Atos essuie une lourde perte après de fortes dépréciations d'actifs

Le groupe français a éprouvé une perte nette d'1,9 milliard d'euros au premier trimestre cette année. L'ex-fleuron, qui a été au cœur d'un feuilleton financier, est entré en juillet dans une procédure de sauvegarde accélérée.
Le groupe informatique français Atos a annoncé ce jeudi avoir enregistré une perte nette d'1,9 milliard d'euros.
Le groupe informatique français Atos a annoncé ce jeudi avoir enregistré une perte nette d'1,9 milliard d'euros. (Crédits : Stephane Mahe)

[Article publié le jeudi 01 août 2024 à 09h41 et mis à jour à 11h00] Le groupe informatique français Atos, un des piliers technologiques des JO de Paris 2024, a annoncé ce jeudi avoir enregistré une perte nette d'1,9 milliard d'euros au premier semestre. L'annonce faisait dévisser l'action du groupe qui plongeait de 9,7% à 0,88 euro à 10h15.

Cette perte est en grande partie due à une dépréciation d'actifs à hauteur de 1,5 milliard d'euros et aussi « la dépréciation de relations client pour 109 millions d'euros dans la région Amériques en raison de la fin de contrats clients », a précisé le groupe dans un communiqué. La dépréciation d'actifs consiste pour une entreprise à ajuster la valeur d'un actif dans ses comptes par rapport à celle qu'elle lui accordait jusqu'alors.

Version 6 01/08/2024 10:38 UTC+2  Atos dans le rouge au premier semestre après de fortes dépréciations d'actifsPapier Général technologies | informatique | résultats | Oly | 2024 | cybersécurité | financement | faillite | entreprises | industrie | défense | nucléaire | France | gouvernement

ParisFrance | AFP | jeudi 01/08/2024 - 10:38 UTC+2 | 727 mots


Actualise avec cours de Bourse

par Daxia ROJAS

Le groupe informatique français Atos, pilier technologiques des JO de Paris, a annoncé jeudi une perte nette d'1,9 milliard d'euros au premier semestre, après d'importantes dépréciations d'actifs et un ralentissement de l'activité en Amérique et en Europe centrale.

L'annonce faisait dévisser l'action du groupe qui plongeait de 9,7% à 0,88 euro à 10H15 (08H15 GMT).

L'ex-fleuron de la tech est entré en juillet dans une procédure de sauvegarde accélérée qui doit lui permettre de sortir la tête de l'eau avec notamment la mise en oeuvre de son plan de restructuration, dont le montant atteint 1,75 milliard d'euros.

"Atos est sauvé", s'est félicité lors d'une conférence avec des journalistes le nouveau PDG Jean-Pierre Mustier, qui assurait déjà la fonction de président du conseil d'administration depuis octobre 2023.

"Les priorités sont bien entendu d'accompagner la croissance du groupe avec l'ensemble des équipes, renouveler la confiance des clients et, en parallèle, travailler à la mise en place d'une nouvelle gouvernance", a-t-il ajouté.

Plombé par une dette brute colossale de près de 5 milliards d'euros, Atos avait enclenché en février une procédure de restructuration. Il se trouvait depuis plongé dans un feuilleton financier aux multiples rebondissements.

Après le retrait fin juin du consortium mené par Onepoint, premier actionnaire d'Atos initialement choisi pour mener à bien ce sauvetage, les créanciers et les banques se sont entendus pour reprendre eux-mêmes l'entreprise.

Leur accord comprend notamment une augmentation de capital de 233 millions d'euros et une réduction de la dette d'environ 3 milliards d'euros.

Atos avait indiqué mi-juillet que la société resterait "non contrôlée" pendant une "période de transition" jusqu'à la réalisation de la restructuration financière car les banques et les porteurs d'obligations "n'entendent pas agir de concert".

- Activité en chute -

La perte du premier semestre est en grande partie due à une dépréciation d'actifs à hauteur de 1,5 milliard d'euros et aussi à "la dépréciation de relations clients pour 109 millions d'euros dans la région Amériques en raison de la fin de contrats clients", a précisé le groupe dans un communiqué.

La dépréciation d'actifs consiste pour une entreprise à ajuster la valeur d'un actif dans ses comptes par rapport à celle qu'elle lui accordait jusqu'alors.

Côté activité, le groupe a aussi vu son chiffre d'affaires global chuter de 10%, à 4,96 milliards d'euros sur les six premiers mois de l'année. La baisse d'activité a affecté le pôle Eviden, qui regroupe la cybersécurité, le numérique et le « big data », dont le chiffre d'affaires à chuté de 7,9% à 2,4 milliards d'euros, notamment en raison « d'un ralentissement continu du marché dans la région Amériques et au Royaume-Uni », selon le groupe.

Elle a touché aussi la branche Tech Foundations (infogérance), qui a connu un recul de ses ventes de 11,8% à 2,6 milliards d'euros, ce qui reflète des réductions de périmètres de contrats notamment en Europe centrale. « En Allemagne, il y a eu en particulier un ralentissement des commandes du secteur public », a détaillé Jean-François de Prest, directeur financier d'Atos.

