Européennes : Valérie Hayer, une campagne vent de face

Vampirisées par les enjeux nationaux, les européennes ont viré au cauchemar pour le camp présidentiel et sa tête de liste, Valérie Hayer, légitime mais inaudible.
Ludovic Vigogne
Valérie Hayer et Gabriel Attal en coulisses, hier à Aubervilliers.
Valérie Hayer et Gabriel Attal en coulisses, hier à Aubervilliers. (Crédits : © LTD / Eliot Blondet / ABACAPRESS.COM)

Comme si de rien n'était, Gabriel Attal et Valérie Hayer pénètrent ensemble dans la salle des Docks de Paris, à Aubervilliers, où se tenait hier le dernier meeting national de la campagne européenne de la majorité présidentielle, le sourire aux lèvres. Surtout sauver les apparences, malgré les nombreuses chaises restées vides. Dans une semaine, le score de la liste macroniste pourrait être cruel. Selon l'enquête Elabe - La Tribune Dimanche - BFMTV, elle ne récolterait que 16% des voix. Si elle est en légère hausse, cela demeure moitié moins que celle de Jordan Bardella.

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Le 9 mars, au Grand Palais de Lille, quand tout semblait encore possible, le Premier ministre et l'eurodéputée inconnue jusque-là des Français avaient déjà fait une entrée commune. Elle avait duré un temps interminable. Lorsque Valérie Hayer passe devant ses collègues du Parlement européen, les effusions sont en effet sans fin. Si cette Mayennaise de 38 ans a finalement été désignée par le chef de l'État pour mener la bataille après le forfait de tous les poids lourds de son camp (Bruno Le Maire, Jean-Yves Le Drian...), c'est exactement pour cela : incollable sur sa matière, elle est légitime aux yeux de tous. Figurant en 19e position sur la liste macroniste lors du précédent scrutin de 2019, l'ancienne collaboratrice du centriste Jean Arthuis s'est, durant son mandat, révélée à Strasbourg et Bruxelles, jusqu'à y prendre la succession de Stéphane Séjourné à la présidence du groupe Renew quand celui-ci est devenu en janvier ministre des Affaires étrangères.

En fait, ce choix se révélera très vite un contresens. Dès le début, les questions européennes passent à l'arrière-plan d'une campagne vampirisée par les enjeux nationaux. Le second discours de la Sorbonne du chef de l'État le 25 avril, censé vraiment marquer le début du match, n'a pas l'écho espéré. « Le niveau de réflexion était tel que le propos du président était plus à usage externe pour les chefs de gouvernement étrangers qu'à usage interne pour le grand public », acte un ponte de la majorité. « Comme on a un bon bilan européen, on a pensé que la campagne tournerait autour de nos positions. On s'est trompés », reconnaît un ministre.

Pouvoir d'achat, sécurité, immigration... Le camp présidentiel subit les thématiques imposées par Jordan Bardella, qui domine de loin la compétition. Quand elle est interrogée sur les sujets d'actualité, Valérie Hayer se révèle, elle, embarrassée. L'eurodéputée ne se reconnaît pas forcément dans tout ce qui a été fait par la majorité en matière régalienne. « Comme elle est vraiment de gauche, elle est mal à l'aise sur ces questions », a constaté un député Renaissance. Est-ce cet inconfort que certains de ses adversaires perçoivent lors des débats entre têtes de liste, où elle est régulièrement la cible de toutes les attaques ? « Elle était perdue, inaudible, prise en étau, car les échanges réinstal-laient le clivage droite-gauche », racontera Marion Maréchal à la sortie de celui programmé sur RTL le 5 mai.

L'usure du pouvoir

Trois semaines plus tôt, Valérie Hayer occupe le pupitre installé à la droite de celui de François-Xavier Bellamy à l'occasion de la première confrontation organisée par Public Sénat. Comme leurs portables sont restés en coulisses, ces deux collègues strasbourgeois se passent des petits mots manuscrits pour se confier mutuellement à quel point ils trouvent le temps long.

