Levée de fonds record pour Kamala Harris après le retrait de Joe Biden

A peine candidate, la vice-présidente américaine Kamala Harris a déjà récolté plus de 46 millions de dollars de dons en 24 heures, suite à la campagne stoppée de Joe Biden. La démocrate a déjà cherché à rassurer les grands donateurs qui avaient pressé le président de se retirer.
Le trésor de guerre de Kamala Harris est estimé à 96 millions de dollars.
Le trésor de guerre de Kamala Harris est estimé à 96 millions de dollars. (Crédits : Kevin Mohatt)

A peine Joe Biden s'est-il retiré de la course à la Maison Blanche que le comité d'action politique démocrate ActBlue, chargé de la collecte de fonds, a annoncé dimanche avoir enregistré sa plus grande levée en une seule journée depuis le début de la campagne. 46,7 millions de dollars ont ainsi été collectés suite au lancement de la candidature de la vice-présidente Kamala Harris, selon le comité.

Si cette dernière doit attendre sa possible investiture par la convention démocrate, le 22 août prochain, pour obtenir entièrement certaines donations, elle bénéficie déjà d'un sérieux avantage face à d'hypothétiques d'autres candidats démocrates. Présente sur le « ticket » Biden-Harris 2024 - finalement avorté par le retrait du président -, la vice-présidente peut bénéficier entièrement des donations versées jusqu'ici au titre du ticket déchu.

L'héritage du ticket d'origine

Ce trésor de guerre est estimé à 96 millions de dollars par le Financial Times. Marie-Christine Bonzom, politologue, journaliste et spécialiste des États-Unis, explique à La Tribune :

« Si un autre candidat (que Kamala Harris) se déclare et est nommé par la convention, ce sera bien plus compliqué pour lui de récupérer cet argent qui a été donné pour la campagne Biden-Harris. Il faudrait pour cela faire un transfert via le Parti démocrate (...) Pour Harris c'est légalement plus simple et même automatique. »

Plusieurs adversaires devraient se présenter face à Kamala Harris lors de l'investiture démocrate. Mais pour eux, la course est plus compliquée. Pour Marie-Christine Bonzom « il n'y a qu'un mois avant la convention et il n'y a que très peu de temps avant le début des votes, notamment celui par correspondance, en Pennsylvanie, qui commence dès septembre. Si un candidat veut se déclarer pour l'investiture, il doit donc déjà tâter le terrain des grands donateurs pour s'assurer de pouvoir aller jusqu'au bout. » D'autant plus que les dons pour le candidat républicain adverse, Donald Trump, affluent depuis sa tentative d'assassinat. L'ancien président accumule un butin de plus 430 millions de dollars, selon OpenSecrets.

Rassurer les investisseurs

Certains grands donateurs américains - faiseurs de président au pays de l'argent roi - avaient justement été réunis par Kamala Harris vendredi 19 juillet dernier. Le sujet de cette réunion - organisée deux jours avant le désistement de Biden - était resté secret. Le New York Times rapportait alors qu'autour de la vice-présidente se trouvait Reid Hoffman, le co-fondateur de Linkedin, qui avait invité d'importants membres de son réseau de la Silicon Valley. Ce dernier a d'ailleurs annoncé son soutien à Harris quelques heures seulement après le retrait du président, assurant que :

« Kamala Harris est la bonne personne au bon moment.»

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Obtenant l'approbation d'Hoffman, mais également de Georges Soros et son fils, elle semble donc une figure rassurante pour des donateurs qui avaient « boycotté » Joe Biden, selon Marie-Christine Bonzom. En 2011, lorsqu'elle était candidate au poste de procureur général de Californie, Mme Harris avait déjà fait dans la calinothérapie avec ses potentiels donateurs en leur assurant être « une capitaliste ».

La tâche qui l'attend désormais est double : rassurer les grands donateurs sur la capacité du parti démocrate à faire campagne après l'échec de Joe Biden, et, s'assurer que les dons affluent vers elle. D'autant plus qu'elle ne peut ignorer le rôle qu'ont occupé ces puissants mécènes de campagne dans le retrait de Joe Biden de la course.