« Nos revenus et notre marge opérationnelle pour le semestre sont en ligne avec le plan d'affaires présenté le 29 avril, malgré des conditions de marché difficiles dans certaines de nos principales zones géographiques », a ainsi déclaré Jean-Pierre Mustier, président-directeur général d'Atos.

Lire aussiAtos : coup de théâtre, le consortium Onepoint retire subitement son offre de rachat

Feuilleton financier

L'ex-fleuron de la tech se trouve, depuis quelques mois, plongé dans un feuilleton financier aux multiples rebondissements. Il est entré en juillet dans une procédure de sauvegarde accélérée qui doit permettre au groupe de sortir la tête de l'eau avec notamment la mise en œuvre de son plan de restructuration, dont le montant atteint 1,75 milliard d'euros.

« Nous avons désormais un accord avec nos créanciers financiers, nous fournissant ainsi une liquidité suffisante pour faire fonctionner le Groupe et nous donnant un fondement solide pour l'avenir », a par ailleurs commenté le PDG.

Pour rappel, plombé par une dette brute colossale de près de 5 milliards d'euros, Atos, qui compte plus de 90.000 salariés dans 69 pays, avait enclenché en février une procédure de restructuration. Après le retrait fin juin du consortium mené par Onepoint, premier actionnaire d'Atos initialement choisi pour mener à bien ce sauvetage, les créanciers et les banques se sont entendus pour reprendre et sauver eux-mêmes l'entreprise. Leur accord comprend notamment une augmentation de capital de 233 millions d'euros et une réduction de la dette d'environ 3 milliards d'euros.

Banques et détenteurs d'obligations deviendront alors les actionnaires majoritaires d'Atos : ils détiendront jusqu'à 99,9% du capital. L'augmentation de capital est toutefois ouverte aux actionnaires actuels qui ne souhaiteraient pas voir leur participation diluée et pourraient, s'ils contribuent, s'assurer au maximum 25,9% du capital.

Atos avait indiqué mi-juillet que la société resterait « non contrôlée » pendant une « période de transition » jusqu'à la réalisation de la restructuration financière car les banques et les porteurs d'obligations « n'entendent pas agir de concert ».

Des activités sensibles

Partenaire informatique mondial du Comité international olympique (CIO) depuis 2002, Atos est l'un des piliers technologiques des JO de Paris, chargé notamment de la gestion des accréditations, de la diffusion instantanée des résultats ou encore de la cybersécurité. Son avenir revêt également une forte dimension politique liée à ses activités stratégiques dans le domaine de la défense (équipement de l'armée ou supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire française).

Dans ce contexte, le groupe français a annoncé fin juin avoir « finalisé » la négociation avec l'État français « d'une convention visant à protéger les intérêts de souveraineté » de ce dernier. En clair, il s'agit d'éviter que ces activités tombent entre les mains d'acteurs étrangers. Mi-juin, l'État a fait une offre de 700 millions d'euros pour les acheter. Atos a précisé jeudi que la finalisation de la négociation de cette convention devrait être finalisée en octobre tandis que l'émission de l'action de préférence est prévue pour le deuxième semestre.

La proposition de l'Etat, formulée dans une « lettre d'offre confirmatoire non engageante », concerne « l'acquisition potentielle de 100% des activités d'Advanced Computing, de Mission-Critical Systems et de Cybersecurity Products de la division BDS (Big Data & Cybersécurité) » d'Atos, a précisé ce dernier dans un communiqué mi-juin. Ces activités englobent les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, les contrats avec l'armée française et les produits de cybersécurité.

Le ministère français de l'Économie a également octroyé un prêt de 50 millions d'euros à l'entreprise et acquis une « action de préférence » lui permettant de mettre son veto à certaines opérations au niveau de Bull, la filiale qui construit ces supercalculateurs.

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 13/08/2024 à 8:34
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Cela fait plusieurs décennies que Atos sert de cellule de dégrisement pour les polytechnilaches évincés d’orange. Le problème c’est que s’ils ont été écartés ce n’est pas sans raisons. Ils ont détruit Atos toutes ces années

à écrit le 02/08/2024 à 8:52
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Une seule solution le dépôt de bilan et la cessation d'activité. Il y a d'autres ESN Française qui fonctionnent très bien comme cap Gemini.

à écrit le 01/08/2024 à 11:33
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On devrait demander à M. BRETON de rembourser. Il faut qu'il assume. Mais en FRANCE, si vous êtes incompétents, paresseux, cupide, ou que vous faites surpayer vos clients (pour vous gaver), vous êtes en puissance un électeur de M. MACRON. Et donc un...

le 03/08/2024 à 10:13
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C’est une vieille habitude française, les bénéfices et les bonus sont pour les dirigeants, les pertes et les risques pour les contribuables.

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