Aérien : Lufthansa souffre des retards de livraison d’avions, selon son PDG

La compagnie aérienne allemande souffre des retards de livraisons d'avions de Boeing et d'Airbus. Une pénurie qui pourrait coûter un demi-milliard selon son dirigeant, Carsten Spohr.
La pénurie d'avions pourrait ainsi coûter à Lufthansa quelque 500 millions d'euros par an.
La pénurie d'avions pourrait ainsi coûter à Lufthansa quelque 500 millions d'euros par an. (Crédits : KAI PFAFFENBACH)

Les problèmes de livraison d'avions ont un impact « brutal » sur Lufthansa et ne seront pas résolus avant 2030, a prévenu vendredi le PDG de la compagnie aérienne allemande, Carsten Spohr. La pénurie d'avions pourrait ainsi coûter à Lufthansa quelque 500 millions d'euros par an, a déclaré le dirigeant au club de la presse économique de Stuttgart, sans toutefois fournir de chiffre exact.

Dans les faits, la compagnie aérienne qui souhaite moderniser sa flotte a commandé 250 nouveaux avions à Airbus et Boeing, avec des livraisons prévues entre 2024 et 2029.

« Aucun avion n'arrive à l'heure », a déclaré Carsten Spohr, ajoutant qu'une centaine des 750 appareils de Lufthansa étaient cloués au sol pour des travaux de maintenance ou avaient été mis hors service.

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Les compagnies aériennes exaspérées

En début de semaine, Airbus a revu à la baisse ses prévisions de livraisons pour cette année, passant de 800 à environ 770 appareils. Cette annonce intervient dans un contexte de scepticisme croissant des fournisseurs quant à la production d'avions alors qu'Airbus fait face à des pénuries de pièces détachées.

En parallèle, une série d'incidents survenus chez Boeing a intensifié le travail de surveillance réglementaire sur le fabricant américain, venant s'ajouter aux retards de livraison accumulés pendant la pandémie. Pour rappel, l'avionneur traverse ces dernières années l'une des périodes les plus tourmentées de son histoire. Tout au long de l'année 2023, Boeing a cumulé des problèmes de production sur plusieurs de ces modèles. L'incident du 5 janvier dernier - la porte d'un 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines s'est détachée en plein vol - a été celui de trop et a mis le feu aux poudres.

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Dans la foulée, des enquêtes ont été ouvertes par les régulateurs, la justice et des commissions parlementaires. Plusieurs audits et investigations ont ainsi identifié de nombreux problèmes de « non-conformité » et de défauts, en particulier dans le contrôle qualité.

Lufthansa n'est pas la seule compagnie aérienne à payer les pots cassés des incidents chez Boeing. Mais les compagnies se gardent d'accabler publiquement l'avionneur en l'absence de solution de rechange. Une rare exception ayant été le patron de Ryanair, Michael O'Leary, gros client du 737 MAX, qui avait fustigé en février la « débâcle » du constructeur et son « approche médiocre des contrôles de qualité ».

L' « exaspération » manifestée par les compagnies « montre en fin de compte qu'il existe une demande non satisfaite et qu'il n'y a pas de solution facile » au problème, remarque Vik Krishnan, spécialiste du secteur chez McKinsey.

Les carnets de commandes d'Airbus et Boeing sont quasi pleins jusqu'à la fin de la décennie et les compagnies n'ont donc pas d'autre choix que de ronger leur frein, d'autant plus que changer de constructeur s'avère extrêmement compliqué et coûteux. Airbus partage avec Boeing de nombreux fournisseurs, et donc leurs problèmes de montée en cadence. L'Américain pourrait entraîner des sous-traitants dans une hypothétique chute.

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Une perte au premier trimestre

Qui plus est, Lufthansa a fait état fin avril d'une perte nette de 734 millions au premier trimestre, lesté par des grèves ayant paralysé l'activité, et annoncé dans la foulée des économies pour soutenir le résultat annuel. Le résultat opérationnel de Lufthansa Airlines est ressorti négatif de 640 millions d'euros de janvier à mars, conduisant la principale compagnie du groupe à prendre « des mesures destinées à soutenir le résultat à court terme », notamment sur les embauches, selon un communiqué.

De même, le groupe s'attend toujours à ce que le bénéfice d'exploitation du deuxième trimestre soit inférieur de 100 millions d'euros à celui de l'année précédente. Avec ces retards de livraison, la capacité des sièges au deuxième trimestre sera portée à environ 92% du niveau d'avant la crise, moins que les 94% qui étaient prévus au départ.

Sur l'année, Lufthansa table sur un bénéfice opérationnel annuel ajusté d'environ 2,2 milliards d'euros pour l'année, contre 2,68 milliards dégagés en 2023.

Lufthansa augmente le prix de billets en Europe avec un supplément environnemental

Lufthansa a annoncé mardi augmenter le prix de tous ses vols européens pour couvrir, selon lui, une partie des coûts liés aux exigences environnementales de la Commission européenne. Le supplément s'appliquera pour tous les vols prévus « à partir du 1er janvier 2025 », au départ des 27 pays de l'Union européenne (UE) ainsi que du Royaume-Uni, de la Norvège et de la Suisse, a indiqué le groupe dans un communiqué. Son montant variera « en fonction de l'itinéraire et du tarif de vol », sur une échelle entre 1 et 72 euros, a-t-il ajouté.

« Le groupe aérien ne sera pas en mesure de supporter seul les coûts supplémentaires croissants résultant des exigences réglementaires dans les années à venir », a justifié Lufthansa. L'entreprise fait référence aux quotas obligatoires imposés par l'UE visant à incorporer des carburants plus durables (sustainable aviation fuel, SAF) dans les réservoirs des avions, afin de remplacer progressivement le kérosène. La part de SAF doit atteindre 2% à partir de 2025, 6% en 2030, puis 20% à partir de 2035 et enfin 70% en 2050.

Or, la production des SAF est encore embryonnaire : elle correspondait en 2023 à 0,5% de la demande mondiale en carburant d'aviation. En raison de cette faible disponibilité, leur prix est toujours trois à cinq fois plus élevé que le kérosène fossile, selon Lufthansa.

Ce supplément environnemental s'ajoute à un autre surplus, facultatif cette fois-ci, proposé aux voyageurs par Lufthansa et d'autres compagnies aériennes, pour compenser leurs émissions carbone grâce à des projets de protection du climat. Mais ce procédé a fait l'objet d'une plainte d'associations de consommateurs l'an dernier auprès de la Commission européenne, accusant une vingtaine de compagnies aériennes de greewaching (eco-blanchiment) et pratiques commerciales trompeuses.

(Avec agences)

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Commentaire 1
à écrit le 29/06/2024 à 16:36
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Les low costs ont totalement battu Lufthansa. Eurowings sont totalement nuls Dans le domain de low cost.Seulemwnt Les Français peuvent pas créer une companie low cost rentable. Les low costs sont Les plus utilisés partout Dans le Monde en Inde Indigo...

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