Sursis pour Atos placé en procédure de sauvegarde accélérée

Le tribunal de commerce de Nanterre a ouvert, pour une durée de deux mois, une procédure de sauvegarde accélérée pour Atos. Une période qui doit permettre au groupe informatique français, en difficulté, de mettre en œuvre le plan de restructuration financière négocié avec ses créanciers. Pour cela, un nouveau directeur général, Jean-Pierre Mustier, a été nommé.
Atos a été placé en procédure de sauvegarde accélérée par le tribunal de commerce de Nanterre pour une durée de deux mois.
Atos a été placé en procédure de sauvegarde accélérée par le tribunal de commerce de Nanterre pour une durée de deux mois. (Crédits : Sarah Meyssonnier)

C'est une étape importante pour Atos. Le groupe informatique français a indiqué, ce mercredi, que le tribunal de commerce de Nanterre a ouvert une procédure de sauvegarde accélérée, pour une durée de deux mois. Un laps de temps pour mettre en œuvre le plan de restructuration financière négocié avec un groupe de banques et de créanciers obligataires.

« Le tribunal a estimé que, compte tenu du soutien suffisamment large des créanciers financiers et des informations fournies par la conciliatrice lors de l'audience, l'adoption du projet de plan de restructuration financière au cours de la procédure de sauvegarde accélérée était vraisemblable », a précisé Atos dans un communiqué.

Pour rappel, le 15 juillet dernier, le groupe avait annoncé avoir obtenu cet accord pour sécuriser le financement de son plan de restructuration. Il comprend notamment une augmentation de capital de 233 millions d'euros, un apport de 1,675 milliard d'euros et une réduction de la dette d'environ 3 milliards d'euros. Il doit également permettre au groupe, pris dans une crise financière depuis près de trois ans, de sortir de l'ornière financière, d'obtenir « d'ici 2026 » une notation de crédit « BB » et de lui garantir « un montant minimal de liquidités de 1,1 milliard d'euros » jusqu'au 31 décembre 2026.

Atos avait alors indiqué espérer l'ouverture d'une procédure de sauvegarde accélérée au cours de cette semaine du 22 juillet, ce qui est donc chose faite. Il lui reste maintenant à se préparer à l'audience du tribunal pour l'approbation de ce plan de sauvegarde accéléré, qui est envisagée le 15 octobre 2024, selon son communiqué.

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Nouveau directeur général

Atos a par ailleurs annoncé, ce mercredi, que Jean-Pierre Mustier, président du conseil d'administration depuis octobre 2023, a été nommé nouveau directeur général avec effet immédiat. Il remplace Paul Saleh, qui a décidé de quitter le groupe et a présenté sa démission au conseil d'administration, d'après le communiqué, sans plus de détails.

Cette démission s'ajoute à la liste de la valse des dirigeants que connaît le groupe depuis le départ en octobre 2021 du directeur général Elie Girard, successeur en 2019 de Thierry Breton, alors appelé à la Commission européenne et qui avait été à la tête de l'entreprise pendant plus de dix ans. Paul Saleh était directeur général seulement depuis janvier, après avoir pris la suite d'Yves Bernaert. Ce dernier était resté à peine trois mois en fonction et avait quitté le navire « en raison d'une différence de point de vue sur la gouvernance pour ajuster et exécuter la stratégie ».

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Concernant la future gouvernance du groupe, Atos avait indiqué mi-juillet que la société restera « non contrôlée » pendant une « période de transition » jusqu'à la réalisation de la restructuration financière car les banques et les porteurs d'obligations « n'entendent pas agir de concert ». Il n'est toutefois pas indiqué si la nouvelle nomination de Jean-Pierre Mustier s'inscrit dans ce cadre.

À l'issue de l'accord en tout cas, les banques et détenteurs d'obligations deviendront les actionnaires majoritaires d'Atos puisqu'ils détiendront jusqu'à 99,9% de son capital. L'augmentation de capital est d'ailleurs ouverte aux actionnaires actuels qui ne souhaiteraient pas voir leur participation diluée et pourraient, s'ils contribuent, s'assurer au maximum 25,9% du capital. Le conseil d'administration restera néanmoins composé d'une majorité d'administrateurs indépendants et « certains créanciers auront le droit de proposer la nomination de membres et/ou de censeurs » après la restructuration, a précisé Atos la semaine dernière.

La fin des pépins ?

L'annonce de cette procédure de sauvegarde, après celle de l'accord trouvé, renforce en tout cas l'espoir d'une issue positive pour le groupe. Autrefois fleuron français de l'informatique, Atos, qui compte plus de 90.000 salariés dans 69 pays, traîne une dette brute colossale de 4,8 milliards d'euros et lutte pour sa survie depuis plusieurs mois. Dans ce contexte, il a enclenché une procédure de restructuration en février mais, depuis, les offres de reprise n'avaient fait que se succéder, sans se concrétiser.

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Celle de son premier actionnaire, Onepoint, avait initialement été choisie avant que ce dernier ne la retire fin juin, à la surprise générale. Il avait justifié cette décision après avoir « constaté que les conditions n'étaient pas réunies pour conclure un accord ouvrant la voie à une solution pérenne de restructuration financière et de mise en œuvre ». Le groupe a même finalement enclenché sa sortie du capital. Au 28 juin, Onepoint ne détenait plus que 9,57% du capital et des droits de vote, contre plus de 11% auparavant.

L'avenir d'Atos revêt par ailleurs une forte dimension politique liée à ses activités stratégiques dans le domaine de la défense (équipement de l'armée ou supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire française). C'est pourquoi l'État lui a récemment fait une offre de 700 millions d'euros pour acheter ses activités jugées stratégiques, dont les supercalculateurs, les contrats avec l'armée et les produits de cybersécurité, afin d'éviter qu'elles ne tombent entre les mains d'acteurs étrangers.

Le groupe français est également le partenaire informatique mondial du Comité international olympique (CIO) depuis 2002 et donc l'un des piliers technologiques des Jeux de Paris qui débutent ce vendredi 26 juillet. Il est notamment chargé de la gestion des accréditations, de la diffusion instantanée des résultats ou encore de la cybersécurité.

(Avec AFP)

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