Coup de froid chez Airbus  : l'avionneur européen revoit ses prévisions à la baisse

Confronté à des problèmes persistants de supply chain, Airbus est contraint de décaler à nouveau ses objectifs de production pour la famille A320 NEO. A cela s'ajoutent de nouvelles charges dans le secteur spatial. De quoi amputer sérieusement les prévisions de résultats du groupe pour 2024.
Léo Barnier
Airbus n'arrive pas à atteindre ses objectifs de production pour l'A320 NEO.
Airbus n'arrive pas à atteindre ses objectifs de production pour l'A320 NEO. (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

Alors que l'été semblait arriver enfin, c'est un vent glacial qui a soufflé chez Airbus ce lundi. Le groupe industriel européen d'aéronautique, spatial et défense a dû revoir ses objectifs de production à la baisse pour l'année 2024, tout comme ses prévisions économiques.

La nouvelle la plus marquante est la difficulté d'Airbus à poursuivre sa montée en cadence au rythme voulu. Le constructeur a dû, une nouvelle fois, repousser ses objectifs pour sa famille A320 NEO - c'est-à-dire le cœur de sa production. La cible de 75 avions produits par mois en moyenne, qui constitue un niveau sans précédent, ne devrait désormais être atteinte qu'en 2027. Cela fait un an de retard par rapport à ce que l'avionneur annonçait il y a peu de temps encore. Fin 2023, il déclarait même qu'il « progressait bien » vers cet objectif.

Lire aussi« Il faut se préparer à des chocs futurs » (Olivier Andriès, directeur général de Safran)

Seulement 770 appareils en 2024

Cela aura des répercussions dès cette année. Airbus espère désormais livrer 770 appareils en 2024, là où il en prévoyait 800. Si cette perspective se maintient, cela resterait tout de même une progression par rapport aux 735 avions produits en 2023 et cela constituerait le troisième meilleur total de l'histoire du groupe.

Cet ajustement est dû, selon un communiqué, « à des problèmes spécifiques persistants au niveau de la chaîne d'approvisionnement, principalement en ce qui concerne les moteurs, les aérostructures et les équipements de cabine ». Il y a quelques jours, dans le cadre du Paris Air Forum organisé par La Tribune, Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, avait expliqué l'important travail en cours pour renforcer la résilience de la supply chain.

« La demande reste très forte, c'est incontestable mais le chemin pour y parvenir est complexe et nous sommes ralentis par plusieurs éléments, et continuons d'être freinés par la chaîne d'approvisionnement », a indiqué ce lundi Guillaume Faury à l'AFP.

La situation se serait notamment « dégradée ces derniers mois ». « Nous nous trouvons dans une situation où il manque des moteurs pour les monocouloirs chez les deux motoristes (Pratt & Whitney et CFM International, ndlr) et nous nous retrouverions avec des planeurs, des avions sans moteur, d'ici la fin du trimestre en nombre significatif » si le rythme n'était pas ralenti.

Début juin, Olivier Andriès, directeur général du groupe Safran qui motorise en partie la famille A320 NEO au travers de CFM International, avait analysé la situation ainsi pour La Tribune : « Nous sommes dans une situation étonnante : la demande n'a jamais été aussi forte dans le domaine civil comme militaire et l'offre n'a jamais été aussi fragilisée. Nous sommes dans une période de tension entre des clients qui exigent plus de livraisons et une chaîne d'approvisionnement qui peine à y répondre. Mais la filière aéronautique a dû encaisser des chocs successifs : le Covid, puis l'invasion de l'Ukraine, le choc énergétique, le choc inflationniste... Des chocs qui ont secoué toute l'industrie. Cela devrait aller mieux au cours de 2025. »

Lire aussiFace aux ambitions d'Airbus, les sous-traitants pris de vertige

Onesat en difficulté

A ces problèmes de production sur les avions commerciaux s'ajoutent des difficultés dans le domaine spatial, avec des difficultés sur certains programmes de télécommunications, de navigation et d'observation de l'espace. Celles-ci conduisent Airbus a passé près d'un milliard d'euros de charges supplémentaires sur le premier semestre 2024, après les 600 millions d'euros de l'an dernier.

Selon le communiqué, ces charges ont été enregistrées suite « à un examen technique approfondi de tous les programmes, identifiant de nouveaux défis commerciaux et techniques » par la direction d'Airbus Space Systems. « Ces charges sont principalement liées à la mise à jour des hypothèses sur les calendriers, la charge de travail, les sources d'approvisionnement, les risques et les coûts sur la durée de vie de certains programmes de télécommunications, de navigation et d'observation », a précisé le groupe. Selon l'AFP, cela concerne notamment les nouveaux satellites géostationnaires de télécommunications Onesat.

