Élections britanniques : vers une vague rouge ?

Les législatives du 4 juillet prochain donnent les travaillistes gagnants face aux conservateurs plombés par l’inflation et la dégradation des services publics.
Sir Keir Starmer, leader du parti de gauche, en visite au temple hindou Shree Swaminarayan Mandir à Londres, le 28 juin.
Sir Keir Starmer, leader du parti de gauche, en visite au temple hindou Shree Swaminarayan Mandir à Londres, le 28 juin. (Crédits : © LTD / Stefan Rousseau/PA Wire/ABACAPRESS.COM)

Alors que les élections britanniques approchent, le scénario d'un raz de marée travailliste semble se confirmer. Une victoire qui mettrait fin à quatorze années de règne des conservateurs, arrivés au pouvoir avec l'élection de David Cameron en 2010. Un récent sondage Ipsos donne ainsi 453 sièges aux travaillistes contre 115 aux conservateurs, soit une majorité écrasante de 256 sièges en faveur de la gauche britannique. Un score historique, puisqu'il battrait largement la majorité de 179 sièges remportée par Tony Blair en 1997, jusqu'à présent la plus large victoire jamais remportée lors d'une élection britannique.

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Au total, 650 sièges sont à pourvoir « Dans notre modèle, 117 sièges demeurent très fortement contestés, de petites variations peuvent donc avoir un gros impact ; cependant, les choses se présentent très bien pour les travaillistes », précise Keiran Pedley, responsable Opinions pour le Royaume-Uni chez Ipsos, à La Tribune Dimanche. Le Parti conservateur pourrait être pratiquement éradiqué de certaines régions du pays, parmi lesquelles Londres, le nord-est et le nord-ouest de l'Angleterre, ainsi que le pays de Galles. Rishi Sunak lui-même pourrait être battu dans sa ville de Richmond, dans le nord du Yorkshire, devenant le premier dirigeant britannique en exercice à perdre son siège lors d'une élection. Un camouflet pour le parti qui avait remporté une confortable victoire en 2019, laquelle avait conduit Boris Johnson à prendre la tête du pays.

Au Royaume-Uni, le scrutin est uninominal à un tour : autrement dit, le candidat qui obtient le plus de voix l'emporte, même s'il n'a pas la majorité absolue. Le régime est en outre parlementaire, ce qui signifie que le parti qui possède la majorité à la Chambre des communes exerce également le pouvoir exécutif et nomme le Premier ministre. En cas de victoire travailliste, les jours de Rishi Sunak au 10 Downing Street seraient donc comptés. Il devrait selon toute vraisemblance être remplacé par le chef du Parti travailliste, Keir Starmer. Contrairement à son prédécesseur Jeremy Corbyn, celui-ci a fait campagne sur un programme modéré susceptible d'attirer les électeurs centristes.

Une possible percée de Reform UK

Outre l'ampleur de la défaite des conservateurs, le scrutin pourrait être marqué par une percée de Reform UK, un nouveau parti anti-immigration dirigé par Nigel Farage, l'un des artisans du Brexit. Il pourrait réunir 15 % des suffrages et même passer devant les conservateurs.

L'événement majeur des quatorze années de règne de la droite est bien sûr le Brexit, dont l'actuel Premier ministre, Rishi Sunak, a été un ardent défenseur. Celui-ci va naturellement jouer un rôle dans l'élection, et ce en la défaveur des conservateurs, mais de manière un peu plus subtile qu'on pourrait le penser.

Les électeurs jugent sévèrement le Brexit, c'est ce qui les conduit à vouloir changer de majorité

Keiran Pedley (Ipsos)

« Nos sondages montrent qu'une majorité du public considère que le Brexit a eu un impact négatif sur le pays, explique Keiran Pedley. Toutefois, les questions liées à la souveraineté et aux liens avec l'UE ne figurent plus parmi les priorités des électeurs : il y a peu d'appétence pour rouvrir ce dossier et évoquer un retour dans l'UE, par exemple, tant cette question a divisé le pays et mis du temps à être résolue. » En revanche, le Brexit joue encore un rôle de manière indirecte, à travers la question de l'immigration. « Celle-ci demeure la motivation principale des électeurs qui ont voté conservateur en 2019, assure l'expert d'Ipsos. C'est pourquoi Rishi Sunak a beaucoup insisté sur cette question récemment. C'est également ce qui explique la montée de Reform UK : sur dix électeurs conservateurs qui ont déserté au profit du parti de Nigel Farage, sept citent l'immigration comme le sujet prioritaire. »

Un système de santé aux abois

Pour Lord Robert Hayward, un ancien parlementaire conservateur britannique, c'est moins le Brexit en lui-même que la façon dont il a été mené qui est jugée sévèrement par les électeurs. « Les négociations autour du Brexit ont été conduites de manière chaotique par Boris Johnson, estime-t-il. Un certain nombre de questions, comme celle de l'Irlande du Nord, n'ont pas été clairement résolues. Dans la tête des électeurs, le Brexit est associé à un chaos général que connaît le pays depuis 2019. C'est cela qu'ils jugent sévèrement et qui les conduit à vouloir changer de majorité. »

Si la question du Brexit continue de jouer un rôle (bien qu'indirect) dans le choix des électeurs britanniques, elle est loin d'être le seul déterminant. Selon l'institut Ipsos, la priorité pour les électeurs est l'état du NHS, le système de santé public britannique, qui connaît actuellement des dysfonctionnements majeurs après des années de coupes budgétaires et des goulets d'étranglement qui se sont accumulés durant le Covid. Viennent ensuite les questions économiques.

« Pour les 40 à 45 % d'électeurs qui s'apprêtent à voter travailliste, la motivation principale est le sentiment que les services publics, en tête desquels le NHS, ne cessent de se dégrader ; vient ensuite l'inflation galopante qu'a connue le pays depuis plusieurs années et son impact sur le coût de la vie », résume Keiran Pedley. Autant de sujets sur lesquels les électeurs jugent sévèrement le bilan des conservateurs, les incitant à donner sa chance à l'opposition de gauche.

Commentaire 1
à écrit le 30/06/2024 à 8:26
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Surprenant anglais mais leur oligarchie est la seule aa avoir résisté à la gangrène nazie durant la seconde guerre mondiale alors que cette vague était très à la mode dans les grandes familles européennes qui se osnt grassement enrichies sur l'idéolo...

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