JO 2024 : qui sont les touristes présents à Paris pour les Jeux ?

PARIS 2024. Les visiteurs qui arpentent cet été les rues de Paris sont-ils les touristes habituels ? Rien n'est moins sûr, si l'on détaille les projections réalisées par l'Office de tourisme de Paris, et par comparaison avec la fréquentation lors des JO de Londres en 2012.
Jeanne Dussueil
Des jeunes visiteurs jouent autour de la vasque olympique installée dans le Jardin des Tuileries, à Paris.
Des jeunes visiteurs jouent autour de la vasque olympique installée dans le Jardin des Tuileries, à Paris. (Crédits : Laure Boyer / Reuters)

La nuit est tombée sur Paris et l'atmosphère, devant la vasque olympique qui trône au milieu du jardin des Tuileries, est presque confidentielle. Ce samedi 27 juillet, au lendemain d'une cérémonie d'ouverture saluée de « Seine-sational ! » par la presse étrangère, une petite grappe de touristes mêlée aux Français de toutes régions vit un moment de communion autour de l'emblème des Jeux olympiques. Une scène qui serait presque réservée aux « happy fews » tant les rues de la capitale se sont vidées depuis le début des Jeux Olympiques. La première destination touristique mondiale s'est pourtant fixée l'objectif - en estimation haute - d'attirer plus de 15 millions de personnes sur la période.

L'Office de tourisme de Paris, rebaptisé « Paris je t'aime », avait prévenu en début d'année : « plutôt que de parler d'effet d'éviction, nous parlons davantage d'effet de substitution des touristes habituels par les touristes des JOP ». Mais qui sont ces visiteurs, en dehors des contingents d'athlètes, volontaires, sponsors, et journalistes ? Si pour l'heure, aucune confirmation de chiffres n'est possible, leur profil socio-économique vient donner une première estimation des retombées de l'événement.

Surtout, le flux de nouvelles arrivées est toujours en cours. « Plusieurs centaines de milliers de voyageurs du monde entier ont d'ores et déjà réservé un logement sur Airbnb et ce nombre s'accroît de jour en jour », indique quatre jours après l'ouverture la plateforme à La Tribune.

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Des touristes proches de Paris

Dans le détail, l'immense majorité (11,8 millions de visiteurs) vient vivre en premier lieu l'ambiance des Jeux, étant sans billets, contre 3,3 millions qui en auront acheté, selon les projections de l'office parisien. De même, parmi eux, une large part sera française (8,4 millions de nationaux, dont 4,6 millions de Franciliens).

« L'intérêt des Français pour les séjours lors des JO en région parisienne est en forte hausse à l'approche des Jeux. Les réservations effectuées par les Français représentent maintenant plus d'un tiers de nos réservations hebdomadaires », observe Airbnb.

Du côté des étrangers, attendus au nombre de 1,8 million en Ile-de-France, toujours selon des projections, leur provenance sera très hétéroclite. Mais de même que les Français sont les premiers visiteurs, la règle de la proximité et de la praticité semble aussi s'appliquer pour ceux qui ne viennent pas de France, avec en première nationalité identifiée, les Britanniques (24%), suivis par les Américains (16%) - qui sont traditionnellement la première nation pourvoyeuse de touristes à Paris -, puis les Allemands (12%), suivis par la Belgique et les Pays-Bas. Pour le reste, presque un tiers (32%) vient de divers pays, selon les estimations de l'office du tourisme.

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Des familles de l'étranger

« Nous tablons sur un visitorat majoritairement composé de familles (65 %) », prédit-il encore. Ce que confirme aussi Airbnb : « plus de 50 % d'entre eux réservent des logements pouvant accueillir des familles ou des groupes de 3 personnes ou plus ». « Parmi les nationalités qui préfèrent les voyages en groupe pendant les Jeux, on trouve les Néerlandais, les Suisses, les Américains, les Espagnols et les Britanniques », ajoute Airbnb. Autour du Parc des Princes qui accueille les matchs de football, de nombreux parents et enfants arborent joyeusement les couleurs de leur équipe nationale.

En solo, ces visiteurs sont à majorité des hommes (60%), âgés entre 35 et 40 ans, a prévu l'Office du tourisme.