De fait, Airbus a revu à la baisse ses objectifs financiers pour l'année en cours. La prévision de bénéfice opérationnel ajusté est ainsi passée d'une fourchette comprise entre 6,5 et 7 milliards d'euros à une cible de 5,5 milliards d'euros. Le flux de trésorerie disponible (avant financement des clients) a subi le même sort, passant de 4 à 3,5 milliards d'euros.

Léo Barnier

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Commentaires 17
à écrit le 26/06/2024 à 10:39
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"Coup de froid chez Airbus : l'avionneur européen revoit ses prévisions à la baisse" A l'évidence les participations de l'état français dans nombre d'entreprises cotées dont Air France et Airbus n'ont qu'un seul but: la décomposition du capita...

à écrit le 26/06/2024 à 7:20
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Bonjour. La société Airbus fois développé depuis des années une compossants militaire dans sa production aéronautique... Elle ne communique pas beaucoup sur le sujets... Productuin des A400 M ( problème moteur réglé ? ). Développements du drone e...

à écrit le 25/06/2024 à 17:08
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Ne pas confondre la branche espace, surtout française, qui connait des difficultés suite à un brillant management instillé par la grande maison et le reste de la boutique qui se porte plutôt bien malgré les difficultés évoquées qui sont plutôt des pr...

à écrit le 25/06/2024 à 11:58
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Avenir sombre pour l'aéronautique civile : trop d'émissions de GES en haute altitude (NOx et CO2 surtout) Les rêglementations EU, ONU etc... vont finir par se resserrer et rendre bien plus coûteux les voyages d'agrément en avion. Il ne restera alors...

le 25/06/2024 à 22:24
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Par un siege on a plus d'emissions par des voitures que des avions

le 26/06/2024 à 7:29
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Absurde... puisque vous effectuez bien plus de kms en avion qu'en voiture, argument éculé évidemment irrecevable.

le 26/06/2024 à 20:42
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Pas absurde mais Bien evident. On mesure la quantité par 100km. Bien sur que JE VAIS aux Etats-Unis en avion et pas en voiture.Macedonie France meme distance en avion et en voiture l'avion et bcp moins poluant que la voiture par siége. La distance ae...

à écrit le 25/06/2024 à 8:42
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Comment font ils pour être en difficulté avec un concurrent principal qui s'est complètement embourbé dans de sales affaires ? Quelle médiocrité générale, comment font ils pour s'en contenter...

le 25/06/2024 à 11:39
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SI DANS CE CAS PRECIS vous ne comprenez pas la magouilles un fleuron europeen qui se saborde alors qu'il est seul pour le moment au monde et sans aucun concurent. et pour plaire a m biden l'entreprise europeenne baisse le pantalon et la haut...

le 27/06/2024 à 8:34
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Quelle mascarade totale quand même que notre système...

à écrit le 25/06/2024 à 8:33
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Airbus et Boeing se sont construit sur un duopôle et en sous -traitant et optimisant un max … ce meccano se grippe pour les 2 avionneurs historiques car la Chine / Russie veillent à entraver leurs chaînes d approvisionnements ( titane , graphite ...

à écrit le 25/06/2024 à 8:33
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Airbus et Boeing se sont construit sur un duopôle et en sous -traitant et optimisant un max … ce meccano se grippe pour les 2 avionneurs historiques car la Chine / Russie veillent à entraver leurs chaînes d approvisionnements ( titane , graphite ...

à écrit le 25/06/2024 à 8:32
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Ainsi et Boeing se sont construit sur un duo pôle et en sous traitant et optimisant un max … ce meccano se grippe pour les 2 avionneurs historiques car la Chine / Russie veille à entraver leur chaîne d approvisionnement ( titane , graphite etc ..) ...

à écrit le 25/06/2024 à 7:08
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On peut dire déjà que ce secteur connait " par nature " des ... " turbulences " et qu' il ne faut jamais afficher trop ouvertement eine SchadeFreude ( une joie mauvaise ) devant les malheurs de la concurrence. Et puis les ... Chinois vont atterir s...

le 25/06/2024 à 8:22
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Quand on trouve un trou de 1,6mdr euro en l espace de 10mois essentiellement sur des projets de prestation intellectuelle, comment est ce possible de se tromper d' un équivalent de travail de plus de 5000personne pendant un an? Qui est l'éminence gri...

à écrit le 24/06/2024 à 23:30
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On y est... C est quand la marée est basse qu on voit qui est a poil ... Une belle gestion de la performance des carrières chez Airbus...et un aveuglement idéologique orwelien. On espère que les réservations tiendront pendant la prochaine tempête éc...

à écrit le 24/06/2024 à 23:30
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On y est... C est quand la marée est basse qu on voit qui est a poil ... Une belle gestion de la performance des carrières chez Airbus...et un aveuglement idéologique orwelien. On espère que les réservations tiendront pendant la prochaine tempête éc...

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