Tensions en mer de Chine méridionale : collision entre un navire philippin et un bateau chinois

Un navire philippin est entré en collision lundi avec un bateau chinois en mer de Chine méridionale, près des îles Spratleys que se disputent les deux pays, ont affirmé les garde-côtes chinois.
Collision entre un bateau philippin et un navire des garde-côtes chinois, en mer de Chine méridionale (Photo d'illustration).
Collision entre un bateau philippin et un navire des garde-côtes chinois, en mer de Chine méridionale (Photo d'illustration). (Crédits : CHINA COAST GUARD)

[Article publié le lundi 17 juin 2024 à 12h06, mis à jour à 16h25] Le ton monte entre la Chine et les Philippines. Ce lundi, une collision a eu lieu entre un navire philippin et un bateau chinois près des îles Spratleys, en mer de Chine méridionale, au moment où les incidents se multiplient entre les deux pays dans la zone revendiquée par Pékin.

Les deux pays se sont rejeté la responsabilité de l'incident. « Le navire de ravitaillement philippin a ignoré de nombreuses sommations de la partie chinoise » et « s'est approché du vaisseau chinois (..) de façon non-professionnelle, provoquant une collision », ont indiqué les garde-côtes dans un communiqué.

Pékin a accusé le bateau d'avoir « illégalement pénétré dans les eaux près du récif Ren'ai », le nom chinois de l'atoll Second Thomas situé dans les îles Spratleys (îles Nansha pour Pékin), à environ 200 kilomètres de l'archipel philippin de Palawan, et à plus de 1.000 kilomètres de la côte chinoise la plus proche, l'île de Hainan. « Les garde-côtes chinois ont pris des mesures de contrôle contre le navire philippin en accord avec la loi », ajoute le communiqué.

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L'armée philippine a, elle, rejeté lundi la version de Pékin, déclarant n'accorder « aucun crédit aux affirmations trompeuses et mensongères des garde-côtes chinois ». Un peu plus tard dans la journée, le gouvernement philippin a accusé des navires chinois d'avoir éperonné et endommagé des bateaux. « Les navires de la Marine de l'Armée de libération du peuple, des garde-côtes chinois et de la Milice maritime chinoise ont engagé des manœuvres dangereuses, notamment des collisions et des remorquages », a indiqué la force opérationnelle de Manille pour la mer des Philippines occidentale. « Leurs actions ont mis en danger les vies de notre personnel et endommagé nos bateaux », est-il également écrit. Le communiqué ne précise pas quels navires ont été endommagés, ni l'étendue des dégâts.

Les tensions se multiplient

Cet incident intervient alors que les tensions entre Manille et Pékin ont atteint des niveaux inégalés ces derniers mois. Début juin, l'armée philippine avait dénoncé la « saisie » illégale par des bateaux chinois de vivres et de médicaments largués par avion à la mi-mai, destinés à l'avant-poste militaire philippin de ce même atoll, et avait accusé Pékin d'« ingérence agressive et non provoquée ».

Quelques jours plus tard, les garde-côtes philippins avaient publié une vidéo montrant leurs homologues chinois bloquer et heurter deux navires philippins qui procédaient à l'évacuation sanitaire d'un militaire.

Pour rappel, Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, y compris des eaux et des îles proches des côtes de plusieurs de ses voisins, en dépit d'une décision de la justice internationale en 2016. Les Philippines, Brunei, la Malaisie, Taïwan et le Vietnam revendiquent également plusieurs récifs et îlots dans cette mer, dont certaines zones pourraient receler de riches réserves de pétrole.

Sur l'atoll Second Thomas qui fait partie des îles Spratleys, les troupes philippines ont installé une garnison dans un navire échoué de leur marine, afin de défendre leurs revendications dans cette zone. Pékin déploie des garde-côtes et d'autres navires pour patrouiller en mer de Chine méridionale et a transformé des récifs en positions militaires. À la suite de l'incident de ce lundi, le secrétaire à la Défense philippin, Gilberto Teodoro, s'est montré offensif, promettant que l'armée philippine résisterait aux actions chinoises. « Nous déploierons tous les efforts afin de remplir notre mandat de protéger notre intégrité territoriale, notre souveraineté et nos droits souverains », a-t-il assuré.

