La croissance mondiale encore plombée par les disparités entre les pays dans l'après Covid

Avec une croissance estimée à 2,6% en 2024 puis 2,6% en 2025, l'économie mondiale devrait continuer de tourner au ralenti selon la Banque mondiale. La situation est cependant très hétérogène entre les pays riches et ceux plus pauvres.
Selon le rapport semestriel de l'institution basée à Washington, la croissance mondiale pour 2024 devrait atteindre 2,6%.
Selon le rapport semestriel de l'institution basée à Washington, la croissance mondiale pour 2024 devrait atteindre 2,6%. (Crédits : Reuters)

Les stigmates du Covid et de la crise énergétique sont toujours visibles sur l'économie mondiale selon la Banque mondiale (BM). Ainsi, selon le rapport semestriel de l'institution basée à Washington, la croissance pour 2024 devrait atteindre 2,6%, en ligne avec la croissance réalisée l'année dernière, 0,2 point de pourcentage de mieux que sa première prévision, publiée en début d'année. Un chiffre donc nettement plus faible que celui observé sur la décennie précédant la pandémie de Covid-19, durant laquelle l'économie mondiale a progressé en moyenne de 3,1% par an.

Surtout, l'économie ne devrait pas faire beaucoup mieux dans les années à venir, puisque la BM l'anticipe à 2,6% ou 2,7% pour 2025 et 2026. Un point de vue proche de celui de l'OCDE qui entrevoit de son côté une croissance de 3,1% dans le monde cette année et de 3,2% l'an prochain.

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Fortes divergences entre les pays

« Une bonne part est due à la solidité inattendue de l'économie américaine, qui permet de soutenir la croissance mondiale » a souligné le chef économiste de la Banque, Indermit Gill, lors d'une conférence de presse en ligne.

Mais cette tendance vient masquer le fait que « les pays les plus pauvres ne vont pas bien, tant en termes de croissance que d'endettement, de réussite, notamment du fait d'un environnement commercial complexe », a-t-il ajouté.

Et qui vient confirmer celle des années précédentes, avec une conséquence : en 2024, près d'un quart des pays en développement n'auront toujours pas vu leur économie retrouver le niveau connu avant la pandémie, souligne le rapport de la Banque mondiale. La conséquence est que, pour la moitié des pays en développement, l'écart de richesse avec les économies avancées ne fera que se renforcer, malgré la croissance faible connue par l'Union européenne ou le Japon.

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Dans le détail, les économies avancées devraient voir leur croissance s'accélérer comparé à 2023, en particulier dans la zone euro et au Japon, mais à un rythme toujours faible, tous deux à 0,7%. Les Etats-Unis devraient en revanche connaître une croissance en ligne avec celle réalisée en 2023, de 2,5%, mais ralentir à moyen terme, alors que la zone euro devrait s'améliorer.

Parmi les pays émergents, la Chine s'oriente vers un ralentissement de son économie, qui devrait progresser de 4,8% cette année (contre 5% en 2023) mais n'être plus qu'en croissance de 4% en 2026. A l'inverse, l'Inde devrait connaître une croissance solide et persistante, comprise entre 6,6% et 6,8% sur les trois prochaines années.

La croissance la plus faible depuis 1990

De son côté, en avril, le FMI avait mis en garde contre une solidité économique qui reste relative, puisqu'elle s'inscrit malgré tout dans une « décennie atone et décevante », avec une moyenne de croissance de moyen terme tout juste supérieure à 3%, que la patronne du Fonds appelle à surnommer « les Tièdes Vingtaines », si rien n'est fait pour « en corriger la tendance ». Sans compter que, au-delà de cette longue traîne négative, l'économie mondiale continue à se remettre des effets de la pandémie de Covid-19, qui lui a coûté 3.300 milliards de dollars, avait rappelé la dirigeante du FMI, Kristalina Georgieva, « dont une bonne part est portée par les pays les plus pauvres, renforçant la divergence entre les économies ».

« L'inflation est sur le déclin » et de nombreuses banques centrales « sont en train de faire des plans pour réduire leurs taux d'intérêts (ou) ont commencé à les réduire », avait-elle aussi expliqué lors d'une conférence aux côtés de Thomas Jordan, président de la Banque nationale suisse (BNS), mi-mai. Et on entend le terme « atterrissage en douceur » resurgir, ce qui est « le dénouement probable cette année », a-t-elle poursuivi.

« Mais accrochez vos ceintures car nous n'avons pas encore tout à fait atterri », a-t-elle ajouté. « L'inflation est en baisse mais elle n'est pas éliminée », a-t-elle argumenté lors de cette conférence organisée par l'Institut suisse de recherches internationales à l'Université de Zurich.

Autant de facteurs qui laissent maintenant la Banque mondiale penser que, si la croissance « devrait s'améliorer d'ici la fin de l'année », elle devrait tendanciellement connaître « la demi-décennie avec la croissance la plus faible depuis 1990 », a ajouté Indermit Gill, lundi.

Commentaires 3
à écrit le 13/06/2024 à 10:20
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Après confinements et politiques sécuritaires hygiénistes extrêmes, merci.

à écrit le 12/06/2024 à 5:20
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Croissance chinoise de plus de 5,3% pour le premier trimestre. Si on compare cette derniere avec celle de l'europe, il n' y a pas photo. Pourquoi dire que tout est a l'arret. Indonesie, Vietnam, Coree, Chine etc... L'ignorance dans ce journal d'eco...

à écrit le 11/06/2024 à 19:19
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"Les stigmates du Covid" : Euh, non, le Covid n'a laisse aucun stigmates. Le confinement a laisse des stigmates

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