Pour Kamala Harris, le plus dur reste à venir

La probable candidate démocrate va devoir maintenir la dynamique née cette semaine. Et convaincre l’Amérique profonde qu’elle peut aussi la représenter.
À Washington, jeudi.
À Washington, jeudi. (Crédits : © LTD / ROBERTO SCHMIDT/AFP)

L'argent rentre à nouveau dans les caisses. Les frondeurs d'un jour sont revenus dans le giron présidentiel. Barack et Michelle Obama, bien silencieux depuis qu'elle a annoncé son intention de briguer la magistrature suprême, sont enfin sortis du bois pour la soutenir. Depuis six jours, on ne parle que d'elle, et Kamala Harris vient probablement de passer la meilleure semaine de sa carrière politique. Dans les dix jours, la vice-présidente devrait être officiellement investie candidate par les hautes instances démocrates. Une belle revanche pour l'ex-sénatrice, que Joe Biden avait sciemment laissée de côté jusqu'à son entrée en campagne, à l'automne dernier.

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Reste maintenant à accomplir le plus dur : entretenir la dynamique née il y a une semaine puis convaincre le pays qu'elle peut occuper la Maison-Blanche. « La lune de miel va bientôt se terminer », se réjouissait dès mardi le sondeur républicain Tony Fabrizio, dans une note confidentielle destinée à l'équipe de campagne de Trump.

La démocrate va en tout cas devoir descendre dans l'arène et se découvrir un peu plus. Il lui faudra aller chercher les électeurs, notamment ceux des fameux swing states, ces six États où 6 % de la population américaine va sans doute décider du sort de l'élection. Or, selon les derniers sondages, Harris, même si elle a un peu comblé l'écart qui la sépare de son adversaire, y est toujours devancée. C'est notamment vrai dans le Michigan et la Pennsylvanie, ces États de la Rust Belt, cette « ceinture de la rouille » qui s'étend dans le Nord-Est américain désindustrialisé et déclassé. Les cols bleus étaient sensibles aux racines ouvrières de « Scranton Joe », l'un des présidents les plus pro-syndicats des dernières décennies. Ils connaissent moins Kamala Harris, qui souffre d'une image de Californienne déconnectée, bourgeoise et libérale.

Une profession de foi mal connue

Dans ce contexte, le choix imminent du colistier sera crucial. La progressiste devra sélectionner son bras droit avec soin, afin d'opposer un binôme vigoureux face au ticket Trump-Vance, autoproclamé porte-parole des oubliés de Washington. Le populaire Josh Shapiro, gouverneur de Pennsylvanie, et le sénateur de l'Arizona et ancien marine Mark Kelly, jugés modérés, figurent en haut de sa short list.

Le choix imminent du colistier sera crucial

Il faudra aussi qu'elle affirme sa doctrine. On la sait décidée à marteler ses convictions au sujet des droits des femmes, à créer un contraste entre son passé de procureure et le passif criminel du populiste. La candidate se dit « tournée vers l'avenir », mais, mis à part sa relative jeunesse et son soutien à la loi contre l'Inflation Reduction Act, plan de réformes écologiques et sociales phare des dernières décennies, sa profession de foi est encore mal connue du public. Pour l'instant, la bâtarde position de vice-présidente lui colle encore à la peau. Les Américains, toujours plus avides de décortiquer le profil des candidats plutôt que leurs idées, n'ont pas grand-chose à se mettre sous la dent. Pour les satisfaire, Kamala Harris va devoir fendre l'armure.

Commentaire 1
à écrit le 28/07/2024 à 11:02
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"Pour Kamala Harris, le plus dur reste à venir" De toute évidence la primaire démocrate truquée par vote électronique semble être une simple formalité... Et tout porte à croire que les putschistes démocrates souhaitent de nouveau une présiden...

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