Fort essoufflement de la reprise économique en zone euro, plombée par la France

Par latribune.fr  |   |  727  mots
L'indice mesurant la production manufacturière dans la zone euro a brutalement reculé, à 46, contre 49,3 en mai. (photo d'illustration) (Crédits : Reuters)
L'indice PMI publié ce vendredi par S&P Global, calculé sur la base de sondages d'entreprises, a glissé en juin à 50,8, son plus faible niveau depuis trois mois, contre 52,2 en mai dans la zone euro. Le recul en France, en partie lié aux élections européennes et à la dissolution de l'Assemblée nationale, a fortement contribué à ce ralentissement, selon les analystes.

L'activité continue de progresser pour le quatrième mois consécutif, mais à un rythme fortement ralenti dans la zone euro en juin. L'indice PMI Flash publié ce vendredi par S&P Global, calculé sur la base de sondages d'entreprises, a glissé à 50,8, son plus faible niveau depuis trois mois, contre 52,2 en mai. Pour rappel, un chiffre supérieur à 50 signale une croissance de l'activité, tandis qu'un chiffre en deçà reflète une contraction.

Lire aussi🔴 En direct - Législatives : le NFP permettra de récupérer « 150 milliards d'euros de recettes », estime Eric Coquerel

L'activité manufacturière enregistre son plus fort repli depuis six mois. L'indice mesurant la production manufacturière a brutalement reculé, à 46, contre 49,3 en mai, traduisant une aggravation soudaine du déclin de l'activité, sur fond de baisse accélérée des nouvelles commandes - qui augure d'une conjoncture morose prolongée.

« Les prix de vente, qui n'ont cessé de diminuer ces quatorze derniers mois, pourraient repartir à la hausse, les coûts des fabricants ayant augmenté pour la première fois depuis février 2023 », mais généralement, « l'inflation des prix payés dans le secteur privé affiche son plus bas niveau depuis décembre 2023 », note également Cyrus de la Rubia, économiste pour la Hamburg Commercial Bank (HCOB), partenaire de S&P Global.

Les prix très au-dessus de la moyenne dans les services

La modération de l'inflation dans les services s'est accentuée, « mais les prix dans ce secteur restent très au-dessus de leur moyenne de long terme, et l'indice est même reparti en hausse en Allemagne, de quoi conforter l'idée que la Banque centrale européenne (BCE) fera une pause en juillet » dans ses baisses de taux d'intérêt, selon Franziska Palmas, de Capital Economics. En juin, la croissance repose toujours sur le secteur des services, où l'activité reste robuste malgré un ralentissement (indice à 52,6, contre 53,2 en mai).

Signe d'une morosité persistante, la confiance des entreprises en zone euro a chuté à son plus faible niveau depuis février. La zone euro est sortie de la récession au premier trimestre, avec une progression de 0,3% en glissement trimestriel du PIB des 20 pays partageant la monnaie unique. Et ce, en dépit de performances très affaiblies en Allemagne et en France, et sur fond de demande mondiale terne. La croissance économique devrait rester modérée : la Commission européenne table sur une hausse du PIB de 0,8% sur l'ensemble de 2024 dans la zone euro, puis 1,4% l'an prochain.

Lire aussiZone euro : les défaillances d'entreprises « augmentent partout », avertit Coface

Fortes inquiétudes liées aux européennes et à la dissolution en France

La France n'est pas pour rien dans cet essoufflement de la reprise économique dans la zone euro : « Les faibles performances de la France ont fortement contribué au repli de l'indice PMI de la zone euro », sur fond de crise politique, observe Cyrus de la Rubia.

Les résultats des élections européennes et la dissolution surprise de l'Assemblée nationale ont « très probablement suscité parmi les entreprises de fortes inquiétudes relatives aux politiques économiques du prochain gouvernement et poussé bon nombre d'entre elles à suspendre leurs commandes et investissements » en France, analyse-t-il.

L'activité du secteur privé en France s'est en effet inscrite en recul pour le deuxième mois consécutif, selon S&P Global et la Hamburg Commercial Bank (HCOB). L'indice PMI Flash s'est établi à 48,2 en juin, renforçant sa contraction après 48,9 (revu en baisse) en mai. Selon S&P et la HCOB, les nouvelles affaires ont enregistré une baisse, « le fort repli » de la demande ayant engendré « une accélération de la contraction de l'activité globale ».

« Si les entreprises interrogées attribuent principalement cette baisse des niveaux d'activité à une diminution du nombre de clients et à la baisse des nouvelles affaires, d'autres ont également imputé cette tendance aux élections législatives », ont souligné S&P et la HCOB.

Tant le secteur manufacturier (45,3 après 46,4 en mai) que les services (48,8 après 49,3) ont vu leur baisse s'accentuer. La confiance s'est aussi détériorée en juin, passant sous sa moyenne de long terme, signe selon S&P et la HCOB de l'incertitude liée à l'issue des législatives et du contexte politique international. Malgré cet environnement défavorable, l'emploi a continué à croître, mais uniquement dans les services.

(Avec AFP)