Manille demande une extension du plateau continental philippin

Les Philippines ont demandé samedi aux Nations Unies la reconnaissance de leurs droits souverains sur un plateau continental au large de leurs côtes en mer de Chine méridionale.

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« Aujourd'hui, nous assurons notre avenir en manifestant notre droit exclusif à l'exploration et à l'exploitation des ressources naturelles dans notre zone de compétence ECS », a déclaré dans un communiqué Marshall Louis Alferez, secrétaire adjoint du ministère philippin des Affaires étrangères chargé de l'océan et des Affaires maritimes.

Dans sa demande déposée samedi, Manille revendique le droit « d'établir les limites extérieures de son plateau continental » jusqu'à 648 kilomètres au large de l'île occidentale de Palawan, soit le maximum autorisé par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM). « Les fond marin et sous-sol qui s'étendent de notre archipel jusqu'à la limite maximale autorisée par la CNUDM recèlent d'importantes ressources potentielles qui profiteront à notre nation et à notre peuple pour les générations à venir », a ajouté Marshall Louis Alferez.

Pékin autorise la détention d'étrangers en mer de Chine méridionale

De son côté, la Chine, pour renforcer ses revendications territoriales, déploie des bateaux et des embarcations rapides pour patrouiller les eaux et les récifs de la mer de Chine méridionale. Elle a construit des îles artificielles qu'elle a militarisées dans des eaux proches des Philippines. Des navires de garde-côtes chinois ont employé des canons à eau à plusieurs reprises, endommageant plusieurs vaisseaux philippins et blessant des membres d'équipage.

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Samedi, la Chine a dévoilé une série de règles permettant à ses garde-côtes de pouvoir désormais placer en détention, sans jugement, des étrangers « soupçonnés d'avoir violé la gestion des entrées et sorties des frontières ». Une période de détention pouvant aller jusqu'à soixante jours est prévue pour les « cas compliqués » et « si la nationalité et l'identité (des détenus) ne sont pas claires », selon la nouvelle réglementation publiée en ligne par Pékin et entrée en vigueur samedi.

La présence américaine, « cruciale pour la paix régionale »

Fin mai, le président philippin Ferdinand Marcos a estimé que la présence américaine était « cruciale pour la paix régionale ». « L'influence déterminante de la Chine sur la situation sécuritaire et l'évolution économique de cette région est un fait permanent », a-t-il déclaré dans un discours prononcé au Dialogue Shangri-La à Singapour.

« Dans le même temps, la présence stabilisatrice des Etats-Unis est cruciale pour la paix régionale », a-t-il ajouté, soulignant que, pour les Philippines, « ce n'est jamais un choix » à faire entre Chine et Etats-Unis car « les deux pays sont importants ». Cet archipel, qu'un traité lie à Washington, concentre les efforts des Américains pour renforcer leurs alliances et leurs partenariats dans la zone Asie-Pacifique afin de tenter de contrer l'influence et la puissance militaire croissantes de la Chine.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 19/06/2024 à 14:29
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Lorsque les navires de amiral Zheng He sillonnent les océans, les Philippins n'étaient pas encore civilisés, le nom du pays était donné par les colonialistes espagnols

à écrit le 17/06/2024 à 18:49
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Içi il est très clair que la violation de la ZEE des Philippines est tout simplement un acte de piraterie qui ne mérite que la détention en cellule de l'équipage chinois et la destruction de son navire.

à écrit le 17/06/2024 à 17:29
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[ Pékin a accusé le bateau d'avoir "illégalement pénétré dans les eaux près du récif Ren'ai", le nom chinois de l'atoll Second Thomas situé dans les îles Spratleys (îles Nansha pour Pékin), à environ 200 kilomètres de l'archipel philippin de Palaw...

à écrit le 17/06/2024 à 16:49
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Ah bizarrement, les bateaux chinois n'entrent pas en collision avec les navires américains...la raison doit être technique, à n'en pas douter.

à écrit le 17/06/2024 à 16:49
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Ah bizarrement, les bateaux chinois n'entrent pas en collision avec les navires américains...la raison doit être technique, à n'en pas douter.

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