La BCE tire la sonnette d'alarme et presse les pays de la zone euro d'améliorer leurs finances publiques

Les gouvernements en zone euro doivent améliorer « immédiatement » leurs finances publiques, avertit la Banque centrale européenne, ce mercredi. La BCE cite les risques sur le long terme liés au vieillissement démographique, à l'augmentation des dépenses de défense, au climat et au numérique
Le siège de la BCE à Francfort.
Le siège de la BCE à Francfort. (Crédits : Wolfgang Rattay)

Nouvelle mise en garde sur les finances publiques en Europe. Alors que Bruxelles a épinglé plusieurs pays - dont la France - pour déficit public excessif, la BCE appelle ce mercredi les gouvernements des pays de la zone euro à améliorer « immédiatement » leurs finances publiques face aux risques sur le long terme liés au vieillissement démographique, à l'augmentation des dépenses de défense, au climat et au numérique.

« Ces évolutions représenteront déjà suffisamment de défis isolément, et les pays seront confrontés à toutes ces évolutions simultanément », martèle l'auteur d'un article publié au bulletin mensuel de l'institut monétaire.

 À l'exclusion de la numérisation des économies, les autres défis listés « pourraient creuser le déficit budgétaire moyen de la zone euro d'environ 3% supplémentaires du PIB » par an, selon l'article.

Des efforts attendus de 0,5% à 10% du PIB

Par conséquent, « des mesures doivent être prises dès aujourd'hui - en particulier dans les pays très endettés, confrontés à des taux d'intérêt élevés et aux risques qui y sont associés », poursuit-il. Les efforts budgétaires nécessaires vont différer entre pays « avec des écarts allant de 0,5% à près de 10% du PIB ».

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Pour ramener le ratio de dette sur PIB dans les clous de la règle européenne d'ici 2070, « il faudrait que les gouvernements de la zone euro augmentent immédiatement et de manière permanente leurs soldes primaires (avant paiement des intérêts de la dette) de 2% du PIB en moyenne », selon l'auteur de l'article.

Cet avertissement n'est « pas sans précédent ». De fait, plusieurs pays en zone euro - Belgique, Irlande et Finlande - ont déjà eu à « répondre dans le passé à des crises budgétaires majeures en présence d'un surendettement important », précise-t-il.

Procédures contre sept pays de l'UE

Le timing de publication de cet article est loin d'être anodin. Ce mercredi, la Commission européenne a en effet ouvert la voie à des procédures pour déficits publics excessifs contre sept pays de l'UE - dont la France, où les promesses de dépenses se multiplient à deux semaines d'élections législatives.

Ces pays ont dépassé l'an dernier la limite de déficits publics fixée à 3% du Produit intérieur brut (PIB) par le Pacte de stabilité. Pour rappel, ce dernier limite aussi la dette à 60% du Produit intérieur brut (PIB). Ces règles ont été mises en sommeil après 2020 à cause de la crise économique liée au Covid puis à la guerre en Ukraine. Elles ont été réformées et réactivées cette année.

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Les déficits les plus élevés de l'UE ont été enregistrés l'an dernier en Italie (7,4% du PIB), en Hongrie (6,7%), en Roumanie (6,6%), en France (5,5%) et en Pologne (5,1%). La dette de la France est supérieure à 110% de son PIB, celle de l'Espagne s'en approche, alors que celle de l'Allemagne n'atteint que 64% du PIB du pays.

Des sanctions financières

Concrètement, à quoi les pays concernés s'exposent-ils à l'issue de ces procédures ? Dans les faits, l'exécutif européen va proposer aux Etats membres d'ouvrir les dites procédures lors d'une prochaine réunion des ministres des Finances de l'UE, le 16 juillet. Dans un second temps, ils devront prendre des mesures correctrices pour respecter à l'avenir les règles budgétaires de l'Union européenne, sous peine de sanctions financières.

Le Pacte de stabilité prévoit - en principe - des sanctions financières à hauteur de 0,1% du PIB par an pour les pays qui ne mettront pas en œuvre les corrections imposées, soit près de 2,5 milliards d'euros dans le cas de la France. En réalité, ces punitions, politiquement explosives, n'ont jamais été appliquées.

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 19/06/2024 à 21:17
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Pauvres technocrates, pauvre BCE [https://michelsanti.fr/banques-centrales/creation-monetaire] toujours assise sur ses dogmes. Les Ricains doivent bien rigoler!

à écrit le 19/06/2024 à 18:08
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L' utopie européenne...

le 20/06/2024 à 8:01
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L'"utopie" ??? Mais où ? Le cauchemar oui !

à écrit le 19/06/2024 à 17:41
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Que la BCE, fasse son boulot à fond. Quand la dette française ne trouvera pas preneur son devoir est de ne pas en acheter tant que la France n'aura pas amélioré son solde primaire (avant paiement des intérêts de la dette) de 3% du PIB (80 milliards)....

à écrit le 19/06/2024 à 17:03
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Est-il raisonnable de croire aux miracles de la "technocratie" ambiante et aux élucubrations de la "politique politicienne"? Bein non, pas plus qu'une course aux chimères serait raisonnable. Je m'explique: 1. Le bon peuple souhaite moins d'impôts et ...

à écrit le 19/06/2024 à 16:26
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Admonestation? A quand le coup de règle sur les doigts?

à écrit le 19/06/2024 à 16:25
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Admonestation? A quand le coup de règle sur les doigts?

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