Zone euro : l'inflation remonte plus que prévu, incertitudes sur la baisse des taux

L'inflation en zone euro s'est établie à 2,6% sur un an en mai, après 2,4% en avril, selon les chiffres d'Eurostat publiés ce vendredi. Ce revers ne devrait pas avoir d'impact sur la baisse des taux de la Banque centrale européenne (BCE) attendue jeudi mais laisse un flou sur sa stratégie à moyen terme.
L'inflation sous-jacente -c'est à dire corrigée des prix volatils de l'énergie et de l'alimentation- particulièrement scrutée par les marchés financiers et la BCE, est également repartie à la hausse à 2,9%, après 2,7% en avril, selon les chiffres publiés vendredi par Eurostat.
L'inflation sous-jacente -c'est à dire corrigée des prix volatils de l'énergie et de l'alimentation- particulièrement scrutée par les marchés financiers et la BCE, est également repartie à la hausse à 2,9%, après 2,7% en avril, selon les chiffres publiés vendredi par Eurostat. (Crédits : Mathieu Thomasset / Hans Lucas via Reuters Connect)

Voilà une mauvaise nouvelle qui tombe mal. Juste avant la première baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne attendue jeudi et les élections européennes de ce week-end, Eurostat a publié des chiffres d'inflation en zone euro en hausse. Ainsi, en mai, la hausse des prix s'est établie à 2,6% sur un an. Si elle a été plus que divisée par quatre depuis le record de 10,6% sur un an atteint en octobre 2022, l'indice des prix est encore loin de l'objectif de 2% fixé par l'institution monétaire. Surtout, les analystes interrogés par Factset et Bloomberg tablaient sur une accélération de l'inflation à 2,5% en mai, après 2,4% en avril.

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Autre mauvaise nouvelle, l'inflation sous-jacente - c'est-à-dire corrigée des prix volatils de l'énergie et de l'alimentation- particulièrement scrutée par les marchés financiers et la BCE, est également repartie à la hausse à 2,9%, après 2,7% en avril, selon les chiffres d'Eurostat.

Dans le détail, la remontée de l'inflation s'explique par l'accélération des prix des services et de l'énergie. Dans le secteur des services, les tarifs ont progressé de 4,1% sur un an en mai, contre 3,7% en avril. Les prix de l'énergie qui avaient reculé en avril de 0,6%, ont augmenté de 0,3% en mai. En revanche, l'inflation s'est ralentie dans les produits alimentaires, à 2,6% (-0,2 point par rapport à avril) et dans les biens industriels (à 0,8%, -0,1 point), a précisé l'institut européen des statistiques.

Une inflation stable en France mais qui rebondit en Allemagne

Surtout, la baisse n'est pas homogène entre tous les pays membres de la zone euro. Ainsi, en France, les prix ont stagné avec une inflation à 2,2%, sur un an en mai, tout comme en avril. Même constat en Italie où les prix ont augmenté de 0,8% en mai, tout comme le mois précédent. Cette stabilité de l'inflation serait due à un léger ralentissement sur un an de la hausse des prix des services et du tabac, compensé cependant par une forte accélération pour les prix de l'énergie, en raison d'un effet de base, explique l'Insee. Fort de ces chiffres, le ministre de l'Économie français a même affirmé que « la bataille a été gagnée» contre la hausse des prix. « J'avais aussi annoncé que nous serions autour de 2% d'inflation début 2024, nous sommes fin mai 2024, et nous sommes autour de 2% d'inflation, donc le pari a été gagné », a ajouté Bruno Le Maire mardi.

En revanche, pour la première fois depuis six mois, l'inflation est repartie à la hausse outre-Rhin. L'indice des prix à la consommation a atteint +2,4% sur un an en Allemagne, soit 0,2 point de plus qu'en avril, selon une estimation provisoire publiée ce mercredi par l'institut de statistiques Destatis. Sur un mois, les prix ont augmenté de +0,1%. Ce rebond s'explique par la fin d'un effet de base lié à l'introduction en mai 2023 d'un abonnement à 49 euros par mois permettant de voyager sur l'ensemble du réseau de transports publics allemands. Ainsi, jusqu'au mois d'avril, le prix des transports, comptabilisés dans l'inflation, était comparé à son coût, nettement plus important, datant d'avant l'introduction de ce billet.

