Etats-Unis : la Fed ne devrait baisser ses taux qu'à partir de novembre

La Réserve fédérale (Fed) devrait maintenir ses taux à leur plus haut niveau en 20 ans cette semaine lors de sa réunion, car l'inflation reste forte aux Etats-Unis, creusant ainsi l'écart avec son homologue européenne, la BCE, qui vient d'abaisser les siens.
Les responsables de la Fed diront cette semaine s'ils envisagent toujours de baisser les taux en 2024, et à quel rythme.
Les responsables de la Fed diront cette semaine s'ils envisagent toujours de baisser les taux en 2024, et à quel rythme. (Crédits : Joshua Roberts)

En annonçant, jeudi 6 juin, une baisse des taux, la Banque centrale européenne (BCE) semblait lui avoir grillé la politesse. Mais la Fed n'a pas du tout l'intention de vouloir l'imiter et devrait maintenir ses taux à leur plus haut niveau en 20 ans à l'occasion de la réunion du comité de politique monétaire, le FOMC,  qui débutera mardi matin, et s'achèvera mercredi à la mi-journée.

 « La Réserve fédérale maintiendra ses taux inchangés, entre 5,25 et 5,50% », anticipe ainsi Gregory Daco, chef économiste pour EY Parthenon. Mais, prévient-il, « c'est tout ce que nous savons. Le reste de la communication de la Fed est au mieux inconnue, voire floue ».

Pour lancer le mouvement, les responsables de l'institution veulent être certains que les prix cessent de flamber. On en est encore loin, même si l'inflation aux Etats-Unis est restée stable en avril à 2,7% sur un an, selon l'indice PCE privilégié par la Fed, et a même reculé selon l'indice CPI - sur lequel sont indexées les retraites - à 3,4% sur un an.

Une première baisse des taux attendue en novembre

« La Fed reste concentrée sur l'inflation » et ce sont ces données qui « vont déterminer si la Fed baisse ses taux en septembre ou non », souligne Krishna Guha, économiste pour Evercore, société de conseil en investissements. Les acteurs du marché sont de plus en plus nombreux à anticiper une première baisse des taux pour novembre, et non plus pour septembre. Et plus de la moitié d'entre eux voient une seule baisse ou pas de baisse du tout en 2024, selon l'évaluation de CME Group. « S'il n'est pas inhabituel que les décideurs de la Fed se montrent extrêmement prudents à l'approche du début d'un nouveau cycle de politique monétaire, l'attention et le débat autour du calendrier de la première baisse des taux de la Fed sont devenus excessifs », relève encore Gregory Daco.

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Le temps fort de la réunion de la Fed sera la publication des prévisions économiques actualisées. Les responsables de l'institution diront notamment s'ils envisagent toujours de baisser les taux en 2024, et à combien de reprises. Daniel Vernazza, chef économiste pour UniCredit Bank, dit ainsi s'attendre à ce que les responsables de la Fed envisagent majoritairement « deux réductions de taux cette année, contre trois » lors de la réunion de mars. « Mais il ne serait pas surprenant » non plus, selon lui, qu'ils ne tablent que sur « une seule réduction cette année ».

L'économie américaine a créé bien plus d'emplois que prévu en mai

La croissance au premier trimestre a ralenti à 1,3% en rythme annualisé, suivant enfin la courbe souhaitée par la Fed, dont les hausses de taux visent à provoquer un ralentissement volontaire de l'activité économique, afin de desserrer la pression sur les prix. Les chiffres de l'emploi publiés vendredi 7 juin, cependant, laissent planer le doute quant à l'évolution de l'économie. Le taux de chômage a certes grimpé à 4% en mai repassant au-dessus de cette barre symbolique pour la première fois depuis janvier 2022. L'économie américaine a créé bien plus d'emplois que prévu en mai avec 272.000 embauches, contre 165.000 le mois d'avant et 190.000 prévues. « Ce rapport mitigé compliquera le travail de la Fed », alors « qu'un rapport plus mesuré » était attendu, et « aurait renforcé la confiance dans le bien-fondé d'une baisse des taux en juillet ou en septembre », a ainsi averti Julia Pollak, cheffe économiste du site d'annonces d'emploi ZipRecruiter.

Ces chiffres sont en soi « une bonne nouvelle pour les travailleurs qui cherchent un emploi »,  a commenté Robert Frick de Navy Federal Credit Union. Mais pour la Bourse, ils signifient que le marché du travail est encore dynamique, soutenu aussi par une progression des salaires, ce qui éloigne a priori une prochaine réduction des taux de la Fed. A l'issue de la réunion, un communiqué sera publié mercredi à 14h00 (18h00 GMT), et le président Jerome Powell tiendra une conférence de presse une demi-heure plus tard.

« Encore un long chemin à parcourir avant que l'inflation revienne à notre objectif » (BCE)

La BCE, malgré une première baisse des taux depuis 2019, a aussi prévenu de son côté que la suite serait incertaine en raison de la volatilité de l'inflation. Servant de référence en zone euro, le taux sur les dépôts a été ramené à 3,75%. « L'inflation globale s'est nettement ralentie. Elle est en voie de revenir à 2% l'année prochaine, le niveau que nous visons et qui correspond à la stabilité des prix », a observé Christine Lagarde, présidente de la BCE dans une tribune publiée vendredi soir dans plusieurs journaux européens dont le quotidien français La Provence. « Mais il reste encore un long chemin à parcourir avant que l'inflation revienne à notre objectif, et le voyage ne se fera peut-être pas sans encombre. Il faudra faire preuve de prudence, de résolution et de persévérance. »

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 10/06/2024 à 9:04
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[« Mais il reste encore un long chemin à parcourir avant que l'inflation revienne à notre objectif, et le voyage ne se fera peut-être pas sans encombre. Il faudra faire preuve de prudence, de résolution et de persévérance. »] Meuh non, le politicien ...

à écrit le 10/06/2024 à 8:25
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Peut-être ! ^^

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