A l'Assemblée nationale, manœuvres pour le perchoir

L’élection à la présidence de l’Assemblée va obliger les blocs politiques, fragmentés, à se positionner.
Jules Pecnard
Yaël Braun-Pivet et Olivier Marleix mercredi à l’Assemblée.
Yaël Braun-Pivet et Olivier Marleix mercredi à l’Assemblée. (Crédits : © LTD / ISA HARSIN/SIPA)

Quoi de plus normal que de féliciter un député réélu ? Yaël Braun-Pivet l'a beaucoup fait ces derniers jours, de vive voix ou par SMS. Celle qui préside le Palais-Bourbon depuis juin 2022 aimerait bien conserver le perchoir. Pour y parvenir, l'élue Renaissance des Yvelines - très critique vis-à-vis d'Emmanuel Macron depuis la dissolution - cherche des soutiens extérieurs à son camp. Une méthode qu'elle affectionne, instruite par sa pratique du poste en majorité relative. « Je suis certaine qu'il existe un chemin pour que cette Assemblée fonctionne dans l'intérêt des Français, a-t-elle écrit en début de semaine à un collègue Les Républicains. Essayons de le construire ensemble. Tu sais que tu peux compter sur moi. Amitiés, Yaël. » Interrogé, le parlementaire en question nous indique, comme d'autres à droite, qu'il n'aurait « pas de mal » à voter pour elle le 18 juillet.

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C'est ce jour-là que sera désigné le quatrième personnage de l'État et qu'on aura un décompte clair des groupes qui composent la chambre basse, totalement fragmentée. Dans le tumulte ambiant, la date s'annonce structurante. Le vote pour le perchoir « enverra le premier signal de ce que pourrait être ou ne pas être un futur gouvernement », résume un député macroniste de poids. Le scrutin peut se prolonger sur trois tours. Si, aux deux premiers, aucun candidat ne recueille une majorité absolue des suffrages exprimés, la victoire est obtenue à la majorité relative. Au vu de la situation, c'est l'issue la plus probable. Quelle qu'elle soit, chacun devra se dévoiler et se résoudre à faire du troc. Derrière la présidence de l'Assemblée nationale, il y a la répartition de ses postes clés : questure, vice-présidences, pilotage des commissions permanentes, etc. La tambouille politique a beau être réprouvée par les Français, elle est la loi du genre.

Des ambitions concurrentes

« La logique qui peut rendre les choses faisables, dixit un proche de Yaël Braun-Pivet, c'est la continuité des représentations à due proportion de ce que pèse chaque bloc. » Le même juge que la Francilienne est la seule capable d'être, au troisième tour, la candidate unique des trois partis qui constituaient hier la majorité d'Emmanuel Macron. Sauf qu'ils représentent désormais moins de 170 sièges. Le Nouveau Front populaire en compte 182, le Rassemblement national et ses alliés, 143. Les groupes minoritaires pourraient faire la différence : la cinquantaine d'élus LR qu'entend fédérer Laurent Wauquiez (lire ci-contre), les indépendants et ultramarins de feu le groupe Liot, les divers modérés de gauche, de droite et du centre.

L'élu PCF André Chassaigne figure parmi les hypothèses de la Macronie

Au sein du camp présidentiel, miné par les aigreurs post-dissolution et les ambitions concurrentes en vue de 2027, plus grand monde ne fait l'unanimité. À commencer par l'actuelle titulaire du perchoir. Un dirigeant du MoDem grince : « On prend les mêmes et on recommence ? Je doute que ça fonctionne. » Le parti de François Bayrou l'avait pourtant aidée à décrocher le poste en 2022, contre l'avis de l'Élysée. Dans ses rangs, Philippe Vigier et Geneviève Darrieussecq ont exprimé leur intérêt pour la fonction. En plus de cajoler les Républicains, Yaël Braun-Pivet défend une représentation équitable du RN dans les instances du Palais-Bourbon. Elle entretient des relations cordiales avec certaines figures du parti d'extrême droite depuis deux ans. Au point d'être soupçonnée d'attendre un soutien par abstention d'une partie des troupes de Marine Le Pen.

« La dissolution a changé la donne »

D'autres pourraient-ils en bénéficier ? Proche d'Édouard Philippe, Naïma Moutchou lorgne également la présidence d'une Assemblée où elle est globalement appréciée. L'élue du Val-d'Oise est aussi l'une des quatre députés de France à avoir gagné après un désistement frontiste durant l'entre-deux-tours des législatives. Ces différentes candidatures du bloc central seront-elles tranchées en amont, dans le cadre d'une primaire interne ? « Il n'y aura pas de vote en intergroupe, car il n'y a plus d'intergroupe, prévient Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons. Nous avons été très loyaux jusqu'à maintenant. La dissolution a changé la donne. On ne fera pas n'importe quoi jeudi, mais on a une existence qui nous est propre. » Les philippistes doivent trancher la question d'ici à mercredi.

Rien n'exclut, du reste, la victoire d'un non-macroniste. Chez LR, on cite presque par réflexe Annie Genevard, jadis vice-présidente du Palais-Bourbon jusqu'à ce qu'Éric Ciotti la sacrifie pour garder la questure. Il n'est pas sûr qu'elle-même y croie, contrairement à Philippe Juvin, qui a ouvertement négocié avec la coalition Ensemble dans les Hauts-de-Seine. Côté gauche, le socialiste Boris Vallaud et l'écologiste Cyrielle Chatelain pourraient guigner le poste, mais ils souffriraient d'un solide barrage si la droite et le centre refusaient d'envoyer le moindre signal positif au NFP. Idem pour le vétéran communiste André Chassaigne, hypothèse de compromis qui circule dans les couloirs de Renaissance. « J'aurais moins de mal à voter pour lui que pour Charles de Courson », grimace un soutien du chef de l'État. Le centriste doyen de l'Assemblée en années de mandat - réélu sans interruption depuis 1993 - est lui aussi candidat. Son opposition virulente à la réforme des retraites, en apparence contraire à ses convictions orthodoxes en matière budgétaire, lui a valu des inimitiés tenaces en Macronie. Dès lors que cette dernière n'a plus la main, tout peut arriver.

Jules Pecnard
Commentaires 4
à écrit le 20/07/2024 à 22:09
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Est-ce que l’on peut encore parler de démocratie ? Le peuple vote mais n’ai pas représenté. La gauche anarchiste a pris le pouvoir. Dommage pour la France, le pire pour le peuple français.

à écrit le 14/07/2024 à 10:23
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Savoir, si Hollande devra se coucher ? Dans le passé il a rendu avec Valls de grands services à l'establishment. Qui sera le plus zélé pour contrôler la parole et faire respecter la propagande officielle. 15 000 euros plus les à côté pour attribuer ...

à écrit le 14/07/2024 à 9:09
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Bonjour, bien ils semblerait que la place est bonne... Maintenant, ils me semblent qu'ils faut réunir a trouvé une majorité pour une élection... Donc pas simple pour certains individus....

à écrit le 14/07/2024 à 6:47
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Exactement comme la van leyen ! Ben c'est moche hein, vraiment...

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