Élections britanniques : à Londres, les tories menacés dans leurs fiefs

Plusieurs quartiers de la capitale anglaise historiquement ancrés à droite pourraient choisir des élus du Labour. Reportage.
Rachel Blake (au centre), candidate dans la circonscription de Cités de Londres et Westminster, le 22 mai.
Rachel Blake (au centre), candidate dans la circonscription de Cités de Londres et Westminster, le 22 mai. (Crédits : © LTD / LUCY NORTH//PA WIRE/ABACAPRESS)

Située dans le coeur historique de la capitale anglaise, la circonscription des Cités de Londres et Westminster ne ressemble pas vraiment à un bastion de la gauche : boutiques de luxe, places fortes financières, attractions touristiques et nombreux appartements cossus... La circonscription, solidement ancrée à droite, vote conservateur depuis 1950. Pourtant, elle pourrait pour la première fois tomber dans l'escarcelle des travaillistes. La candidate travailliste Rachel Blake y devance son homologue conservateur, Tim Barnes, d'une courte tête.

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« Le bilan des conservateurs à la tête du pays est absolument catastrophique, affirme, au pied des tours de verre, une électrice en tailleur perchée sur ses talons. Boris Johnson a été le pire Premier ministre que j'ai connu et le Brexit est un désastre pour le pays. L'économie se porte mal, les services publics sont en lambeaux... Il est grand temps qu'ils quittent le pouvoir. » Travaillant dans un cabinet de conseil, elle se définit comme indépendante et affirme avoir déjà voté pour les conservateurs et les Libéraux-Démocrates (parti centriste) par le passé mais souhaite désormais donner leur chance aux travaillistes.

Désamour croissant

Les conservateurs bientôt chassés de Londres ? Un sondage Ipsos n'attribue que 4 sièges à la droite à l'issue de l'élection, contre 20 actuellement. Penchant traditionnellement plutôt à gauche, la capitale éprouve un désamour croissant pour les conservateurs à la suite du Brexit, contre lequel les Londoniens ont voté à 60 % (contre 48 % des Britanniques).

« Les travaillistes ne sont pas parfaits, mais c'est le parti qui me semble incarner le mieux les idéaux de justice, de liberté et d'égalité dont nous avons grand besoin actuellement », confie une femme arborant un pin's aux couleurs de la Palestine croisée non loin de l'abbaye de Westminster.

Un vote de résignation

Des électeurs prêts à voter conservateur semblent davantage procéder par calcul ou résignation que par conviction. « Je ne suis pas convaincu par le bilan des conservateurs, mais comme les travaillistes sont partis pour avoir une forte majorité, je vais quand même voter pour eux afin que l'on garde un certain équilibre, affirme un homme en costume et cravate qui travaille pour une banque d'investissement. Je n'aime pas quand les choses vont trop loin dans une direction donnée. »

Avec ses ravissantes maisons colorées, devant lesquelles s'alignent les voitures de luxe, ses rues proprettes et ses adolescents dans leur uniforme impeccable qui rentrent de leur école privée, on peine à s'imaginer que Chelsea vote à gauche. Le revenu des résidents y est trois fois supérieur à la moyenne nationale, et il faut débourser plus de 2 millions de livres sterling (2,3 millions d'euros) pour y acquérir un logement. Pourtant, ce quartier résidentiel pour familles aisées situé dans l'Ouest londonien (circonscription électorale de Chelsea et Fulham) pourrait lui aussi connaître un basculement historique au profit des travaillistes. L'élu conservateur Greg Hands est contraint d'y mener une campagne acharnée pour sa réélection face à son opposant travailliste, Ben Coleman.

Conscients de la déconfiture que connaît le Parti conservateur dans l'opinion publique, les soutiens de Greg Hands donnent l'impression de mener une campagne locale plutôt que nationale : « Greg Hands vit dans le quartier et a une conscience très claire des problématiques que connaissent les résidents ; il se battra pour la communauté et les commerces locaux », nous confie ainsi une jeune femme dynamique qui conduit un groupe de militants tractant pour le candidat conservateur.

Un autre habitant du quartier qui vote traditionnellement pour les Libéraux-Démocrates affirme quant à lui qu'il portera son choix sur les travaillistes pour des questions tactiques : « Seul Coleman a de vraies chances de battre les conservateurs. C'est tout ce qui m'importe. »

Commentaires 2
à écrit le 01/07/2024 à 7:52
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"Élections britanniques : à Londres, les tories menacés dans leurs fiefs" Toutes les capitales du monde de Paris à Tokyo sont criblées de gauchistes notamment résidents étrangers multipasseports néanmoins ces derniers représentent une part très...

à écrit le 30/06/2024 à 8:27
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Bravo aux anglais d'avoir résisté à la mode néo fasciste. Des résistants dans l'âme visiblement.

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