Un « fort » pouvoir d'achat attendu

Cette présence étrangère est d'autant plus importante que sur les 3,2 milliards d'euros dépensés par les visiteurs aux JOP qui clôtureront la période le 8 septembre, hors billetterie, on estime que les internationaux vont générer entre 44% et 47,5% de ces achats, selon l'organisme public.

Comme pour les JO de Londres de 2012, sur lequel se fondent les projections, les organisateurs parisiens attendent des visiteurs avec « un fort pouvoir d'achat » : « 62 % des spectateurs britanniques gagnaient plus de 47.000 euros par an ; et sur les 55 % des étrangers, 30 à 35 % d'entre eux ne se soucient pas de la dépense », expliquent-ils.

Car Paris attend des passionnés, « une clientèle sportive », qui aura envie de « sortir, manger », « visiter la ville », voir des « concerts et spectacles » et faire du « shopping » pour l'achat de « goodies », le tout avec un fort « besoin de se repérer dans la ville » notamment dans les transports. Pour ce dernier critère, plusieurs acteurs publics ont décidé de lancer leur propre application. Dès le printemps, le Ministère des Transports a mis en ligne dans les App store « Transport Public Paris 2024 ». Mais aussi, côté région, l'application « Île-de-France Mobilités ». À destination du public français, les organisateurs ont aussi prévu le site « Anticiper les Jeux ».

Ces visiteurs iront-ils au musée ? Pas nécessairement, si l'on projete les Jeux de Paris avec les comportements lors des JO de Londres en 2012, année au cours de laquelle le British Museum a constaté une baisse de sa fréquentation pendant les semaines de la compétition. Cette année-là, la capitale britannique avait aussi constaté des rues désertées par rapport aux jauges traditionnelles, quand les quartiers des stades étaient, eux, très fréquentés. Londres avait aussi attiré des visiteurs sans billets, principalement des jeunes, entre 16 et 34 ans.

Un effet « vitrine » sur 20 ans

Ce contraste entre les rues calmes et les stades pleins, les commerçants parisiens s'y sont préparés. À l'image des Galeries Lafayette qui attendent les Jeux comme « une vitrine extraordinaire pour la ville de Paris » mais qui compliqueront l'accessibilité au centre de la ville. Le groupe a d'ailleurs anticipé une « perte d'activité de l'ordre de 5 à 10% sur les deux mois d'été », qu'il espère rattraper ensuite. « C'est ce qui s'était passé pour nos camarades anglais » après les Jeux de Londres, a justifié le directeur général Nicolas Houzé.

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Autrement dit, les visiteurs d'aujourd'hui devront faire les retombées de demain. Si les estimations divergent, les JO pourraient générer entre 6,7 et 11,1 milliards d'euros de retombées économiques pour Paris et sa région, où se dérouleront la majorité des épreuves olympiques et paralympiques, selon le Centre de droit et d'économie du sport (CDES), missionné par le CIO et Paris-2024 pour chiffrer le surcroît d'activité. Mais de préciser que l'impact sera étalé sur près de 20 ans (2018-2034), afin d'englober les retombées liées à l'organisation, au déroulement et à l'« héritage » des Jeux.

Jeanne Dussueil

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Commentaires 3
à écrit le 31/07/2024 à 14:38
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Dans une fête privée, ben vaut mieux avoir les moyens ! cela explique sans doute pourquoi il n'y a personne ou presque dans les rues du centre de paris ! moins 50% pour les commerçant (petits) bar resto, du coup je trouve étrange le discours étati...

à écrit le 31/07/2024 à 14:21
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J.O. 2024 ? Ne manquez pas de lire "Oxymore" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. L'auteur observateur attentif de la Chine, le pays de son père, nous dévoile comment la Chine utilise tous les moyens pour que ses athlètes triomphent au niveau mondial....

à écrit le 31/07/2024 à 8:21
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Bref c'est la crise économique imposée par notre classe dirigeante qui impose de plus en plus des comportements spécifiques aux gens. Les opportunistes qui ont entendu dire qu'il n'y avait personne en ce moment dans Paris et qui en profitent pour all...

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