Législatives : au Medef, le grand écart fiscal des candidats

Les représentants des partis ont fixé les grands caps de leur politique économique devant un parterre de dirigeants, ce jeudi. Sans surprise, Edouard Philippe (Horizons) et Bruno Le Maire ont plaidé pour une poursuite de la baisse des impôts de production. Le Rassemblement national (RN) de Jordan Bardella veut également s'attaquer à la fiscalité sur la production. En revanche, il est resté flou sur les financements pour compenser ce manque à gagner. Quant au Nouveau Front populaire (NFP), les élus veulent épargner les PME et ont lancé un appel patriotique aux milliardaires.
Grégoire Normand
Michel Picon (U2P), Patrick Martin (Medef), François Asselin (CPME) lors des auditions des candidats aux législatives ce jeudi.
Michel Picon (U2P), Patrick Martin (Medef), François Asselin (CPME) lors des auditions des candidats aux législatives ce jeudi. (Crédits : Reuters)

Le patronat compte bien peser dans la campagne éclair des législatives. Devant un vaste parterre de patrons, les candidats des principales forces politiques sont venus exposer leurs priorités dans la salle Gaveau du 8e arrondissement de Paris, ce jeudi. Etaient présents Edouard Philippe (Horizons), Boris Vallaud (PS) et Eric Coquerel (LFI), Jordan Bardella (RN) et Eric Ciotti, Bruno Le Maire, et Bruno Retailleau (LR). En revanche, aucune femme n'était sur la scène pour présenter les grands axes des programmes économiques. Cette absence criante de parité n'a pas manqué de faire réagir certains observateurs à l'extérieur.

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Après l'annonce fracassante de la dissolution par le chef de l'Etat Emmanuel Macron, les principales organisations patronales (Medef, CPME et U2P) sont restées silencieuses pendant plusieurs jours. Renonçant à publier un communiqué commun, elles ont finalement pris position récemment, mais individuellement. Signe que ce sujet est particulièrement sensible au sein des états-majors du patronat tricolore. Le Medef a finalement décidé de s'exprimer sur les risques que représentaient à leurs yeux l'arrivée à Matignon du Rassemblement national (RN) ou du Nouveau Front populaire (NFP) dans une dizaine de jours.

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Majorité présidentielle : politique de l'offre et fin de la CVAE d'ici 2027

En plein marasme budgétaire, la fiscalité a occupé une large part des échanges de la matinée. La veille, la Commission européenne a tapé sur les doigts de la France pour ses déficits excessifs. Bruxelles a estimé que la trajectoire du programme de stabilité présenté au printemps ne permettait pas à l'Hexagone de revenir sous la barre des 3% d'ici 2027. Malgré ce contexte de finances publiques dégradé, Edouard Philippe a plaidé pour « la stabilité fiscale ». « Il s'agit de permettre aux entreprises françaises d'être à peu près compétitives face à nos voisins. Il ne faut absolument pas changer de logique », a insisté l'ancien Premier ministre.

« On ne change pas une fiscalité bonne pour les entreprises », a abondé le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, affirmant que « la stabilité fiscale » est sa première priorité.

Interrogé sur les impôts de production, le locataire de Bercy a confirmé qu'il allait « supprimer la CVAE d'ici 2027 » s'il était encore aux manettes après le 7 juillet, date du second tour des législatives. Sur ce point, Bruno Le Maire avait rétropédalé sur le calendrier de suppression de cette taxe. Ce qui avait fait bondir les dirigeants. S'agissant des ménages, les deux représentants du bloc central ont été peu prolixes durant leur intervention respective. Le Premier ministre, Gabriel Attal, s'est engagé à baisser la fiscalité sur les classes moyennes de 2 milliards d'euros, mais cette promesse n'a pas du tout été évoquée pendant les auditions.

