Législatives : inquiets de l'instabilité politique, les agriculteurs s'impatientent

La FNSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Coordination rurale appellent les nouveaux députés à s'organiser au plus vite pour remettre rapidement à l'ordre du jour « les travaux législatifs et réglementaires en cours » avant la dissolution de l'Assemblée nationale. Ils agitent le spectre d'une nouvelle mobilisation des agriculteurs à l'automne.
Giulietta Gamberini
Pour la Confédération paysanne, « aucune réponse structurelle n'a été apportée ces derniers mois suite aux colères agricoles ».
Pour la Confédération paysanne, « aucune réponse structurelle n'a été apportée ces derniers mois suite aux colères agricoles ». (Crédits : Yves Herman)

Les syndicats agricoles « prennent acte » des résultats des élections législatives et de l'instabilité politique qui en découle, ont déclaré, de manières très proches, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), les Jeunes Agriculteurs et la Coordination rurale (CR). Ils ne sont pas pour autant prêts à relâcher la pression et à renoncer aux victoires obtenues depuis le début de l'année grâce à la mobilisation des agriculteurs, laissent-ils entendre dans des communiqués diffusés lundi.

« Quelle que soit l'instabilité qui pourrait découler de cette situation, la FNSEA restera ferme sur ses positions », met en garde le syndicat majoritaire.

« Comme sur tant d'autres sujets, Jeunes Agriculteurs demande de ne pas prendre en otage l'agriculture dans des considérations politiciennes », ajoute l'organisation alliée avec la FNSEA.

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Le projet de loi d'orientation agricole « à l'agenda du Sénat »

Les syndicats agricoles appellent donc les nouveaux députés à s'organiser au plus vite pour remettre rapidement à l'ordre du jour « les travaux législatifs et réglementaires en cours », avant la dissolution de l'Assemblée nationale. Premier entre eux, le projet de loi d'orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture (PLOA), qui avait été approuvé par l'Assemblée nationale en première lecture le 29 mai.

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Même la Coordination rurale, classée plutôt à droite, et qui s'était montrée critique face au texte retenu par les députés, incite le Parlement à « inscrire au plus vite la loi d'orientation agricole à l'agenda du Sénat pour donner un cadre législatif à l'agriculture de demain ». Les Jeunes Agriculteurs insistent en particulier sur la nécessité « de travailler collectivement, pragmatiquement », sur deux sujets qui étaient au centre du projet de loi : « Le renouvellement des générations et la souveraineté agricole et alimentaire ».

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« Remise à plat » de la loi Egalim

D'autres mesures très attendues par l'ensemble des syndicats sont celles visant à améliorer les revenus des agriculteurs. Avant les élections européennes, une mission parlementaire avait été confiée à deux députés Renaissance, Alexis Izard et Anne-Laure Babault. Objectif ? Concevoir les principaux axes d'une nouvelle réforme des lois dites « Egalim ». Alors qu'ils étaient presque prêts à rendre leurs conclusions, aucun des deux n'a finalement été réélu lors des élections législatives anticipées.

La CR demande néanmoins explicitement « d'inscrire au plus vite (à l'ordre du jour du Parlement, ndlr) la remise à plat de la loi Egalim afin de nous protéger des importations déloyales et d'assurer un revenu décent aux producteurs agricoles ».

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Eaux et phytosanitaires

La FNSEA évoque encore des projets de textes pour « les moyens de production et la dignité des agriculteurs ». Le syndicat fait référence aux mesures visant à simplifier le contentieux autour des réserves d'eau prévues dans le PLOA, et celles concernant les produits phytosanitaires, notamment la proposition de loi sur la séparation vente-conseil et le conseil stratégique. Le syndicat majoritaire demande d'ailleurs carrément « aux députés désormais élus de se saisir immédiatement des 27 propositions formulées et portées auprès des candidats », « en cohérence avec l'ensemble des revendications portées depuis l'automne dernier ».

La CR exige enfin « d'étudier (ses, ndlr) propositions pour la future loi de finances, visant à mettre en place une fiscalité plus juste ».

« Un dangereux sentiment de défiance »

Pour mieux peser, les syndicats agitent le spectre d'une nouvelle mobilisation des agriculteurs à l'automne, lorsque ces derniers seront moins pris par les travaux dans les champs. « Le monde agricole ne peut rester plus longtemps sans réponse : cela ne ferait qu'entretenir un dangereux sentiment de défiance vis-à-vis des Pouvoirs publics », écrit la FNSEA.

« Sans une action rapide des députés et du gouvernement, l'automne sera celui de la mobilisation de notre profession », met en garde, explicitement, la CR.

Les élections des Chambres d'agriculture en janvier restent en effet un moteur puissant de concurrence entre syndicats dans l'incarnation du mécontentement agricole :

« La Coordination Rurale appelle tous les agriculteurs qui subissent une trop forte pression économique, administrative à se signaler et à témoigner auprès de nous dans la plus grande confidentialité », ajoute-t-elle d'ailleurs dans son communiqué.