Ce jour-là, la candidate de la majorité est en revanche surprise par l'attitude d'un autre élu avec qui elle a aussi siégé ces cinq dernières années : elle trouve Raphaël Glucksmann particulièrement agressif avec elle. D'entrée de jeu, un mano a mano s'est engagé avec le chef de file socialiste, dont l'offre électorale également très proeuropéenne vient menacer les parts de marché macronistes. « Avec Raphaël Glucksmann, on vote à 90 % de la même façon au Parlement européen, a déclaré Valérie Hayer d'entrée de jeu, dans Le Figaro du 29 février, pour tenter de le marginaliser. Il devrait être avec nous, et il le sait. » Dans la majorité, certains jugent que cette déclaration est une erreur tactique. Elle gauchise la ligne. Et puis, alors qu'elle est censée fabriquer du vote utile, ne peut-elle pas plutôt être perçue comme un permis de voter pour le leader social-démocrate ?

Au sein de son camp, en dépit de ses faiblesses, Valérie Hayer est malgré tout peu critiquée. « Le fond du problème, c'est les deux mois qu'on n'a pas utilisés en janvier et février pour la préparer à ce qui allait lui tomber dessus. Cela lui manquera jusqu'à la fin », la défend un de ses comparses au Parlement européen. « C'est la plus contrainte dans sa parole », ajoute un autre, marqué par sa prudence dès qu'un sujet diplomatique est abordé. Son côté girl next door lui vaut de la mansuétude. « Elle génère un capital sympathie assez fort chez les militants. Ils s'identifient à elle. Elle a commencé comme eux », témoigne Pieyre-Alexandre Anglade, le directeur de campagne.

Dernières heures de la campagne

Dans les études qualificatives réalisées sur sa tête de liste par le parti, le trait de caractère qui ressort le plus est la sincérité. « On a eu le vent de face, tout le monde l'aurait eu », estime Clément Beaune, ancien ministre des Transports, qui a enchaîné les réunions publiques. Ce printemps, c'est aussi l'usure du pouvoir macroniste qui s'est fait ressentir. Dans le camp opposé, Xavier Bertrand a été très marqué par ce que lui a rapporté un élu de la majorité. Alors qu'il faisait un marché, ce dernier s'est vu jeter au visage, par une dame âgée, « on va vous liquider ».

Le 6 avril, le chef de l'État a envoyé un SMS à Valérie Hayer pour son anniversaire. Régulièrement, le week-end, il a par le même procédé recueilli son ressenti sur la tournure des choses. Ce samedi, il ne s'est pas rendu à Aubervilliers, se réservant plutôt pour les dernières heures de la campagne, quand tout sera sur le point de se cristalliser. À un des proches du locataire de l'Élysée, Jordan Bardella a confié qu'il pensait que la liste macroniste serait plus haute que prévu, car elle bénéficierait d'un vote utile de la part d'électeurs venus de LR.

Ludovic Vigogne
Commentaires 6
à écrit le 06/06/2024 à 9:37
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Macron a passé son temps à taper sur les français, engraissant la minorité déjà bien trop grasse, ça dégouline de partout. Dans ce contexte là il est évident que madame HAYER n'a aucune chance, qu'elle a été envoyée au casse pipe. D'autant que notre ...

à écrit le 04/06/2024 à 9:59
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valerie va bientot etre obligee de changer de boulot elle paye les incompetences de l'executif et celles de son patron on l'a vraiment pousse a l'abattoir elle semblait perdue dans les debats les dernieres fois elle en etait reduite a lire son ...

le 05/06/2024 à 18:48
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Si "Valérie" avait défendu les citoyens Français et n'avait pas participé a offrir notre argent et nos vies aux grands groupes multinationaux qui profitent de nous sans ruisseler, elle serait connue et on voterait pour elle qu'elle appartienne ou non...

à écrit le 02/06/2024 à 12:16
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La face nationale est sensé être "l'arbre qui cache la forêt" européenne mais..., cette fois ci, elle en présente les conséquences !

à écrit le 02/06/2024 à 11:59
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Bonjour, dire que nous ne supporterons plus le camps macron, les promesses, les hypocrite et le reste.... 1000 miliards de dette et le pays et en ruine , plus rien ne fonctionne, dire la lustes des reproche et trops longue, dehors tous ces gens ....

à écrit le 02/06/2024 à 8:59
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Après avec tout ce qu'ils ont fait pour massacrer la France c'est quelque part un juste retour de bâton. Parce uqe l'argument de nous dire qu'on ne peut pas comprendre pourquoi détruire la France est bon pour les français commence à être rincé et obs...

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