Aux Etats-Unis, les démocrates au purgatoire

Les bourdes de Joe Biden nourrissent les inquiétudes de son camp où les appels à son remplacement pour l’élection présidentielle de novembre se multiplient.
Le 11 juillet, Joe Biden annonce par erreur le « président Poutine » au moment d’accueillir Volodymyr Zelensky.
Le 11 juillet, Joe Biden annonce par erreur le « président Poutine » au moment d’accueillir Volodymyr Zelensky. (Crédits : © LTD / Matt Rourke/AP/SIPA)

Un bol d'air vivifiant sera-t-il suffisant ? Joe Biden a rejoint hier sa résidence de Rehoboth Beach, station balnéaire au bord de l'océan Atlantique dans le Delaware. Une parenthèse iodée bienvenue, après sa conférence de presse aux airs de consultation médicale jeudi soir. Dort-il assez ? Reconnaît-il avoir des défaillances ? Et surtout, pourrait-il toujours assumer un face-à-face avec Xi Jinping ou Vladimir Poutine dans deux ou trois ans ? Face au président, les journalistes ont relayé les inquiétudes des Américains, dont une bonne partie se soucie de sa capacité à assumer un second mandat. Sa désastreuse performance lors du premier débat de campagne avec Donald Trump, il y a deux semaines, a déclenché une hémorragie dans son camp. Chez les démocrates, les appels à quitter la course se multiplient.

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Qu'importe l'auscultation médiatique, Biden maintient le cap, agrippé à son pupitre. L'octogénaire se juge encore le seul en position de défaire son adversaire républicain dans quatre mois. « Son âge et son état de santé mis à part, le contexte dans lequel il a choisi de se représenter est différent du dernier scrutin, où les électeurs ont majoritairement rejeté Trump », raisonne Christopher Devine, professeur de science politique à l'Université de Dayton. Esquivant les interrogations les plus incisives, le président a tenté l'humour, en vain. Il a voulu démontrer sa vigueur, en parlant du contrôle des armes à feu avec une énergie démesurée... Mais s'est trahi lui-même en voulant mentionner Kamala Harris qu'il a appelée sa « vice-présidente Trump ».

La prestation de Joe Biden a confiné les démocrates « au purgatoire », analyse le journal Politico. D'un côté, les plus sceptiques jugent qu'il n'a pas apaisé leurs angoisses. De l'autre, ses soutiens les plus fidèles se sont rassurés au sujet de l'absence de trou de mémoire. « Mais au moindre manquement de sa part, ils perdront l'élection en novembre », prévient Peter Isackson, contributeur régulier à la revue d'analyse Fair Observer. La réticence des Ânes (symbole du parti démocrate) à aller de l'avant, soit en resserrant les rangs derrière leur général, soit en marquant une rupture claire avec le candidat, est le symptôme d'un problème de fond : « En éclipsant tout le monde, par défaut plus que par ambition, Biden symbolise l'incapacité du parti démocrate à se renouveler », poursuit Peter Isackson.

Les craintes d'Obama et de Pelosi

Le soutien des têtes du parti semble encore verrouiller sa nomination, alors que l'écart se creuse avec Trump. Certains États résolument démocrates pourraient même devenir des « swing States ». Michigan, Wisconsin, Pennsylvanie... Il s'agit pour le progressiste de faire tenir les briques du « Mur bleu », cet ensemble de régions qui l'ont élu en 2020 mais qui sont en passe de rougir. « Le fait que la Virginie ou le New Hampshire puissent basculer républicains en dit long sur le retard de Biden », ajoute Christopher Devine.

Un réseau anti-Biden est d'ailleurs en train de se développer. Le média Axios rapporte que des vétérans de précédentes administrations tentent de trouver un remplaçant au candidat récalcitrant. Nancy Pelosi, l'ancienne cheffe de file à la Chambre des représentants, a rencontré Barack Obama jeudi. Ils ont partagé leurs craintes respectives, selon CNN. Dix-huit députés et un sénateur de sa famille politique ont appelé Joe Biden à céder sa place. Michael Bennett, représentant du Colorado, assure que les démocrates ont « une obligation morale de prouver au pays [qu'ils peuvent] gagner ». Ils ont quelques jours pour se mettre d'accord. La convention du parti avalisera son champion dans un mois.

Commentaire 1
à écrit le 14/07/2024 à 6:58
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Et la tentative d’assassinat sur Trump va enfoncer le clou.

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