Atos : accord obtenu avec des banques et créanciers pour financer le plan de restructuration

Atos, groupe informatique français en difficulté de longue date, a annoncé ce lundi avoir obtenu un accord avec un groupe de banques et de créanciers obligataires. Ces derniers devraient sécuriser le financement de son plan de restructuration, dont le montant atteint 1,675 milliard d'euros.
L'accord comprend notamment une augmentation de capital de 233 millions d'euros, un apport de 1,675 milliard d'euros et une réduction de la dette d'environ 3 milliards d'euros.
L'accord comprend notamment une augmentation de capital de 233 millions d'euros, un apport de 1,675 milliard d'euros et une réduction de la dette d'environ 3 milliards d'euros. (Crédits : Benoit Tessier)

Enfin le bout du tunnel pour Atos ? Le groupe informatique français, pris dans une crise financière depuis près de trois ans, a annoncé ce lundi avoir obtenu un accord avec un groupe de banques et de créanciers obligataires pour sécuriser le financement de son plan de restructuration.

« L'objectif est d'ouvrir une procédure de sauvegarde accélérée au cours de la semaine du 22 juillet 2024 afin d'obtenir l'approbation du tribunal (ndlr : de commerce) et de mettre en œuvre le plan de restructuration financière », a indiqué le groupe dans un communiqué ce lundi.

L'accord comprend notamment une augmentation de capital de 233 millions d'euros, un apport de 1,675 milliard d'euros et une réduction de la dette d'environ 3 milliards d'euros. « Les opérations de restructuration seront ensuite mises en œuvre au cours du second semestre 2024 en vue d'une réalisation effective d'ici la fin de l'année 2024 ou au cours du premier trimestre 2025 », rappelle Atos. L'accord trouvé doit permettre de sortir le groupe de l'ornière financière, d'obtenir « d'ici 2026 » une notation de crédit « BB » et de lui garantir « un montant minimal de liquidités de 1,1 milliard d'euros » jusqu'au 31 décembre 2026.

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Une gouvernance à fixer

À l'issue de cet accord, les banques et détenteurs d'obligations deviendront alors les actionnaires majoritaires d'Atos puisqu'ils détiendront jusqu'à 99,9% de son capital. L'augmentation de capital est d'ailleurs ouverte aux actionnaires actuels qui ne souhaiteraient pas voir leur participation diluée et pourraient, s'ils contribuent, s'assurer au maximum 25,9% du capital.

Concernant la future gouvernance, il y aura une « période de transition » jusqu'à la réalisation de la restructuration financière. Les banques et les porteurs d'obligations « n'entendent pas agir de concert », en conséquence, la société restera « non contrôlée », a précisé Atos. Le conseil d'administration restera composé d'une majorité d'administrateurs indépendants et « certains créanciers auront le droit de proposer la nomination de membres et/ou de censeurs » après la restructuration, a ajouté le groupe français.

Une page qui se tourne enfin ?

Cette annonce renforce en tout cas l'espoir d'une sortie de crise pour Atos, qui compte plus de 90.000 salariés dans 69 pays. Autrefois fleuron français de l'informatique, l'entreprise traîne une dette brute colossale de 4,8 milliards d'euros et lutte pour sa survie depuis plusieurs mois. Sa procédure de restructuration a été enclenchée en février mais, depuis, les offres de reprise n'avaient fait que se succéder.

Celle de son premier actionnaire, Onepoint, avait initialement été choisie avant que ce dernier ne la retire fin juin, à la surprise générale. Il avait justifié cette décision après avoir « constaté que les conditions n'étaient pas réunies pour conclure un accord ouvrant la voie à une solution pérenne de restructuration financière et de mise en œuvre ». Le groupe a même finalement enclenché sa sortie du capital. Au 28 juin, Onepoint ne détenait plus que 9,57% du capital et des droits de vote, contre plus de 11% auparavant.

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Les JO pour redorer son image

Partenaire informatique mondial du Comité international olympique (CIO) depuis 2002, Atos est l'un des piliers technologiques des Jeux olympiques de Paris qui débutent le 26 juillet prochain. Il est notamment chargé de la gestion des accréditations, de la diffusion instantanée des résultats ou encore de la cybersécurité. Un rôle que le groupe vient d'ailleurs aussi d'assurer lors de l'Euro-2024, le championnat d'Europe de football qui s'est terminé ce dimanche par une victoire de l'Espagne en finale contre l'Angleterre (2-1).

« Nous sommes prêts pour les Jeux olympiques. Nous avons déjà passé toutes les étapes de tests. Nous sommes mobilisés pour s'assurer que ces Jeux soient un succès, comme toutes les autres éditions que nous avons gérées », a déclaré Paul Saleh, directeur général d'Atos, lors d'une conférence téléphonique ce lundi.

Ce type de partenariat est d'autant plus une aubaine pour l'entreprise compte tenu du contexte difficile qu'elle traverse. C'est « un moyen de maintenir une bonne image auprès de l'ensemble des parties prenantes de son écosystème », a expliqué la semaine dernière à l'AFP Jean-Philippe Danglade, chercheur en marketing sportif à la Kedge Business School. « Il y a aussi l'idée de la démonstration de l'excellence de son savoir-faire lors d'événements, que l'on appelle "la preuve produit". Si Atos réussit à gérer les solutions technologiques d'organisations aussi complexes, cela donnera confiance à d'autres clients potentiels », a-t-il ajouté.

C'est aussi une manière de rester crédible face à ses concurrents qui multiplient les accords de sponsoring « technologiques » dans d'autres disciplines sportives très suivies, comme Capgemini avec le Mondial de rugby, le chinois Lenovo avec la Formule 1 ou l'indien Infosys avec le tournoi de tennis de Roland-Garros.

À noter que l'avenir d'Atos revêt également une forte dimension politique liée à ses activités stratégiques dans le domaine de la défense (équipement de l'armée ou supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire française). C'est pourquoi l'État lui a récemment fait une offre de 700 millions d'euros pour acheter ses activités jugées stratégiques, dont les supercalculateurs, les contrats avec l'armée et les produits de cybersécurité, afin d'éviter qu'elles ne tombent entre les mains d'acteurs étrangers.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 15/07/2024 à 15:09
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Est ce qu’un jour une enquête sera diligentée sur la gestion hasardeuse du précédent conseil d’administration ainsi que de son commissaire européen de président ? Sans doute pas, ce sont tous des mafieux .

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