Pour l'épreuve reine du 100 mètres, il ne s'écoulera que 50 secondes entre la prise de vue et l'instant où la première photo « clé en main » arrivera sur la plateforme destinée aux clients. Un exploit rendu possible par un travail d'anticipation titanesque, comme l'écriture des légendes à l'avance ou le repérage des meilleurs spots pour placer les appareils photo. Mais également grâce aux nouvelles technologies, à l'image de ces câbles dans les stades qui permettent de relier les appareils à Internet.

Sèche-cheveux et joystick

Déjà sur le pont à Séoul en 1988, le rédacteur en chef technique François-Xavier Marit rembobine : « À l'époque, on travaillait avec des films qu'il fallait développer. On faisait ça directement sur les sites olympiques. Une fois ceux-ci sortis de la cuve, comme ils étaient mouillés, on utilisait un sèche-cheveux pour aller plus vite. Mais les exigences de rapidité n'étaient pas les mêmes. Car, à l'époque, il n'y avait pas Internet donc personne ne s'attendait à avoir tout de suite une photo sur son smartphone. On se calait sur les heures de bouclage des journaux. »

Autre révolution : l'émergence de la prise de vue à distance grâce à des appareils télécommandés. François-Xavier Marit l'a expérimentée pour la première fois à Athènes en 2004, en plaçant un appareil dans un caisson étanche au fond de la piscine olympique. « C'est la meilleure façon de capter le nageur en plein effort, dit-il. Sinon, de l'extérieur, vous ne voyez qu'un amas de bulles. Par la suite, j'ai développé un système robotisé qui permet de faire bouger l'appareil photo avec un joystick depuis le bord du bassin, en regardant le retour sur un écran d'iPad. » Désormais, tous les sports peuvent être photographiés à distance, de la gymnastique au tir à l'arc en passant par le basket. Des appareils seront même installés sur le toit du Stade de France, histoire d'en mettre plein la vue.

AFP

Le photographe de l'AFP Aris Messinis durant le tournoi olympique de basket féminin (Crédits : ©LTD / THOMAS COEX/AFP)

Mais aucune technologie ne remplacera jamais l'œil du photographe. Ce fameux regard qui permet de prendre LA bonne photo. « En sport, il faut choper l'émotion brute sur le visage des athlètes », explique Anne-Christine Poujoulat, une photographe de l'agence. Cet été, elle sera chargée de l'athlétisme aux côtés de six collègues répartis sur tout le stade, avec lesquels elle se coordonnera par WhatsApp pendant les épreuves. « On essaie de raconter quelque chose, explique-t-elle. Ça peut être un geste technique, par exemple le moment où le corps se courbe lors du saut en hauteur. En augmentant le nombre d'images par seconde, on peut aussi montrer des choses que l'on ne verrait pas à l'œil nu, comme la balle qui s'écrase dans la raquette de tennis. On s'intéresse également aux à-côtés : l'entourage des sportifs, le public... »

Les traits de Jacobs

Parfois, un petit coup de pouce du destin vient parfaire le travail. C'est ce qui lui est arrivé en 2021 à Tokyo, où on lui avait demandé de venir en renfort sur la finale du 100 mètres (photo). « C'était la première fois que je couvrais cette course, resitue-telle. Mon Dieu, quel stress... J'étais positionnée dans les tribunes et je devais faire une photographie de côté au moment de l'arrivée du vainqueur. Avant le coup de feu, il y avait un silence de mort dans le stade. Je n'entendais que les battements de mon cœur. Quelques millièmes de secondes avant que l'Italien Marcell Jacobs ne franchisse la ligne en premier, il a tourné la tête de mon côté et j'ai pu l'immortaliser pile au moment où il comprend qu'il a gagné. Ça se voit parfaitement sur les traits de son visage. J'étais tellement heureuse. » Rebelote le 4 août à 21 h 55 ?

50'' : Le laps de temps entre la prise de vue et la mise en ligne de la première photo du 100 mètres

3 000 clichés des épreuves olympiques seront quotidiennement proposés aux clients de l'AFP

60 photographes seront mobilisés au cours de la quinzaine, sur tous les terrains de Paris 2024

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.