« Il n’y a aucun accord avec la Macronie » (Pierre-Henri Dumont, député LR sortant)

ENTRETIEN - L'ancien député se représente dans la 7e circonscription du Pas-de-Calais.
Pierre-Henri Dumont se représente dans la 7e circonscription du Pas-de-Calais.
Pierre-Henri Dumont se représente dans la 7e circonscription du Pas-de-Calais. (Crédits : © LTD / Karim Daher/Hans Lucas)

LA TRIBUNE DIMANCHE - Éric Ciotti est toujours président des Républicains malgré son accord passé avec le RN. Où en est la situation au sein du parti ?

PIERRE-HENRI DUMONT - Un bureau politique a été demandé par un quart de ses membres, conformément à nos statuts, et il se réunira dans les prochains jours pour pouvoir définitivement exclure Éric Ciotti de LR. S'il l'empêche de se réunir pour des questions de forme, ça démontrera toute la petitesse du personnage.

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La confusion entre les étiquettes ne risque-t-elle pas de porter préjudice aux candidats restés indépendants dans leur démarche ?

Au contraire, je pense que ça permet de clarifier. Le fait d'avoir été très clairs par rapport au Rassemblement national permet aux députés LR bien implantés de ressouder leurs électeurs et de bénéficier, aussi, d'un meilleur report de voix au second tour. Nos militants et nos électeurs s'inquiétaient déjà de la dérive d'Éric Ciotti, qui déclarait il y a trois ans que ce qui nous sépare du RN, c'est notre « capacité à gouverner ». Tout cela valide ce que les députés LR prétendument « turbulents » - Aurélien Pradié et moi-même, entre autres - disent depuis des années : nous ne serions pas dans cette situation si nous avions été dans une opposition claire à la fois à Marine Le Pen et à Emmanuel Macron.

Notre enquête Elabe vous donne entre 35 et 45 sièges le 7 juillet. Cela vous paraît-il plausible ?

Je vois une grande inquiétude quant à une majorité autour de Jean-Luc Mélenchon ou de Jordan Bardella et, au-delà, quant à l'existence de deux grands blocs, un dominé par La France insoumise, l'autre par le RN. Cela bloquerait le pays. On ne peut pas se le permettre avec la guerre en Ukraine, les Jeux olympiques et les graves problèmes de pouvoir d'achat. Face à cela, nous avons besoin de majorités, non pas gouvernementales, mais de projets, ne serait-ce que pour donner un budget à la France et éviter qu'elle dévisse dans la compétition mondiale. Le RN rejette tout débat, parce que ses candidats sont nuls et ne veulent pas que les gens le sachent, la gauche est otage de l'extrémisme de Mélenchon et la Macronie subit une lente agonie. La droite républicaine reste, là-dedans, un pôle de stabilité. Il y a évidemment des zones où nous ferons moins de 5 %, mais là où il y a des candidats très implantés, qui ont changé la vie des gens, on peut créer des surprises. Je pense qu'on peut préserver 50 à 60 sièges, notre niveau actuel.

Il n'y a pas de risque, nous aurons un groupe libre et indépendant

Quel peut être leur avenir face à un bloc RN majoritaire ?

M. Ciotti fanfaronnait en expliquant qu'il apporterait au RN un tiers de députés LR. Ils sont deux, avec un cortège de has been et de personnes condamnées par la justice. Donc il n'y a pas de risque, nous aurons un groupe libre et indépendant. Par ailleurs, le macronisme est terminé. S'il n'y a pas un bloc de droite et du centre porté par Les Républicains et des députés d'une nouvelle génération, le risque - après un fort vote Bardella en 2024 qui va générer d'immenses déceptions, car le RN ne fera rien - est d'avoir Mélenchon en 2027 par un effet de balancier.

Serez-vous indépendants, aussi, d'Édouard Philippe ?

Il n'y a pas d'accord national avec la Macronie. Je n'ai pas d'adversaire macroniste dans ma circonscription mais personne ne m'a prévenu. Je pense qu'ils ont eu du mal à trouver des candidats et qu'ils estiment qu'un député sortant qui a bien travaillé, même s'ils ne partagent pas toutes ses idées, est préférable à un nouvel élu RN ou LFI. Mais, je le répète, il n'y a aucun accord.

La candidature de Laurent Wauquiez en 2027 est-elle toujours une voie de survie crédible pour la droite héritière du gaullisme ?

Cette dissolution a fait gagner dix ans à toute une génération de jeunes députés élus en 2017, réélus en 2022 et qui le seront en 2024. Si nos chapeaux à plume nous avaient davantage écoutés depuis sept ans, nous n'en serions pas là. Nous avons passé l'âge d'attendre des sauveurs, la droite passe son temps à le faire et ça n'a jamais marché. Il faut d'abord gagner la bataille des idées et être clair dans son positionnement. Notre moment est venu.

Commentaires 3
à écrit le 23/06/2024 à 13:51
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La crise des LR expose au grand jour la divergence entre un appareil ayant plutôt désireux de se rapprocher de la Macronie et la base militante tout à fait en phase avec Ciotti, poussant ce dernier à estimer qu'il a toute légitimité pour s'affranchir...

à écrit le 23/06/2024 à 13:27
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La macronie se meurt ce n'est pas le moment de s'allier mais de finir de l'enterrer.

à écrit le 23/06/2024 à 10:39
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Ben vu la chute de ce parti et de son chef vous y avez plutôt intérêt de vous en démarquer ! "Les français ne voient pas encore le changement" nous avait il dit. Ben si la preuve ils l'ont bien vu ! LOL ! ^^

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