Rassemblement national : suppression de la CVAE et C3S dans le viseur

Accompagné de l'ancien président de LR, Eric Ciotti, le chef de file du Rassemblement national Jordan Bardella était en opération apaisement. « J'ai compris qu'il fallait que je rassure les milieux économiques, » a annoncé le prétendant au siège de Matignon. Promettant de « remettre de l'ordre dans les pays et les comptes publics », Jordan Bardella a confirmé qu'il ferait « un audit des finances de la nation ».

« Le gouvernement va hériter d'une situation financière de quasi faillite. Cette situation appelle à la responsabilité ».

Coté entreprises, le vingtenaire entend « poursuivre la baisse des impôts de production. La CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) sera intégralement supprimée et le chantier de la C3S (Contribution sociale de solidarité des sociétés) sera poursuivi ». S'agissant des salariés, l'ancien porte-parole du RN propose une hausse de 10% des salaires pour les personnes payées jusqu'à trois SMIC, «sans cotisations patronales » et «la liberté est laissée aux entreprises ». Dans le viseur du RN, Jordan Bardella a promis de s'attaquer « aux contraintes normatives qui pèsent sur l'entreprise ».

Nouveau Front populaire :  « Le choc fiscal ne concernera pas 90% des entreprises »

A l'autre bout du spectre politique, le Nouveau Front populaire (NFP) a défendu une politique de relance keynésienne. « La politique d'Emmanuel Macron est l'inefficacité de la politique de l'offre. La France investit moins que ses voisins [...]. La productivité en berne », a déclaré Boris Vallaud, député socialiste des Landes sortant. S'agissant des entreprises, les représentants du bloc des gauches ont insisté sur le fossé entre les TPE et les PME et les grandes entreprises.  « Il n'y a pas de hausse prévue de la fiscalité pour les PME », a précisé l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée sous François Hollande.

« S'agissant du cadre fiscal, rien ne va changer pour 90% des entreprises. Nous voulons être aux côtés des petites entreprises ».

Sur les grandes entreprises, Boris Vallaud et l'ancien président de la Commission des finances à l'Assemblée nationale Eric Coquerel (LFI) sont restés très vagues. Sur le SMIC à 1.600 euros net qui inquiète particulièrement les milieux patronaux, « cela peut être un choc pour certaines entreprises », a consenti l'ancien député de Seine-Saint-Denis. «Nous allons compenser les surcoûts pour les PME », a ajouté Boris Vallaud.

Pour la fiscalité des ménages, l'ancien directeur de cabinet d'Arnaud Montebourg à Bercy a demandé « un effort patriotique des milliardaires, car nous sommes dans un moment de réarmement productif ». « L'effort fiscal est à 50% chez les Français et à 27% chez les milliardaires », a complété le haut fonctionnaire.

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Dans son programme, la coalition des gauches a proposé un retour sur l'impôt sur la fortune (ISF) avec un volet climat. Sur le front des finances publiques, « nous prévoyons un budget détaillé pour le début de la première période », a expliqué Eric Coquerel.  «Nous ne comptons pas sur une explosion des déficits. Le développement de la croissance va faire des rentrées fiscales et de cotisations. Le déficit ne permettra pas de financer principalement notre programme ». Reste à connaître les détails de leur programme économique.

Grégoire Normand
Commentaires 36
à écrit le 24/06/2024 à 8:37
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L'endettement massif de la France de ces dernières années a servi à sauver les riches et la bourse' à maintenir l'ordre social. Maintenant il veut faire payer les gens modestes et dire que le modèle n'est plus finançable

à écrit le 24/06/2024 à 8:36
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L'endettement massif de la France de ces dernières années a servi à sauver les riches et la bourse' à maintenir l'ordre social. Maintenant il veut faire payer les gens modestes et dire que le modèle n'est plus finançable

à écrit le 21/06/2024 à 15:52
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Les vendus responsables qui essaie de sauver tous ce qu ils ont mis en place pour piller les salariés et s'enrichir dehors ces oligarques

à écrit le 21/06/2024 à 10:34
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Il est certain que l'écart entre le financement des entreprises par nos impôts, et la réorientation des impôts dans ce qui est nécessaire comme l'hôpital, les transports ou l'emploi, n'aura rien de comparable ! La France en économie, est champion...