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Vers une première baisse des taux de la BCE en juin

Cette hausse « nous rappelle à quel point il sera difficile pour la BCE de ramener durablement l'inflation à 2% », prévient Carsten Brzeski, analyste pour la banque ING. Pour rappel, pour endiguer l'inflation, la BCE a augmenté les coûts d'emprunt à un rythme sans précédent depuis juillet 2022 en passant ses taux de 0% à 4% et 4,75%. Ses taux sont maintenus inchangés à un niveau record depuis octobre 2023, au prix d'une croissance économique en berne. Raison pour laquelle si « ce serait une surprise majeure que la BCE n'abaisse pas ses taux » affirme Carsten Brzeski.

En effet, la BCE devrait baisser une première fois ses taux lors de la réunion de son conseil des gouverneurs le 6 juin, selon les déclarations récentes de ses dirigeants. Selon le compte rendu d'une réunion parue le 10 mai, la BCE a jugé « plausible » en avril de commencer à baisser ses taux directeurs en juin. Un scénario envisageable à partir du moment où les données confirment d'ici là le retour anticipé de l'inflation à la cible de 2%. « Il a été considéré comme plausible que le Conseil des gouverneurs », l'instance qui décide du cap de la politique monétaire au sein de la BCE, « soit en mesure de commencer à assouplir » ses taux actuellement à leur plus haut « lors de la réunion de juin », énonce le document. Ceci, à la condition que la batterie d'indicateurs supplémentaires dévoilés d'ici là confirment « les perspectives d'inflation à moyen terme », qui voient la progression de l'indice revenir à 2% en 2025, après 2,3% en 2024, selon les projections de l'institution monétaire en mars dernier.

Avec ces derniers chiffres, le flou s'épaissit donc. « Le débat sera animé sur sa capacité à desserrer les freins de l'économie pendant le reste de l'année », anticipe Bert Colijn de la banque ING. Surtout, « une nouvelle baisse en juillet semble désormais peu probable », tranche Jack Allen-Reynolds, analyste chez Capital Economics.

L'inflation fait remonter l'euro

Anticipant une baisse des taux plus faible que prévue, la monnaie unique s'est raffermie vendredi. Vers 11H35 à Paris, l'euro avançait de 0,11% face au billet vert à 1,0845 dollar, et prenait 0,22% face à la livre, à 85,26 pence pour un euro.

Pour rappel, en cas de baisse des taux en Europe, avant les Etats-Unis, les taux obligataires devraient descendre plus rapidement sur le Vieux continent qu'outre-Atlantique, ce qui pousserait nombre d'investisseurs à vendre leurs euros pour acheter des bons du Trésor et autres obligations américaines en dollar... faisant perdre de la valeur à la monnaie européenne. Les investisseurs ont donc profité de ce frémissement dans le scénario de baisse pour acheter de la monnaie unique.

Commentaires 7
à écrit le 01/06/2024 à 10:43
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Depuis le temps que la baisse est annoncée on n'y croit plus !

le 01/06/2024 à 19:59
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"Depuis le temps que la baisse est annoncée on n'y croit plus !" Peut-être que les pantouflards de l'académie française pourraient proposer un simplification orthographique du terme "baisse" en remplaçant les 2 s par 1 z...

à écrit le 01/06/2024 à 10:17
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"Les prix de l'énergie qui avaient reculé en avril de 0,6%, ont augmenté de 0,3% en mai. " À partir de ce samedi 1ᵉʳ juin,Le prix repère du gaz continue sa hausse. Établi par la commission de régulation de l'énergie (CRE) pour servir d'indicateur ...

à écrit le 01/06/2024 à 7:37
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La BCE baisse les taux sous la pression de ceux qui possèdent et détruisent le monde en ronflant. Je suis sûr qu'il y a autant de banques dans le monde qu'il y a eu de génocides. :-)

à écrit le 31/05/2024 à 17:53
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Je vous l'ai dis ces derniers jours alors que la propagande fait toujours rage! 🤣😝

à écrit le 31/05/2024 à 16:48
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Une bonne raison pour ne pas baisser les taux à la BCE.

à écrit le 31/05/2024 à 15:23
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faut relire Milton Friedman, qui est donc ultra neo monetariste medef patronal, comme disent les tolerants.....' inflation et systeme monetaire'........oui je sais, ce qui l'ouvrent en permanence n'ont pas forcememnt le niveau pour lire ca.......on y...

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