L'intelligence artificielle peut-elle rebattre les cartes du marché des smartphones haut de gamme ? En tout cas, les constructeurs s'y préparent. Samsung a dégainé dès le début d'année avec ses Galaxy S24 dopés à l'IA, suivi par Apple avec ses annonces pour l'iPhone 16 en juin, puis Google mardi soir lors de la présentation de ses Pixel 9.
Alors qu'à ses débuts le marché du smartphone se jouait sur des éléments matériels comme la résolution de l'écran, la taille de la batterie ou encore la qualité de l'appareil photo, la couche logicielle s'est imposée comme un différenciant tout aussi important. C'est ici qu'entre en scène l'intelligence artificielle. Cette dernière va venir doper de nouvelles fonctionnalités de recherche d'information, de traitement d'image ou encore d'organisation.
D'ici la fin d'année, ces nouveautés vont passer au révélateur du marché : les consommateurs veulent-ils vraiment parler avec l'assistant intégré à leur smartphone ? Les nouvelles fonctionnalités seront-elles suffisamment attrayantes pour les convaincre de renouveler leur appareil ou pour les faire changer de marque ? La réponse à ces questions devrait être observée de près par les marchés boursiers, qui s'interrogent de plus en plus sur les retombées des investissements massifs dans l'IA à long terme.
Google sort l'artillerie lourde
Signe des temps, la plus grosse annonce de la soirée de Google dédiée au Pixel... n'était pas directement liée au Pixel. Il s'agissait du lancement de son assistant vocal Gemini AI, capable d'aller chercher des informations dans toutes les applications et les photos du smartphone et de tenir une conversation fluide dans 45 langues différentes.
Accessible sur tous les smartphones sous Android (et donc chez Samsung, Xiaomi ou encore Oppo) et même prochainement sur iOS (le logiciel des iPhone), il sera lié à l'abonnement Gemini Advanced (21,99 euros par mois), dont la première année est offerte pour les acheteurs des Pixel 9 Pro (les modèles les plus chers).
En revanche, Google a bel et bien gardé certaines fonctionnalités d'IA en exclusivité pour sa gamme de smartphones, comme Pixel Screenshots, qui permet d'aller chercher des informations dans les captures d'écrans enregistrées sur l'appareil ou encore Pixel Studio, un outil de génération d'images. Quant à l'éditeur de Google Photo, il permet désormais de retirer des éléments de l'image, ou d'en intégrer d'autres, en quelques clics. L'utilisateur peut par exemple changer la couleur du ciel s'il le souhaite, et obtenir un rendu réaliste. Mais Google va encore plus loin avec une option pour « réimaginer » une photo, qui permet de modifier l'image ou une partie de l'image à partir d'une consigne textuelle.
Pour finir, une autre fonctionnalité qui sera appréciée des professionnels permet de générer des comptes-rendus d'appel immédiatement après avoir raccroché (à condition que tous les participants aient donné leur consentement). Sur scène, Rick Osterloh, vice-président de Google en charge des produits, n'hésite pas à insister sur ses ambitions pour l'IA :
« Nous sommes obsédés par l'idée que l'IA va rendre la vie des gens plus facile et plus productive. Elle peut nous aider à apprendre. Elle peut nous aider à nous exprimer. Et elle peut nous aider à être plus créatifs. L'endroit où il est le plus important que nous l'intégrions avec succès est sur les appareils que nous portons sur nous tous les jours [les smartphones, ndlr]. »
Apple déjà distancé ?
Bloqué entre 2% et 5% de parts de marché selon les pays, Google construit depuis près d'une décennie des smartphones performants, mais peine à gratter des parts à Apple et à Samsung. L'engouement généralisé pour l'IA pourrait néanmoins jouer en sa faveur. Contrairement à ses concurrents, il se place en pointe dans la création des intelligences artificielles avec son modèle Gemini, qui s'aligne sur les performances des meilleures IA d'OpenAI, Anthropic ou encore Meta.
Google a donc un avantage technologique évident, qu'il espère faire fructifier. Face à lui, Apple se retrouve contraint à faire appel à ChatGPT pour les fonctionnalités les plus complexes, car il n'est pas en capacité de développer lui-même certaines IA.
La fenêtre d'opportunité de Google s'avère d'autant plus grande que Apple Intelligence (le nom donné aux nouvelles fonctionnalités de l'iPhone) ne devrait sortir que l'an prochain, et que le constructeur a déjà annoncé qu'il ne déploierait pas les nouvelles fonctionnalités dans l'Union européenne, par peur de la régulation. Mais une grande question persiste : un avantage de l'IA sera-t-il suffisant pour faire basculer les consommateurs, alors que le passage entre un iPhone et un smartphone Android reste un grand pas, notamment sur le marché américain ? Réponse à suivre avec la prochaine génération de smartphones.
« Nous sommes dans un moment optimal » : pourquoi les fonds euros de l'assurance-vie redeviennent intéressants
Sujets les + commentés