Présidentielle américaine : l’inflation au cœur d’un premier débat confus entre Joe Biden et Donald Trump

Le président des Etats-Unis, Joe Biden, et son rival, l'ex-président républicain Donald Trump, avaient rendez-vous, jeudi, pour un premier duel télévisé en vue de l'élection présidentielle de novembre. Un débat chaotique où, entre les invectives personnelles, s'est imposé le thème de l'inflation qui rogne le pouvoir d'achat des Américains depuis 2021.
Joe Biden et Donald Trump ont ferraillé, jeudi, lors d'un premier télévisé en vue de l'élection présidentielle de novembre prochain.
Joe Biden et Donald Trump ont ferraillé, jeudi, lors d'un premier télévisé en vue de l'élection présidentielle de novembre prochain. (Crédits : Reuters)

Premier round. A quelques mois de l'élection présidentielle de novembre, les deux prétendants à la Maison Blanche, l'actuel locataire, le président Joe Biden, et l'ex-président Donald Trump, avaient rendez-vous, jeudi, à Atlanta (Géorgie) pour un premier débat télévisé. Donald Trump enchaînant avec aplomb les affirmations mensongères, Joe Biden se montrant offensif sur le fond mais très embrouillé sur la forme.

Les deux candidats à la présidentielle américaine ont ferraillé sur l'inflation, l'immigration ou l'Ukraine pendant leur premier duel. « L'inflation tue notre pays », a affirmé d'emblée l'ancien président républicain de 78 ans, extrêmement à l'aise, reprenant un argument qu'il sait porteur auprès des Américains, et assurant que son rival faisait du « mauvais travail », malgré la croissance robuste et l'emploi au beau fixe.

Le démocrate de 81 ans, à la voix souvent enrouée devant les caméras de CNN, la chaîne organisatrice du débat, a attaqué sur un sujet qu'il sait délicat pour le milliardaire, en lui reprochant son action « terrible » contre le droit à l'avortement. Il a aussi accusé Donald Trump de « mentir » en affirmant que l'immigration clandestine faisait flamber la criminalité, avant d'aller sur un terrain plus personnel.

Le démocrate a rappelé que son adversaire était un « repris de justice », après avoir été jugé coupable dans une affaire de paiements dissimulés à une ancienne actrice de films X, et a jugé qu'il avait le « sens moral d'un dépravé », le traitant à plusieurs reprises de « pleurnichard ».

Un système judiciaire « truqué », selon Trump

« Je n'ai rien fait de mal », a répliqué l'ancien président, inculpé dans plusieurs autres affaires, en affirmant que le système judiciaire était « truqué ». Le républicain, qui n'a jamais concédé sa défaite en 2020, ne s'est pas engagé à reconnaître sans condition le verdict des urnes en novembre, assurant qu'il l'accepterait si l'élection était « juste et équitable ».

Donald Trump, sans aller jusqu'aux insultes dont il émaille ses discours de campagne, a lui affirmé que son rival n'était « pas taillé » pour être président, et le présentant comme un dirigeant faible. « Il est devenu comme un Palestinien, mais ils ne l'aiment pas parce que c'est un très mauvais Palestinien. Un (Palestinien) faible », a lancé le républicain, en référence à la politique de Joe Biden face au conflit entre Israël et le Hamas. La guerre en Ukraine n'aurait jamais eu lieu si les Etats-Unis avaient un « leader », a-t-il aussi assuré.

Donald Trump a aussi mis au défi Joe Biden de se soumettre à un « test cognitif », en fanfaronnant qu'il en avait lui-même passé deux et qu'il avait « brillé », avant de vanter ses performances au golf pendant que son rival arborait un sourire moqueur.

L'ancien promoteur immobilier a multiplié les affirmations mensongères et les exagérations, sans intervention des deux journalistes de CNN animant la soirée. Ces derniers, en plus de poser des questions, ont essentiellement veillé au respect du temps de parole de chacun, coupant le micro dès qu'il était écoulé, ce qui a empêché les interruptions intempestives.

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Des Américains très divisés

Les deux hommes, qui se détestent franchement, ne s'étaient pas serré la main en arrivant sur le plateau de la chaîne CNN. Selon un reporter brièvement admis sur le plateau, ils n'ont pas échangé un regard pendant la première pause publicitaire.

Le débat, sauf surprise, ne devrait pas faire beaucoup bouger les lignes, dans un pays où la polarisation politique est extrême. Mais l'enjeu n'en est pas moins énorme : si l'un des deux candidats arrive à séduire quelques électeurs indépendants, cela pourrait suffire à lui donner l'avantage en novembre, tant le scrutin s'annonce serré.

Pour cela, Joe Biden doit en particulier rassurer sur sa vitalité et sa santé, et à cet égard, sa prestation jeudi risque fort d'être vue comme une occasion manquée, même s'il a gagné en aisance au fil du débat.

« Je ne comprends rien à ce qu'il dit, n'est-ce pas triste ? », a lancé Hazel Reitz, 55 ans, assistant à un visionnage du débat organisé par le parti républicain à San Francisco. Elle n'en votera pas moins pour le démocrate en novembre.

L'inflation : un thème au cœur de la campagne américaine

« Il a causé l'inflation. Je lui ai laissé un pays avec quasiment pas d'inflation, c'était parfait », a encore déploré Donald Trump. Signe de son importance, la question de la hausse des prix qui réduit le pouvoir d'achat des Américains depuis 2021 a ouvert le débat entre les deux candidats. Joe Biden a lui accusé son prédécesseur d'avoir « réellement décimé l'économie. C'est pour cela qu'il n'y avait pas d'inflation ». « Nous travaillons à faire baisser les prix des produits sur la table de la cuisine, et nous allons y parvenir », a assuré le démocrate.

Cette semaine, 16 Nobels d'économie ont signé une lettre, dans laquelle ils se disent « profondément préoccupés par les risques d'un second mandat Trump pour l'économie américaine ». Entre les hausses des droits de douane promises, les baisses d'impôts prolongées, ou encore les reconduites d'étrangers à la frontière, ce qui réduirait drastiquement la main d'œuvre disponible, l'inflation pourrait revenir en force. « Il existe une vraie crainte que Donald Trump ne ravive cette inflation, avec ses budgets fiscalement irresponsables », alertent ces économistes, parmi lesquels Joseph Stiglitz, Claudia Goldin - dernière lauréate en date -, ou encore George Akerlof - mari de l'actuelle secrétaire au Trésor, Janet Yellen.

Logement, alimentation, loisirs... les prix ont grimpé d'environ 20% depuis que Joe Biden est arrivé à la Maison Blanche en janvier 2021. Contre à peine 6% au cours du mandat de Donald Trump. Après un pic à 9,1% en juin 2022, l'inflation a fortement baissé depuis, et n'était plus, le mois dernier, que de 3,3%.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 28/06/2024 à 17:01
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"premier débat confus " ... à l' EHPAD. C'est à vous filer le "blues" !

à écrit le 28/06/2024 à 14:24
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La prestation de Biden a été très mauvaise, tout le monde sait qu'il a perdu

à écrit le 28/06/2024 à 7:53
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Il y a un épisode culte des Simpsons sur les élections américaines qui je trouve met cette mascarade électorale présidentielle particulièrement bien en lumière. Attention amis américains, à l'ère d'internet votre perpétuel grand spectacle se voit de ...

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