à écrit le 21/06/2024 à 10:18
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Désolé mais il va falloir que le MEDEF étaye un peu plus sérieusement son propos s’il prétend justifier que l'on doive voter pour un candidat de la pseudo-majorité présidentielle qui a: ● Alourdi la dette de +910Md€ (+40%) en 7 ans, pour la porter au...

le 21/06/2024 à 14:02
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Les programmes du RN et du NFP ne sont pas financés. Ils ne feront qu'alourdir les déficits et les dettes.

le 24/06/2024 à 8:33
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Au contraire c'est une stratégie pour casser le modèle français. L'endettement immense provoqué sert à pouvoir affirmer Tina there IS no alternative. En résumé quand on veut noyer son chien on dit qu'il a la rage

le 24/06/2024 à 8:38
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C'est fantastique l'endettement a servi à sauver les riches et ce sont eux qui profitent des obligations françaises et leur taux qui augmentent

à écrit le 21/06/2024 à 8:59
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Donc, les citoyens votent pour les extrêmes en réaction aux politiques sociales et économiques actuelles. Le Maire annonce poursuivre sur la même ligne. Le RN annonce à mots couverts qu'il fera de même. Le Front populaire annonce changer la donne, ma...

le 21/06/2024 à 10:13
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et que dire de l endettement supplémentaire de 1 000 milliards depuis 2017 ils en disent quoi le medef and co ?

le 21/06/2024 à 10:29
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"et que dire de l endettement supplémentaire de 1 000 milliards depuis 2017 ils en disent quoi le medef and co ? " Ben ils sont contents eux ! Par contre si leurs entreprises pouvaient parler à mon avis elles seraient furax elles...

le 21/06/2024 à 11:03
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En fait, les intérêts du patronat et des retraités sont alignés, les retraités sont des consommateurs purs jouissant par ailleurs de liberté-privilège car on voit bien, ces libéraux attendant d'arriver en retraite pour cracher courageusement dans la ...

à écrit le 21/06/2024 à 8:44
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Ce monsieur « la République c’est moi » a oublié de dire que relancer la consommation, c’est encore plus détériorer le déficit commercial record puisqu’on importe de plus en plus et on exporte de moins en moins. En fait ce front populaire bidon rendr...

le 21/06/2024 à 8:56
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la vache les gars vous allez pas répéter les mêmes messes sans arrêt quand même !? Si, ah ben ok... ^^

le 21/06/2024 à 10:19
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C est autant un problème de recettes que de dépenses . D ou l effet ciseaux: 56 % de français payent pas l impôts sur le revenu sous prétexte d enfants - de moins en moins d ailleurs - comment justifie un tel écart de recettes par rapport aux autres ...

le 21/06/2024 à 10:41
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1200 milliards en 7 ans, avec un déficit de 170 milliards, il est vrai que l'on peut parler d'économie après la démonstration faite par le turbo capitalisme droitier ! le financement de l'économie par l'état et non par des investisseurs, ou avec l...

le 21/06/2024 à 13:29
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pour PM les français payent tous l impôt par la TVA et la CSG faudra faire un peut de connaissance fiscale la tva c est 173 milliards / 2023 le total des recettes pour le budget s éléve a 544 milliards pour 2023.dont 110 milliards pour l impô...

à écrit le 21/06/2024 à 8:38
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Tout ce qui ne sera pas payé en préventif, sera payé en curatif ...sans illusion !

