Alexis et Félix Lebrun : les coqueluches du tennis de table voient double

Chouchous du public et des stars du sport, Alexis et Félix Lebrun entament lundi la compétition par équipes. En attendant, le cadet a le bronze à portée de main.
Les deux frères Alexis (à droite) et Félix Lebrun le 8 juillet.
Les deux frères Alexis (à droite) et Félix Lebrun le 8 juillet. (Crédits : © LTD / Loïc VENANCE / AFP)

Il faudra surveiller les prénoms donnés aux nouveau-nés de sexe masculin dans neuf mois. Une percée de Félix ne serait pas anachronique. Pas après une semaine à hurler « Allez Félix ! » à l'Arena Paris Sud et à taguer le cadet des Lebrun sur les réseaux sociaux, où des stars venues de loin ont découvert le phénomène, tel le basketteur Tyrese Haliburton, meneur de jeu de Team USA. Antoine Griezmann et Zinédine Zidane savent aussi apprécier l'adresse avec une balle certes plus légère et qui tient au creux de la main plutôt qu'à l'intérieur du pied. Le monde entier ne parle pas de Félix Lebrun, mais le monde qui s'intéresse aux Jeux olympiques, pas loin.

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Dominique Lebrun réalise tranquillement. « Zidane est une personne très humaine qui a des émotions, comme tout le monde, et il profite de celles que procurent Félix et Alexis », apprécie la mère des pongistes. Ses fils « admirent » le champion du monde 1998, sacré avec les Bleus cinq ans avant la naissance de l'aîné ; Alexis a aussi répondu à une question de l'autre champion du monde, celui de 2018, sur les cris qu'il pousse après les échanges.

Leurs coupes de cheveux sages et leurs lunettes carrées leur confèrent moins un look de bêtes de stade que de lycéens. À 17 et 20 ans, ils ont appris à jouer avec la foule, à provoquer les embrasements qui ont gêné plusieurs de leurs adversaires. Précédés d'échos flatteurs dès le début de l'olympiade, les frangins sont devenus des coqueluches des Jeux. « Ils ont de la fraîcheur et de l'optimisme », observe leur mère, épouse de l'un des meilleurs joueurs français de son époque.

L'atavisme et surtout les coups spectaculaires ont martyrisé l'opposition. Alexis a perdu en 8es de finale, un niveau conforme à son 16e rang mondial. Félix, 5e, a dépassé les attentes en se hissant dans le dernier carré. Il s'est fait « démonter » en demi-finale par le pongiste qui le précède au classement, le médaillé d'or olympique et nonuple champion du monde chinois Fan Zhendong. Mais le plus beau reste à venir. Pour le bronze (13 h 30), le destin lui a réservé le Brésilien Hugo Calderano, 6e mondial et tombeur de son frère. L'exploit serait considérable.

Les Européens n'ont gagné que 7 médailles sur 27 depuis 1988

Jean-Philippe Gatien, en argent à Barcelone (1992), est le seul tricolore à être monté sur le podium individuel en neuf olympiades. S'il tient sa raquette à l'envers comme la plupart des Asiatiques, Félix Lebrun est l'héritier d'un rapport de forces très déséquilibré : les Européens n'ont gagné que sept médailles sur les 27 décernées depuis 1988. Les deux dernières pendent au cou de l'Allemand Dimitrij Ovtcharov (2012 et 2021), tombé sous les coups de Félix en 8e. Monter sur la boîte dans le tableau masculin est l'un des plus grands exploits réalisables aux JO, tous sports confondus. Du même acabit que battre Team USA au basket, les archers sud- coréens ou le collectif japonais par équipes au judo.

À coup sûr, une génération Lebrun va investir les clubs hexagonaux dès la rentrée, de la même façon que les mousquetaires (Jean-Philippe Gatien, Patrick Chila, Christophe Legoût et Damien Éloi) avaient provoqué un engouement inédit après leur deuxième place aux Mondiaux en 1997. Les exploits d'aujourd'hui effacent un peu ceux d'hier mais il fallait voir « Philou », poing serré dans la tribune à chaque point spectaculaire de son héritier, pour saisir l'absence de jalousie. À la façon d'un Michael Phelps poussant Léon Marchand devant son écran.

Ensemble, Gatien et Chila ont gagné le bronze à Sydney (2000). En double, et non par équipes, mais le parallèle est tentant. Dès demain, les Lebrun et Simon Gauzy, ex-petit prince du ping tricolore, ont rendez-vous avec la Slovénie pour entamer une deuxième semaine aussi riche en émotions que la première. Le frère et la sœur de Dominique Lebrun ont grossi les rangs de la famille, déjà bien représentée à la porte de Versailles par les deux sœurs des garçons, volontaires pour Paris 2024. Une famille française très présente aux rendez-vous.

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Commentaire 1
à écrit le 04/08/2024 à 10:11
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