Keir Starmer affronte sa première tempête

Le triple meurtre de fillettes lundi a déclenché des émeutes racistes dans plusieurs villes du pays. Le nouveau Premier ministre britannique peine à éteindre l’incendie.
(Crédits : © LTD / Andy Barton / SOPA Images/Reuters)

L'état de grâce aura été de courte durée. Moins d'un mois après sa victoire écrasante aux élections générales, le Premier ministre britannique Keir Starmer traverse déjà une crise. Depuis cinq jours, le royaume est le théâtre d'émeutes violentes de groupes xénophobes. Et s'il multiplie les messages de fermeté, le travailliste semble pour l'instant incapable de faire baisser la température. À l'origine de l'embrasement, il y a ce fait divers survenu lundi à Southport, dans le nord-ouest de l'Angleterre. Alors qu'était donné un cours de danse dans une salle de la ville, un individu a surgi et poignardé plus d'une dizaine de fillettes. Trois d'entre elles n'ont pas survécu. Le suspect, un Britannique d'origine rwandaise de 17 ans, a été immédiatement interpellé et placé en détention. Pas suffisant, ont rugi des organisations d'extrême droite qui ont appelé dès le lendemain à une veillée à Southport.

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Le rassemblement de 200 à 300 personnes a très vite dégénéré en affrontements avec la police. Appelant à un « contre-djihad », les émeutiers ont tenté de s'en prendre à une mosquée. Les enquêteurs ont eu beau préciser par la suite que les meurtres de  Southport ne constituaient pas un acte terroriste aux motivations religieuses, le mouvement a gagné d'autres villes du royaume, comme Manchester ou Hartlepool (nord-est). Le centre de Londres a également été touché. Vendredi soir, c'est la ville de Sunderland qui a connu des troubles. Le Home Office, le ministère de l'Intérieur outre-Manche, dit craindre une trentaine de défilés pour ce week-end. Si elles ne rassemblent au mieux que quelques centaines de personnes, ces « manifestations » sont parfaitement organisées.

À leur tête, on trouve la Ligue de défense anglaise, un mouvement extrémiste et anti-islam, proche des milieux du hooliganisme. L'influence de Nigel Farage, le patron du très xénophobe Reform UK, qui a récolté 14% des suffrages aux législatives de juillet, n'est pas non plus à négliger. Depuis lundi, il multiplie les messages sur X, insinuant que le nouvel exécutif cache des choses aux Britanniques. Keir Starmer a bien tenté d'éteindre l'incendie en se rendant en personne à Southport. Il y a dénoncé le rôle néfaste des réseaux sociaux, où se déversent ces derniers jours rumeurs et fausses informations. Le chef du gouvernement a ensuite annoncé la création d'une unité antiémeute au sein de la police.

Mais ces déclarations et mesures restent jusqu'à maintenant sans effet. Cette affaire de Southport montre com- bien la question migratoire, instrumentalisée par des mouvements xénophobes mais aussi par une partie des conservateurs, pourrit la vie politique britannique. Déjà, Rishi Sunak, le prédécesseur de Starmer, avait promis de juguler l'arrivée de clandestins. Il prévoyait notamment d'envoyer les demandeurs d'asile au Rwanda, le temps que leur dossier soit examiné. Il n'a jamais pu mener à bien ce projet très controversé. En mettant 100 millions d'euros sur la table, Keir Starmer a lui aussi affirmé qu'il faisait de ce dossier une priorité. Mais, pour l'instant, il est surtout occupé à empêcher le chaos que veut déclencher l'extrême droite.

Commentaire 1
à écrit le 04/08/2024 à 7:30
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Où quand les humains se bouffent entre eux, nos dirigeants sont nuls. "Si vous ne trouvez plus rien cherchez autre chose" Brigitte Fontaine

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