Zone euro : la croissance repart timidement, mais reste plombée par l'Allemagne et les tensions géopolitiques

Le PIB de la zone euro a progressé de 0,3% au premier trimestre en zone euro après un repli de 0,1% au quatrième trimestre 2023. Si la croissance repart, elle demeure fragile pour la Banque centrale européenne qui prévoit 0,6% de croissance en zone euro et a décidé de baisser ses taux directeurs pour soutenir l'activité économique.
Le produit intérieur brut (PIB) des 20 pays partageant l'euro a crû de 0,3% sur la période janvier-mars par rapport aux trois mois précédents.
Le produit intérieur brut (PIB) des 20 pays partageant l'euro a crû de 0,3% sur la période janvier-mars par rapport aux trois mois précédents. (Crédits : Ralph Orlowski)

L'économie de la zone euro repart. Après un repli de 0,1% au quatrième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) des 20 pays partageant l'euro a crû de 0,3% sur la période janvier-mars, par rapport aux trois mois précédents, selon l'estimation publiée ce vendredi par Eurostat. En rythme annuel, la croissance s'est même établie à 0,4%.

Ces données sont conformes aux prévisions des économistes interrogés par Reuters et aux estimations précédentes. Il corrobore donc les prévisions de la Banque centrale européenne qui anticipe une croissance de 0,6% en 2024, contre 0,8% prévu en décembre, dans la zone euro. A titre de comparaison, la croissance américaine devrait se maintenir à 2,1% en 2024 selon la Réserve fédérale américaine. « L'économie demeure fragile », avait ainsi noté Christine Lagarde lors de la réunion d'avril.

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Mais, si « le risque à court terme d'une profonde récession accompagnée d'une hausse du chômage - une source d'inquiétude majeure il y a six mois - est bien moindre dans la perspective actuelle, et la désinflation s'est poursuivie en parallèle », notait le vice-président de la BCE Luis de Guindos dans un rapport de la BCE publié le 15 mai. Surtout, « les tensions géopolitiques constituent une source de risque importante » pour la stabilité financière et ce « au plan mondial », prévient-il. Ce contexte renforce les risques de mauvaises surprises économiques et financières et les perspectives restent donc « fragiles » pour la stabilité financière.

L'Allemagne, homme malade de l'Europe

Parmi les acteurs fragiles de la zone euro, l'Allemagne souffre tout particulièrement. Si la croissance a fait mieux que prévu au premier trimestre (0,2% contre 0,1% attendu par les économistes interrogés par Reuters), le PIB de l'Allemagne devrait croître de seulement 0,3% en 2024, selon une estimation publiée par la Bundesbank ce vendredi. Cette dernière prévoyait pourtant une hausse de 0,4% en décembre. A noter la croissance devrait ensuite s'accélérer pour atteindre 1,1% en 2025, contre 1,2% prévu précédemment, a dit la Bundesbank.

La plus grande économie de la zone euro a connu des difficultés pendant la majeure partie de l'année 2023, son secteur industriel étant embourbé dans une profonde récession due à des ventes à l'exportation anémiques. La demande s'est toutefois redressée ces derniers mois, suggérant que l'économie allemande et celle de la zone euro dans son ensemble pourraient connaître un début de reprise.

« L'économie allemande est en train de sortir de la période de faiblesse économique », a déclaré le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, dans un communiqué.

La Bundesbank a également revu à la hausse sa prévision d'inflation, au lendemain de la décision de la Banque centrale européenne (BCE) d'abaisser ses taux d'intérêt. « l'inflation s'avère tenace, en particulier dans le cas des services », a-t-elle averti. La hausse des prix devrait atteindre 2,8% cette année, contre une prévision de 2,7% il y a six mois, et 2,7% en 2025, contre 2,5% précédemment. Pour 2026, la prévision reste inchangée à 2,2%.

La BCE baisse ses taux pour faire repartir l'économie

Ces difficultés en zone euro et en Allemagne ont d'ailleurs amené la Banque centrale européenne a effectué une première baisse de 0,25 point de pourcentage sur ses taux directeurs jeudi. Après avoir été montés de manière fulgurante entre 2022 et 2023 puis avoir été maintenus entre 4% et 4,75% depuis septembre - au plus haut depuis la création de l'euro - le taux de dépôt passe à 3,75% tandis que le taux de refinancement et le taux de facilité de prêt marginal s'établissent respectivement à 4,25% et 4,5%.

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« Sur la base d'une évaluation actualisée des perspectives d'inflation, de la dynamique de l'inflation sous-jacente et de la force de la transmission de la politique monétaire, il convient désormais de modérer le degré de restriction de la politique monétaire après neuf mois de maintien des taux stables », a affirmé la présidente de l'institution Christine Lagarde, jeudi.

Dès le 20 mars, cette dernière avait reconnu que « nous ne pouvons pas attendre de disposer de toutes les informations pertinentes ». « En agissant ainsi, nous risquerions d'ajuster notre politique trop tardivement », avait-elle alors ajouté.

Commentaires 2
à écrit le 07/06/2024 à 14:57
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On est surtout loin des 1% d'inflation qu'on avait avant !

à écrit le 07/06/2024 à 13:51
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La BCE baisse ses taux ? On est loin des 1% qu'on avait avant !

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