à écrit le 20/06/2024 à 21:56
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Le seul candidat serieux est celui proposé par le trio BCE/Commission/FMI

le 21/06/2024 à 10:26
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Second degrés rincé.

le 21/06/2024 à 17:41
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@AdieuxBCE : j'ai encore mieux, il y a Skynet :-)

à écrit le 20/06/2024 à 21:28
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Désolé mais il va falloir que le MEDEF étaye un peu plus sérieusement son propos s’il prétend justifier que l'on doive voter pour un candidat de la pseudo-majorité présidentielle qui a: ● Alourdi la dette de +910Md€ (+40%) en 7 ans, pour la porter a...

le 21/06/2024 à 10:20
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C est autant un problème de recettes que de dépenses . D ou l effet ciseaux: 56 % de français payent pas l impôts sur le revenu sous prétexte d enfants - de moins en moins d ailleurs - comment justifie un tel écart de recettes par rapport aux autres ...

le 21/06/2024 à 10:21
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@o: J'ai cru comprendre que la baisse des impôts de production serait source de recettes fiscales, puisqu'elle accroitrait la compétitivité. Cela s'est vérifié dans le passé, mais sera-ce suffisant pour rentrer dans les clous?

à écrit le 20/06/2024 à 20:27
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Il n'y a pas de secret, si on veut tailler dans les impôts de production sans faire exploser les déficits, il faut tailler dans les dépenses correspondantes et mettre sous conditions de ressource et de patrimoine les dépenses sociales dont bénéficien...

le 20/06/2024 à 22:47
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@o: J'ai cru comprendre que la baisse des impôts de production serait source de recettes fiscales, puisqu'elle accroitrait la compétitivité. Cela s'est vérifié dans le passé, mais sera-ce suffisant pour rentrer dans les clous?

le 20/06/2024 à 23:09
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Et remette les 56 % de français qui payent pas l impôts sous prétexte d enfants - de moins en moins d ailleurs - comme les autres européens ou américains.. de supprimer la part défiscalisation de 10% d impôt des retraites sous prétexte «  déducti...

le 20/06/2024 à 23:21
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C est autant un problème de recettes que de dépenses . D ou l effet ciseaux: 56 % de français payent pas l impôts sur le revenu sous prétexte d enfants - de moins en moins d ailleurs - comment justifie un tel écart de recettes par rapport aux autr...

le 20/06/2024 à 23:21
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C est autant un problème de recettes que de dépenses . D ou l effet ciseaux: 56 % de français payent pas l impôts sur le revenu sous prétexte d enfants - de moins en moins d ailleurs - comment justifie un tel écart de recettes par rapport aux autr...

le 20/06/2024 à 23:26
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C est autant un problème de recettes que de dépenses . D ou l effet ciseaux: 56 % de français payent pas l impôts sur le revenu sous prétexte d enfants - de moins en moins d ailleurs - comment justifie un tel écart de recettes par rapport aux autr...

le 20/06/2024 à 23:26
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C est autant un problème de recettes que de dépenses . D ou l effet ciseaux: 56 % de français payent pas l impôts sur le revenu sous prétexte d enfants - de moins en moins d ailleurs - comment justifie un tel écart de recettes par rapport aux autr...

le 21/06/2024 à 8:40
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malheureux, s attaquer aux retraités ! C est le coeur de l electorat macroniste (macron fait 3% chez les moins de 25 ans). Il faut au contraire faire travailler plus les actifs, les taxer plus et leur supprimer leurs allocations. Avec l argent econom...

le 21/06/2024 à 10:22
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Désolé mais il va falloir que le MEDEF étaye un peu plus sérieusement son propos s’il prétend justifier que l'on doive voter pour un candidat de la pseudo-majorité présidentielle qui a: ● Alourdi la dette de +910Md€ (+40%) en 7 ans, pour la porter au...

à écrit le 20/06/2024 à 19:31
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Le Front populaine est habile en disant que la purge fiscale ne concernera pas 90% des entreprises parce que le s10% restantes sont les ETI et les PME plus grandes qui font l'essentiel de l'occupation et des exportations mais elles n'ont rien à voir ...

à écrit le 20/06/2024 à 18:31
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"et ont lancé un appel patriotique aux milliardaires" Ben faut m'expliquer pourquoi la finance a peur d'eux ! ^^

à écrit le 20/06/2024 à 18:24
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Le Front Populhaine est assez habile pour vendre sa purge fiscale: elle ne concernera pas 90% des entreprises? Celles qui donnent du travail et qui exportent sont justement les ETI dans les 10% restants et ce n'est pas du tout des grandes entreprises...

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