Athlétisme : Kevin Mayer, le chemin de Paris ou l’impasse de Rome

Kevin Mayer participe à partir de demain au décathlon des championnats d’Europe avec un seul objectif : la qualification olympique. Derrière le sourire, la tension est forte.
Kevin Mayer à San Diego (Californie), en mars.
Kevin Mayer à San Diego (Californie), en mars. (Crédits : © LTD / SANDY HUFFAKER/AFP)

Même s'il doit sa présence aux championnats d'Europe à Rome à une invitation de l'organisation, il est assez logique de retrouver Kevin Mayer à deux pas de la cité vaticane, après plusieurs semaines à vivre « comme un moine, dans la paix et le calme ».                       « Ces derniers temps, dès que je sortais, on me criait : "Quand est-ce que tu te qualifies pour les JO ?" raconte la vedette du décathlon, en quête d'une quatrième participation et d'un troisième podium, après l'argent à Rio (2016) et à Tokyo (2021). Les gens m'attendent parce que je les ai fait vibrer dans le passé. Je le comprends, mais la pression que je me mets est suffisante. »

Lire aussiJudo : dans la tête de Romane Dicko avant les JO

Des mots prononcés avec le sourire, vendredi après-midi. Deux jours plus tôt, une « énorme tension » au quadriceps l'a fait grimacer. Le lendemain, la douleur avait disparu. « J'ai appris à ne pas trop écouter mon corps », glisse le double champion du monde (2017 et 2022). Sauf quand les sensations sont rassurantes. Or, physiquement, Mayer se sent « mieux » qu'à San Diego (États-Unis), où il avait abandonné après quatre épreuves, en mars, à cause d'un adducteur récalcitrant. Le début d'une séquence de doutes. À quelques heures de son entrée en piste pour les séries du 100 mètres, demain matin, il ne sait toujours « pas trop » ce qu'il a dans les jambes.

Et puis, la tête de gondole de l'athlétisme tricolore, 32 ans, n'a jamais été « un pro des qualifications ». En 2012, il s'y était repris à sept fois avant de composter son ticket d'Eurostar pour Londres, « une galère absolue ». Cela n'avait pas été beaucoup plus simple quatre ans plus tard. Se qualifier à Rome ou mourir ? « Si je fais 0 à la hauteur, par exemple, je repartirai sur un autre décathlon, nuance-t-il. Je n'abandonnerai pas les JO comme ça. » Pour autant, dans sa tête, cet Euro est sa « dernière chance » d'ajouter son nom à la liste des qualifiés tricolores d'ici au 30 juin. Il est « assez serein » et a l'impression de « sentir » une issue positive. Pour en avoir le cœur net, rendez-vous mardi soir pour l'ultime épreuve,          le 1 500 mètres. Sevré de compétition, le Francilien se dit prêt à « exploser la piste », mais il sait aussi que ce ne sera pas nécessaire.

J'ai appris à ne pas trop écouter mon corps

Kevin Mayer

Pire, ça risquerait de l'entamer à moins de deux mois du seul véritable objectif de l'été. Au stade olympique de Rome, il vise les minima (8 460 points, pour un record personnel à 9 126), pas un premier titre européen en plein air ; son unique médaille (argent) date de 2014.    Il a d'ailleurs demandé à son entraîneur, Alexandre Bonacorsi, de l'aider à bien doser ses efforts dès les séries du 100 mètres, demain matin. Lui qui n'a plus terminé un décathlon depuis le titre mondial de 2022 doit déjà en finir un pour s'en offrir un second, où il ne serait alors plus question de gestion. Romain Barras, directeur de la performance à la Fédération (FFA), n'est « pas inquiet ». Si Kevin Mayer se trouve au dernier rang de la photo de groupe de l'équipe de France, ce n'est pas qu'il se cache. Il sait simplement que le moment de crever l'écran n'est pas encore venu.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 15/06/2024 à 14:13
Signaler
Le plus lourd handicap de Mayer ? Son prénom !

à écrit le 09/06/2024 à 18:51
Signaler
Son plus lourd handicap ? Son ridicule prénom !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.