Le boycott de Biden

Ces dernières semaines, face aux bourdes répétées du président et à son débat raté, même Hollywood - traditionnellement prompt à aider le camp démocrate - a mis en pause son soutien. Pour l'ancienne correspondante de la BBC à Washington, Marie-Christine Bonzom :

« C'était une pression énorme et qui a occupé très certainement une place prépondérante dans le choix de Joe Biden »

Ce boycott inédit avait suscité l'inquiétude de Jeff Katzenberg, conseiller de premier plan du président qui voyait « les dons se tarir ».

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« Evidemment, cela ( NDLR : la pression des grands donateur ) pèse fortement dans la balance », raconte l'essayiste et chercheur Romuald Sciora, « d'autant plus qu'ils ont une très forte influence.» C'est le cas de Georges Clooney qui est une des personnalités « capable d'en convaincre d'autres, encore plus riches que lui, de donner » , explique Marie-Christine Bonzom.

Or, Biden avait été lâché par l'acteur américain dans une tribune pour le New York Times qui appelait le président à retirer sa candidature. Dans la foulée de la tentative d'assassinat sur Donald Trump, l'étau s'était une nouvelle fois resserré autour du chef d'état américain, alors que les analystes constataient la montée en puissance du récit « du survivor » autour du candidat républicain.

Santé mentale

Pour Marie Christine Bonzom, les grands donateurs n'ont pas fait monter la pression en raison « de l'âge de Joe Biden - car les Américains sont habitués à voir des personnes travailler jusqu'à très tard dans leur vie - mais bien en raison de sa santé mentale. » Les questions autour de l'acuité mentale de Joe Biden « sont un secret de polichinelle depuis longtemps », explique Romuald Sciora, « mais ce n'est qu'après le débat du 27 juin, perdu par Biden face à Trump, que le vent a tourné » et que la possibilité d'un retrait de la candidature du président s'est petit à petit mise sur la table.

Les inquiétudes se sont faites croissantes « au point qu'un certain nombre de gens se demandaient qui gouverne vraiment » raconte l'essayiste. En mai, Romuald Sciora écrivait déjà dans un article pour l'IRIS :

« Il y a du Brejnev chez Biden quand on sait son état de santé. Du Eltsine surtout, quand on connaît son entourage, cramponné au pouvoir et isolant le président des réalités politiques du moment. »

Course à l'argent

Presque autant que les voix des swings states, ces Etats qui peuvent basculer d'un camp à l'autre, l'argent est scruté et recherché par chaque camp. En 2020, les dépenses des élections avaient atteint les 16 milliards de dollar, soit l'équivalent du PIB de la Moldavie. Pour offrir leur argent, les donateurs - petits ou grands - peuvent donner à des PAC (comité d'action politique ). Ce sont des groupes dédiés uniquement à l'investissement financier dans la campagne. Certains sont thématiques et récoltent de l'argent pour appuyer leurs idées ( environnement, éducation, armes à feu ), quand d'autres sont dédiés à des méthodes de campagne (financement de la convention, transport des bénévoles d'Etat en Etat etc.) Alexis Pichard, docteur en civilisation états-uniennes, et auteur de « Trump et les médias : l'illusion d'une guerre ? », rappelle que les grandes donations « sont essentielles dans un budget de campagne dont elles représentent plus de la moitié. Seul Donald Trump en 2016 s'est distingué par sa capacité à amasser de petits dons, en très grandes quantités»

Commentaires 3
à écrit le 23/07/2024 à 12:30
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Biden est toujours president. Meme s'il a ete pousse vers la sortie, K.Harris ne gouvernera pas. Ce n'est pas le but, obama et sa clique agit en sous main. Dans tous les scenarios, les Dems sont perdants. D'autres scrutins sont prevus et ils comptent...

à écrit le 22/07/2024 à 19:52
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"Levée de fonds record pour Kamala Harris après le retrait de Joe Biden" Manifestement les médias de gauche après avoir manipulé en vain la primaire républicaine par le matraquage de la candidature Nikki Haley essaient désormais de tronquer la ...

à écrit le 22/07/2024 à 15:47
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si on en crois les graphiques, le secteur d activite le plus genereur c est les retraités : premier groupe pour Harris et second (de peu) pour trump. Ca prouve bien le pb des USA : les jeunes sont rincés et les inactifs (retraités) font la pluie et l...

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