Récemment invité à la table de Tony Estanguet, ce convive a quitté le patron de Paris 2024 nourri d'une certitude : « Ceux qui pensent qu'il va simplement choisir entre Zidane, Pérec ou Riner pour allumer le chaudron à la fin de la cérémonie d'ouverture se plantent complètement ! Ils vont être très surpris. » Les proches du président du comité d'organisation (Cojop) et de ses deux principaux collaborateurs, Étienne Thobois et Michaël Aloïsio, partagent ce sentiment. Ils connaissent l'obsession du trio, détenteur du secret le mieux gardé de Paris 2024 : « Ils ne pensent qu'à surprendre, à casser les codes », rappelle un cadre du Cojop. À l'image de la première cérémonie d'ouverture hors stade, du Marathon pour tous ouvert aux amateurs ou du choix du rappeur Jul pour allumer la vasque à Marseille, qui témoignent de leur volonté d'attirer le regard de tous, pas seulement du mouvement sportif.

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Candidate omniprésente dans les médias, Marie-José Pérec peut prétendre au statut de favorite. « Je prendrais un homme et une femme handisports ainsi qu'un homme et une femme valides : je mélangerais les gens parce que la France, c'est ça aujourd'hui », a préconisé la triple championne olympique. Cette suggestion habile n'empêche pas certains de ses proches de s'inquiéter : « Je crains que le comité d'organisation ne la choisisse pas pour la seule raison que ce ne serait pas une surprise. Ce serait grotesque ! La loi du sport doit primer. » Discrets sur le sujet, Zinédine Zidane ou Kylian Mbappé bénéficient d'une notoriété plus forte dans le monde. Mais Michel Platini, accompagné d'un enfant, a allumé la vasque à Albertville en 1992, et désigner un footballeur pourrait trahir un manque d'imagination. Laure Manaudou est une autre candidate crédible, mais sa présence n'offrirait pas l'effet waouh escompté.

Main dans la main

En conservant la flamme aux Tuileries pendant la quinzaine olympique plutôt qu'au Stade de France, Paris 2024 a déjà cassé un code. Quelle autre surprise pourraient nous réserver les têtes pensantes du Cojop pour surpasser leurs prédécesseurs ? À Barcelone en 1992, le tireur à l'arc Antonio Rebollo avait décoché une flèche en feu pour embraser la vasque. À Pékin en 2008, le gymnaste Li Ning s'était envolé dans les airs, porté par des câbles, puis avait exécuté un tour sur le bord du toit du stade. À Londres en 2012, sept athlètes âgés de 16 à 19 ans avaient rejoint le chaudron pour symboliser la transmission aux générations futures. En 2024, comment ne pas songer à un message de paix ? Au point que l'hypothèse d'athlètes palestiniens et israéliens, voire russes et ukrainiens, main dans la main, circule dans les couloirs du Cojop, seulement alimentée par l'intuition.

Ultime décideur, Tony Estanguet devra composer avec la neutralité du Comité international olympique (CIO) et obtenir le feu vert d'Emmanuel Macron. « Je verrais bien Paris 2024 utiliser la technologie, spécule Gilles Dumas, expert du marketing sportif. Nous n'avons plus de grandes figures de la paix. Pourquoi ne pas ressusciter Mandela, Gandhi, ou Mère Teresa grâce à des hologrammes ? » Et si la surprise consistait à faire simple ? L'allumage de la flamme à Atlanta en 1996 par Mohamed Ali, atteint de la maladie de Parkinson, mais debout, reste l'un des plus émouvants.