Transdev lutte contre les émissions de particules fines

Lancé par Soléa (filiale de Transdev, délégataire du service public de transport de Mulhouse Alsace Agglomération), IVECO BUS et Tallano Technologies, le projet Joseph, lauréat du programme Propulse, vise à équiper des bus de filtres en vue de capter les particules fines émises lors du freinage. Mais pour déployer massivement cette technologie, il faut industrialiser la production et donc investir. Les lauréats comptent aussi sur l'Agence de l'innovation pour les transports pour leur ouvrir la voie.
(Crédits : DR)

Invisibles, les particules fines ? Sans doute. Mais pas pour tout le monde. « Lorsque nous effectuons la maintenance de nos bus, nous voyons bien cette poussière noire près des roues, déclare Grégoire Picard, chef de projet pour Transdev. C'est le signe de ces émissions de particules fines dues au freinage. Sur le terrain, nous touchons du doigt cette pollution. » Soucieuse de la santé des équipes de maintenance, des conducteurs, des usagers et de la qualité de l'air pour tous, la société Soléa, en tant qu'opérateur de transport, s'est ainsi intéressée à la solution TAMIC®, mise au point par Tallano Technologies. Aujourd'hui brevetée après 10 ans de recherche et développement, cette technologie, composée d'une carte électronique qui active une turbine au moment du freinage et d'un filtre qui retient les particules, permet de capter jusqu'à 85 % des particules fines émises au freinage. C'est vrai pour les bus, mais aussi pour les voitures, les poids lourds et les rames ferroviaires.

« Mieux encore, précise Grégoire Picard, le système permet d'équiper aussi bien les véhicules neufs que ceux qui sont déjà en activité. Cette possibilité de rétrofit est très importante, puisque nos bus, bien entretenus, peuvent avoir des durées de service jusqu'à 20 ans. »

Expérimentation sur l'agglomération de Mulhouse à l'automne prochain

Le système est désormais en phase d'expérimentation. « Nous l'avons testé sur quelques équipements, détaille le spécialiste de Transdev, et à la rentrée de septembre prochain, nous réaliserons les premières installations avec IVECO BUS. Ainsi, en novembre, nous aurons nos trois premiers véhicules équipés. L'idée est de vérifier, en conditions opérationnelles, de l'efficacité de la technologie. Nous espérons au moins 70 % de réduction des émissions de particules fines. » Sachant qu'un bus produit chaque année 4 kg de particules fines en raison de l'usure des plaquettes, une bonne partie de ces émissions sera donc évitée.

Le projet, baptisé Joseph et porté par Soléa (filiale de Transdev), le constructeur IVECO BUS et Tallano Technologies, est donc bien lancé, avec l'agglomération de Mulhouse pour terrain d'expérimentation. Et il a déjà séduit le jury de l'Agence de l'innovation pour les transports (AIT), qui l'a sélectionné dans le cadre du programme Propulse. Mais cela n'empêche pas les équipes de vouloir plus...

Pour les équipes en charge du projet Joseph, la réglementation européenne n'est pas assez rapide dans ce domaine. Certes, les membres de l'Union européenne se sont mis d'accord, en février dernier, pour renforcer les normes sur la qualité de l'air d'ici 2030, mais cette nouvelle réglementation ne concerne que les véhicules neufs. Or il faudrait que les flottes existantes soient également incluses dans ces nouvelles règles européennes car il existe des solutions technologiques, applicables dès maintenant sur le parc routier en service, qui permettent d'accélérer l'amélioration de la qualité de l'air en ville bien au-delà du seul rythme de renouvellement des matériels.

Trouver des financements via l'AIT

La société Tallano Technologies a misé sur la R&D depuis des années.  Elle prévoit d'amortir sous la forme de retours sur investissements, lors de la vente, en France, en Europe et à l'international, de sa solution TAMIC®. Dans cette perspective, Transdev soutient le projet 'en offrant des véhicules et des sites d'expérimentation pour la solution TAMIC®.

« Mais c'est là qu'interviennent les équipes de l'AIT et du programme Propulse », se réjouit Grégoire Picard. De fait, non seulement le label Propulse a permis d'embarquer plus fortement dans le projet les équipes en interne, au sein de Transdev comme chez les autres partenaires, puisque Joseph bénéficie d'une reconnaissance officielle et d'une belle crédibilité, mais en plus, « les experts de l'AIT, qui connaissent bien les dispositifs de financement de l'innovation dans les mobilités et leurs rouages, nous aident à cibler les organismes. Elles nous donnent des clés de compréhension et de stratégie que nous n'avions pas car ce n'est pas notre métier », enchaîne-t-il.

Aujourd'hui, lui qui consacre toute son énergie « à faire en sorte que le projet passe à l'échelle » et produise un impact nettement plus fort que l'équipement de trois bus en Alsace, espère également que les Mobilités Innov', la vitrine des innovations dans les mobilités pendant la période olympique et paralympique, draine des investisseurs et des représentants d'organismes de subventions. « Montrer concrètement comment la technologie fonctionne est bien plus porteur. Il s'agit, en quelque sorte, d'une pré-instruction de notre dossier de financement, et dans des conditions très favorables », assure-t-il en homme de terrain.

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