Etats-Unis  : la Fed attend une inflexion plus prononcée de l'inflation pour baisser les taux

Les responsables de la banque centrale américaine (Fed) ont estimé, lors de leur dernière réunion, qu'il était préférable de faire preuve de patience et de rester « très attentifs aux risques d'inflation », même si cette dernière continue de ralentir aux Etats-Unis.
Pour les responsables de la Fed, dont Jerome Powell, son président, il est préférable de maintenir les taux à leur niveau actuel dans un contexte de « taux de chômage faible ».
Pour les responsables de la Fed, dont Jerome Powell, son président, il est préférable de maintenir les taux à leur niveau actuel dans un contexte de « taux de chômage faible ». (Crédits : Kevin Lamarque)

La Fed joue la prudence. A l'occasion de leur dernière réunion, les 11 et 12 juin, les responsables de la banque centrale américaine ont estimé que « lors des récents mois, les progrès vers la cible de 2% d'inflation ont été modestes » et que, dans un contexte de « taux de chômage faible », il était préférable de maintenir les taux à leur niveau actuel.

Après une baisse continue en 2023, l'inflation américaine a connu un léger rebond début 2024 avant de légèrement ralentir, repoussant de fait un premier mouvement à la baisse des taux. Pour rappel, celui-ci était initialement attendu par les marchés durant le deuxième trimestre de l'année. Pour l'instant, la Fed continue de maintenir ses taux à leur niveau actuel dans une fourchette comprise entre 5,25% et 5,50%, au plus haut depuis le début du XXIe siècle.

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Comme répété à de nombreuses reprises par son président Jerome Powell, la Fed continuera de faire « le point sur les données et l'évolution de la perspective, ainsi que la balance des risques », selon le compte-rendu de la réunion.

Vers une baisse des taux en septembre ?

La Fed dispose d'un double mandat, visant à favoriser au maximum le plein-emploi tout en maintenant l'inflation autour de sa cible de 2%. Si aucun des deux mandats n'est prioritaire sur l'autre, la situation sur le marché de l'emploi, avec un chômage au plus bas autour de 3,8% depuis la fin de la pandémie de Covid-19, permet au comité de politique monétaire de Fed (FOMC) de se concentrer sur la lutte contre une inflation, jusqu'ici persistante.

Néanmoins, le ralentissement de la création de nouveaux emplois et celui de l'inflation, inscrite à 2,6% sur un an au mois de mai selon l'indice PCE, privilégié par la Fed, permettent à l'institution d'envisager un « rééquilibrage des risques » macroéconomiques sur l'année écoulée.

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Présent lors d'un forum des banques centrales mardi dernier à Sintra (Portugal), Jerome Powell a fait référence à la courbe de Beveridge, concept économique représentant la relation entre le taux de chômage et le nombre d'emplois vacants. Il a ainsi estimé que ces derniers baissaient rapidement, ce qui devrait se matérialiser par une légère remontée du chômage. Il s'est également montré satisfait de la trajectoire de l'inflation, mais a ajouté que la Fed ne la voit pas « revenir à 2% dès cette année ou même l'année prochaine, peut-être en fin d'année prochaine mais plutôt l'année d'après », en 2026.

Des signes de ralentissement de l'économie américaine

La prochaine réunion de la Fed aura lieu les 30 et 31 juillet. Les marchés anticipent une première action à la baisse sur les taux lors de la suivante, prévue les 17 et 18 septembre. C'est une hypothèse d'autant plus vraisemblable que le marché américain s'est ainsi réjoui mercredi d'une série d'indicateurs allant dans le sens d'un ralentissement de la première économie mondiale.

Le secteur privé a ainsi créé 150.000 emplois en juin, selon le cabinet ADP, soit moins que les 165.000 attendus par les économistes. Et les nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage ont encore progressé. L'indice ISM d'activité dans les services aux Etats-Unis s'est en outre rétracté à 48,8 en juin, contre 53,8 en mai,

Malgré tout, « le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee - l'un des membres les plus pessimistes du FOMC - a déclaré à la BBC que la Fed avait besoin de beaucoup plus de données avant de réduire ses taux », a relevé Robert Carnell, chef économiste en Asie-Pacifique chez la banque néerlandaise ING. Adriana Kugler, une gouverneure de la Fed, s'était montrée quant à elle mi-juin « prudemment optimiste » quant à la trajectoire de l'inflation, et avait estimé que les taux pourront commencer à être abaissés d'ici la fin de l'année.

« Si je reste prudemment optimiste quant à la baisse de l'inflation, celle-ci est encore trop élevée et ne diminue que lentement », a-t-elle déclaré lors d'un discours à la Brookings institution. « Nous devons progresser davantage vers une inflation de 2% avant d'être convaincus que l'inflation se rapproche durablement de cet objectif ».

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 04/07/2024 à 10:13
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C'est peut être que l'économie Américaine est en surchauffe.

à écrit le 04/07/2024 à 9:00
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C'est marrant comme aux Etats Unis les banques se taisent devant la volonté suprême américaine je suppose qu'elles n'ont pas été sauvées lors de la crise des subprimes sans contreparties.

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