Les fragilités du deal Attal-Wauquiez

La Droite républicaine a obtenu un nombre de postes à l’Assemblée bien supérieur à son poids électoral, malgré des ratés qui rappellent que personne n’a vraiment la main.
Jules Pecnard
Gabriel Attal et Laurent Wauquiez le 8 septembre 2023, à Lyon.
Gabriel Attal et Laurent Wauquiez le 8 septembre 2023, à Lyon. (Crédits : © LTD / Bony/SIPA)

Ça commençait à faire trop gros. Hier, alors que s'achevait la lancinante répartition des
postes au sein des instances de l'Assemblée nationale, quelques petits coups de théâtre sont survenus. Le plus essentiel a eu lieu en commission des finances, hautement stratégique en vue du marathon budgétaire de l'automne. Véronique Louwagie, députée Droite républicaine nom des élus Les Républicains à la Chambre basse - de l'Orne, n'en a pas obtenu la présidence. Malgré la promesse que lui avait faite Laurent Wauquiez, elle a été battue grâce à un report défavorable des indépendants du groupe Liot. Le pilotage de cette commission faisait partie du quota négocié par le patron du groupe DR avec Gabriel Attal, son homologue d'Ensemble pour la République. Deux des six vice- présidences du Palais-Bourbon (pour Xavier Breton et Annie Genevard) et l'un des trois sièges à la prestigieuse questure (pour Michèle Tabarot) ont été acquis grâce à l'accord entre la droite libérale et les macronistes. Ces bénéfices sont déjà considérables au regard du poids électoral de DR, qui ne représente que 47 des 577 sièges de l'Assemblée.

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Ils expliquent pourquoi Laurent Wauquiez a donné un coup de pouce décisif au maintien de Yaël Braun-Pivet à la tête de l'institution. « Le deal est assumé en toute transparence », affirme Antoine Vermorel- Marques, vice-président du groupe Droite républicaine. Après le « pacte législatif » brandi le 10juillet par l'ex-patron de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, lui et Gabriel Attal ont essayé d'aller le plus loin possible sans esquisser le début d'une coalition. Au point de rompre avec l'équité censée - à peu près - régner au Parlement. Ils ont fait en sorte que Yannick Neuder, député proche du candidat putatif à la prochaine présidentielle, devienne rapporteur général du budget de la Sécurité sociale. Véronique Louwagie, elle, a tenté de décrocher un poste réservé à un membre de l'opposition. Ce qu'elle est, à ceci près que, il y a une dizaine de jours, l'élue de l'Orne envisageait de former un groupe Macron compatible avec Philippe Juvin et Nicolas Forissier. Il a fallu l'aide de Gérard Larcher pour la convaincre de rester.

Solidité dans le marchandage

Certains voyaient là une possible redite de ce qui s'était produit en 2017, lorsque Thierry Solère, encore chez LR tout en préparant son ralliement au chef de l'État, avait décroché un siège à la questure censé revenir à un opposant. Dans l'entourage de Laurent Wauquiez, on insiste à nouveau: « Il n'y a pas de coalition, pas d'accord, mais un refus de la stratégie du pire, à savoir livrer des instances de l'Assemblée nationale à l'extrême gauche. Or on voit que Marine Le Pen, elle, a fait ce choix. » Selon un poids lourd du groupe DR, l'ancien ministre estimait que l'obtention de la présidence de la commission des finances aurait agi comme une forme de garantie, car incompatible avec la participation à un gouvernement. Xavier Bertrand a-t-il joué un rôle dans la défaite de Véronique Louwagie pour garder cette porte ouverte? L'un des membres de Liot au sein de cette commission, Jean-Pierre Bataille, est un proche du président de la Région Hauts-de-France, beaucoup moins hostile à l'idée de prendre les rênes de l'exécutif.

Notre but est d'obtenir des victoires idéologiques

Antoine Vermorel- Marques, député Droite républicaine

« Il y avait aussi un enjeu de prise de responsabilité afin de peser dans le processus parlementaire, défend Antoine Vermorel-Marques. Notre but est d'obtenir des victoires  idéologiques, comme la baisse des cotisations salariales pour augmenter le revenu net. Dans l'opinion publique, ça peut nous apporter beaucoup. On doit prouver que voter LR, ça change le quotidien des Français. »  Du côté des macronistes, on reconnaît qu'en dépit de la fragilité de son parti, qui reste présidé par un Éric Ciotti allié au RN, Laurent Wauquiez a fait preuve de solidité dans le marchandage. « Ce n'est pas Olivier Marleix, c'est un vrai chef de groupe qui tient parole », salue un proche de Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance. Combien de temps cela peut-il durer? Le landerneau a hâte de se mettre en veilleuse pour la période estivale. À la rentrée, les équations des uns et des autres demeureront insolubles.

Du point de vue de Laurent Wauquiez, s'arrimer à un président de la République si impopulaire obérerait sa volonté de lui succéder. « Une telle alliance est plus difficile à trouver que des majorités de projets, constate un cadre des Républicains. Les socialistes sont prêts à se fracturer avec les Insoumis sur des textes, mais pas sur une participation à l'exécutif, même si l'intérêt du pays le commande. C'est comme nous: Laurent ne veut pas y aller par rapport à 2027, alors que le pays gagnerait à ce qu'il le fasse. » Ce raisonnement, la garde rapprochée du Rhônalpin l'entend, mais juge que c'est une impasse. « La question qu'il faut poser à ces gens, interroge l'un de ses lieutenants, c'est: êtes-vous prêts à une coalition gouvernementale avec François Hollande? S'ils estiment que c'est dans l'intérêt de la France, tant mieux pour eux. » Ce à quoi un stratège LR répond: « Si Macron veut faire chier Wauquiez en l'appelant à former un gouvernement, il fait quoi ? » La pleine conscience de l'Élysée qu'il n'y a pas de majorité possible avec les seuls DR préserve Laurent Wauquiez. Pour l'instant.

Jules Pecnard
Commentaires 4
à écrit le 21/07/2024 à 20:30
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Le jeune premier de gauche qui ignore qu'il devrait être au PS et le mou de fausse droite qui n'aime pas sortir de sa zone de confort...

à écrit le 21/07/2024 à 10:04
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La 1ère photo est vraie, Trump a installé de façon visible sur l'estrade 3 afro-américains conservateurs avant de faire ses appels du pied aux électeurs afro-américains. Il s'agit du président de l'association des conservateurs afro-américains, d'un ...

à écrit le 21/07/2024 à 9:26
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Wauquiez ne fait pas pas confiance, il ne pense qu'à ses intérêts et non à la France! d'ailleurs les LR ont toujours trompé! pourtant j'ai voté pour cette candidate pour faire barrage à RN et LFI! non pour leur idéologie l'ex LR ne prend pas en compt...

à écrit le 21/07/2024 à 9:15
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Ces gens ne méritent aucun respect...

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