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La Confédération paysanne prône « des politiques de transformation des systèmes agricoles »

La Confédération paysanne affiche un ton et des revendications différents dans un communiqué publié mardi. Le syndicat classé à gauche se dit clairement « soulagé » que le Rassemblement national n'ait pas obtenu la majorité, réclame « un projet de rupture avec les politiques libérales » et incite les « forces de gauche arrivées en tête » « à travailler ensemble à la mise en œuvre de leur programme ».

Plus spécifiquement, le syndicat, selon qui « aucune réponse structurelle n'a été apportée ces derniers mois suite aux colères agricoles », prône « des politiques de transformation des systèmes agricoles ». Il suggère au nouveau gouvernement plusieurs chantiers : l'établissement de prix minimum garantis, la sortie des accords de libre-échange et de l'OMC, l'interdiction de la spéculation alimentaire, mais aussi une régulation du marché foncier et un meilleur accompagnement de la transition agroécologique, de l'adaptation au changement climatique et de l'installation-transmission.

Giulietta Gamberini

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Commentaires 16
à écrit le 13/07/2024 à 18:56
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Bientôt les tracteurs à Paris pour les JO.

à écrit le 10/07/2024 à 13:40
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c est balot, il avaient eut tout ce qu ils voulaient en cassant tout. mais attal n a pas eut le temps de changer les lois et il va falloir tout recasser pour que son successeur se soumette a la FNSEA. a moins bien sur que les ecolo soeint au gouverne...

à écrit le 10/07/2024 à 7:48
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Bon ils nous les remettent quand à l'endroit les panneaux de nos communes ? C'est ridicule.

le 10/07/2024 à 10:51
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Les employers communaux les ont remis à l'endroit, mais je ne sais pas si le maire va envoyer la facture?

à écrit le 09/07/2024 à 19:30
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Bonjour, de l'absence de démocratie, vous ne croyez pas que les français s'impatiente.... Le partis politiques qui a le plus de voix est la troisième force politique au parlement français... Vous trouvez cela normal...le parlement français ne représ...

le 10/07/2024 à 8:45
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Vous confondez élections législatives et présidentielle .. pour être crédible dans ses commentaires faudrait déjà être crédible dans ses connaissances et sa maitrise émotionnelle … vous êtes pas pret de gouverner ! Un peu comme les caprices de Bardel...

à écrit le 09/07/2024 à 19:03
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Au secours la gauche revient !!!! Les impôts les taxes la prime aux fainiaces .le communautarisme tous les maux qui ont mis à mal la société française. Il faut bien payer les hollande voinet , melanchon et consorts Pauvre France

le 10/07/2024 à 10:55
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vous avez oublié un chapitre .pourquoi macron et lemaire nous ont mis 1000 milliards de dette supplémentaires depuis 2017 ?

à écrit le 09/07/2024 à 16:50
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A trop vouloir en faire les agriculteurs vont finir par lasser l'opinion .Les dirigeants de la FNSEA devraient commencer à réfléchir à infléchir leurs méthodes qui consiste à envoyer sur les ronds points et les sous préfectures leurs adhérents q...

le 09/07/2024 à 17:31
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Oh vous savez, en toute objectivité, la F.N.S.E.A est bien plus proche des " intérêts " des industriels de l' agro-alimentaire et de la " chimie " que [ de ceux ] du " paysan " ! Chez moi, " ceux qui " créent " du vin " se débaptisent de l' identi...

le 09/07/2024 à 18:13
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pour heteroi mettez les viticulteurs a part moi qui suit en bourgogne je les mets dans la catégorie très riches visitez la cote de Beaune vous verrez, même nous on peut plus se payer les bouteilles .c est dire .

à écrit le 09/07/2024 à 16:31
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donc le RN avec son officine la FDSEA décidé de régler le probleme de l assemblée nationale aprés sa débâcle au deuxième tour des elections .

le 09/07/2024 à 17:15
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La politique existe aussi chez les agriculteurs y'a pas raison. La Confédération paysanne affiche un ton et des revendications différents dans un communiqué publié mardi. Le syndicat classé à gauche se dit clairement « soulagé » que le Rassembleme...

à écrit le 09/07/2024 à 16:02
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ils ont bien été reçus au pied de bottes de paille comme bureau (sans tabou. mais toujours sans résultats). la pause et le report c est fini. il y a urgence pour un électorat méprisé

à écrit le 09/07/2024 à 15:38
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ils devraient se comporter comme de vulgaires cgtistes goodyear tolerants, en allant pousser des cris d'indignation sociale bienveillants dans les locaux de LFI et du PS ( en plus, selon la jurisprudence de gauche donc independante, c'est non penalem...

à écrit le 09/07/2024 à 15:38
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A la FNSEA, le problème c' EST la FNSEA. 8o % des agriculteurs feraient mieux de se tourner vers un autre syndicat au lieu de se faire racketter et instrumentaliser au profit des 20% les plus riches qui dirigent.

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