La Fed devrait maintenir ses taux directeurs mardi, à rebours de la Banque centrale européenne

La gardienne du dollar devrait maintenir ses taux entre 5,25% et 5,50% lors de sa réunion qui se tiendra mardi et mercredi. Un statu quo monétaire, dû à une inflation résilience, qui trancherait avec la décision de la Banque centrale européenne qui a actée une première baisse jeudi.
La prochaine réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale européenne, le FOMC, débutera mardi matin.
La prochaine réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale européenne, le FOMC, débutera mardi matin. (Crédits : Reuters)

L'heure de la baisse ne semble pas encore arrivée aux Etats-Unis. Alors que la prochaine réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale européenne, le FOMC, débutera mardi matin, et s'achèvera mercredi à la mi-journée, nombre d'analystes estime que la Fed devrait maintenir ses taux à leur plus haut niveau en 20 ans. La décision sera actée dans son communiqué qui sera publié à 14h (20h à Paris),  puis détaillée par son président, Jerome Powell, tiendra une conférence de presse une demi-heure plus tard.

Reste que les observateurs en sont déjà convaincus : « La Réserve fédérale maintiendra ses taux inchangés, entre 5,25 et 5,50% », avance Gregory Daco, chef économiste pour EY Parthenon. Mais, prévient-il, « c'est tout ce que nous savons. Le reste de la communication de la Fed est au mieux inconnue, voire floue ».

Après avoir relevé ses taux face à la forte inflation, entre mars 2022 et juillet 2023, pour durcir les conditions de financements (des obligations et par ricochet des crédits bancaires) et juguler l'inflation, la Fed réfléchit désormais à les abaisser.

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Une inflation résiliente

Mais, pour lancer le mouvement, les responsables de l'institution veulent être certains que les prix cessent de flamber. Or, le début de l'année n'a pas apporté de bonnes nouvelles sur ce front, avec un rebond de l'inflation.

« La Fed reste concentrée sur l'inflation », et ce sont ces données qui « vont déterminer si la Fed baisse ses taux en septembre ou non », souligne Krishna Guha, économiste pour Evercore, société de conseil en investissements.

Après un rebond début 2024, l'inflation aux Etats-Unis est restée stable en avril à 2,7% sur un an, selon l'indice PCE privilégié par la Fed, et a même reculé selon l'indice CPI -sur lequel sont indexées les retraites -, à 3,4% sur un an. Reste que ces deux indices sont encore très loin de l'objectif de 2% fixé par l'institution.

Dans le même temps, la croissance au premier trimestre a ralenti à 1,3% en rythme annualisé, suivant enfin la courbe souhaitée par la Fed, dont les hausses de taux visent à provoquer un ralentissement volontaire de l'activité économique, afin de desserrer la pression sur les prix. Cependant, les chiffres de l'emploi publiés vendredi laissent planer le doute quant à l'évolution de l'économie. Le taux de chômage a certes grimpé à 4% en mai,repassant au-dessus de cette barre symbolique pour la première fois depuis janvier 2022. Mais les créations d'emploi ont elles été bien plus nombreuses qu'attendu.

« Ce rapport mitigé compliquera le travail de la Fed (alors qu'un) rapport plus mesuré » était attendu, et « aurait renforcé la confiance dans le bien-fondé d'une baisse des taux en juillet ou en septembre », a ainsi averti Julia Pollak, cheffe économiste du site d'annonces d'emploi ZipRecruiter.

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Tous les regards portés sur la date de la première baisse

Dans ce climat incertain, le temps fort de la réunion de la Fed mardi et mercredi sera la publication des prévisions économiques actualisées. Les responsables de l'institution diront notamment s'ils envisagent toujours de baisser les taux en 2024, et à combien de reprises.

« S'il n'est pas inhabituel que les décideurs de la Fed se montrent extrêmement prudents à l'approche du début d'un nouveau cycle de politique monétaire, l'attention et le débat autour du calendrier de la première baisse des taux de la Fed sont devenus excessifs », relève encore Gregory Daco.

Les acteurs du marché sont de plus en plus nombreux à anticiper une première baisse des taux pour novembre, et non plus pour septembre. Et plus de la moitié d'entre eux voient une seule baisse ou pas de baisse du tout en 2024, selon l'évaluation de CME Group. Daniel Vernazza, chef économiste pour UniCredit Bank, dit ainsi s'attendre à ce que les responsables de la Fed envisagent majoritairement « deux réductions de taux cette année, contre trois » lors de la réunion de mars. « Mais il ne serait pas surprenant » non plus, selon lui, qu'ils ne tablent que sur « une seule réduction cette année ».

La BCE a effectué une première baisse des taux

Pendant que les interrogations s'accumulent aux Etats-Unis, sur le Vieux continent, la première baisse a été actée par la Banque centrale européenne (BCE). Cette dernière a baissé de 0,25 point de pourcentage ses taux directeurs, jeudi, pour la première fois depuis 2019. Et pour cause, la hausse des prix, que la BCE veut, elle aussi, à tout prix voir revenir à 2%, s'est établie à 2,6% sur un an en mai, en forte baisse par rapport à son record de 10,6% atteint en octobre 2022.

Si les taux directeurs s'établissent désormais entre 3,75% et 4,5%, la présidente de la gardienne de l'euro, Christine Lagarde a aussi prévenu que la suite serait incertaine en raison de la volatilité de l'inflation. Elle a notamment prévenu que « Nous maintiendrons des taux directeurs suffisamment restrictifs aussi longtemps que nécessaire pour atteindre cet objectif (de 2%, NDLR) », précisant que « le Conseil des gouverneurs ne s'engage pas au préalable sur une trajectoire de taux particulière. »

Un consensus entre les banquiers « colombes », partisans d'un cap monétaire souple, et les « faucons » adepte de l'orthodoxie monétaire sera difficile à trouver ces prochains mois. « Cela ne veut pas dire qu'à la réunion suivante il y aura une autre baisse des taux », avait d'ailleurs déjà prévenu, fin mars le « faucon » Joachim Nagel, président de la Banque centrale allemande. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a plaidé quant à lui pour « un maximum d'optionnalité », la BCE devant garder sa « liberté sur le timing et le rythme ».

Au cœur des futurs choix de l'institution : encore et toujours l'inflation. « Malgré les progrès réalisés au cours des derniers trimestres, les pressions sur les prix intérieurs restent fortes, la croissance des salaires étant élevée, et l'inflation devrait rester supérieure à l'objectif jusqu'à l'année prochaine », a mis en garde Christine Lagarde, précisant que « les prochains mois continueront d'être mouvementés »

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 10/06/2024 à 10:33
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Une baisse pourquoi faire ? Pour le plaisir des marchés financiers ? Si c'est pour remettre une hausse en reconnaissant avoir baissé trop top çà ne ferait pas sérieux.

à écrit le 09/06/2024 à 11:19
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La baisse de la BCE est insignifiante, çà ne changera rien !

à écrit le 09/06/2024 à 10:48
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La BCE est mal geree depuis 2020

le 10/06/2024 à 20:40
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Surement encore un expert diplômé de HEC (hautes études communales

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