Les premières d’Ugo Humbert

Le numéro 1 français revisite les étapes clés de son ascension avant son entrée en lice à Wimbledon.
Au service à Wimbledon, en 2023.
Au service à Wimbledon, en 2023. (Crédits : © LTD / PIERRE AHALLE/PESSSE SPORT)

La tête ailleurs à Roland-Garros, à la suite d'une douleur personnelle, le 16e mondial a bien démarré la saison sur gazon, atteignant le dernier carré à 's-Hertogenbosch. Le Lorrain, 25 ans, apprécie Wimbledon, où il a obtenu sa meilleure performance en Grand Chelem en 2019. L'occasion pour lui d'évoquer les seuils franchis depuis ses débuts.

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SON PREMIER TITRE EN FUTURE.

À Bagnères-de-Bigorre en 2017. Je ne m'y attendais pas car la Fédération française de tennis ne voulait pas me garder. J'avais 19 ans et mon coach m'avait dit : « Après ce dernier tournoi, tu vas rentrer chez toi. » Cette victoire a tout changé. En plus, je mangeais du délicieux porc noir de Bigorre à tous les dîners.

SA PREMIÈRE VICTOIRE CONTRE UN JOUEUR DU TOP 100.

La même année à Bercy, contre l'Italien Thomas Fabbiano. Un match compliqué, gagné en trois sets et avec un peu de chance car il était blessé à un poignet. Une victoire excellente pour ma confiance. Je commençais à jouer pas trop mal, donc le top 100 devenait un horizon raisonnable pour moi aussi. J'y suis entré en octobre 2018 après avoir battu Pierre-Hugues Herbert à Ortisei [Italie].

SON PREMIER TITRE EN CHALLENGER.

En août 2018 à Ségovie [Espagne]. Juste avant, j'avais atteint la finale de deux tournois au Canada donc j'avais hésité à participer à cause du décalage horaire et des conditions météo totalement différentes. Mais j'avais tellement envie de faire mes preuves et de montrer que j'avais le niveau que j'y suis allé. Puis j'ai commencé à enchaîner.

SON PREMIER FACE-À-FACE AVEC SON FUTUR ENTRAÎNEUR JÉRÉMY CHARDY.

Quand il trouve que je l'ouvre trop, il a toujours la même repartie : « 2-0. » Ça lui fait plaisir de me rappeler le bilan de nos matchs. À l'Open d'Australie 2019, nous avons disputé le premier super tie-break de l'Histoire. Je menais 6-4 et j'ai perdu 10-6. On s'est retrouvés deux ans plus tard à Rotterdam [Pays-Bas], où j'ai eu deux balles de match avant de m'incliner 7-6 au troisième set.

Paris 2024 me tient à cœur, car je suis rentré de Tokyo avec des regrets

Hambert et Novak

Lors de sa défaite en trois sets face à Novak Djokovic à Wimbledon, le 8 juillet 2019. (© LTD / JAMES MARSH/BPI/REX/SIPA)

SON PREMIER WIMBLEDON.

C'est aussi ma première et ma meilleure performance en Grand Chelem : huitième de finale. Affronter Novak Djokovic sur le gazon londonien a été mémorable. Il m'a battu facilement [6-3, 6-2, 6-3] et il a d'ailleurs remporté le tournoi. La force intérieure qu'il dégage est impressionnante. Il ne panique jamais. Il met toujours son adversaire dans une position où il ne peut rien faire, en jouant le coup juste, à la bonne vitesse. Au bout de trente minutes, je ne mettais plus une balle dans le court et les jeux ont défilé. Mais ce match m'a aidé à comprendre où j'en étais par rapport aux meilleurs et ce que je devais travailler pour me rapprocher d'eux.

SA PREMIÈRE VICTOIRE CONTRE UN CADOR.

Daniil Medvedev, au premier tour à Hambourg en 2020. Mes deux premiers titres [Auckland et Anvers] m'avaient fait énormément de bien. L'année suivante, j'ai remporté le tournoi de Halle en battant Alexander Zverev, Félix Auger-Aliassime puis Andrey Rublev en finale, sous les yeux de ma mère et de ma sœur. Un jour, Jo Tsonga m'a dit qu'il se souvenait davantage des personnes qui ont partagé ses victoires que des victoires elles-mêmes. Du coup, lorsque j'ai gagné à Metz l'an dernier, j'ai emmené mon équipe, ma famille et Jo au resto.

SON PREMIER MATCH GAGNÉ À ROLAND-GARROS.

L'an dernier, quand j'ai su que le tirage m'avait réservé Adrian Mannarino au premier tour, je me suis dit qu'il y avait moyen. Il ne m'en voudra pas de dire qu'il n'est pas le plus grand spécialiste de la terre battue. Moi non plus d'ailleurs. À Roland, j'ai toujours eu des adversaires prenables mais je n'avais jamais gagné. Mon premier match, en 2018, c'était contre le Belge Ruben Bemelmans. Au bout de trente minutes, j'étais tétanisé sur le court, incapable de bouger. Le stress et la peur m'avaient envahi. Défaite en trois sets. J'étais démoralisé d'avoir laissé passer mon rêve. Je n'avais même pas apprécié le moment. Ce sentiment m'a fait prendre conscience que je ferais mieux d'arrêter le tennis plutôt que de me mettre dans un état pareil. J'étais alors autour de la 300e place mondiale et, cinq mois plus tard, je suis entré dans le top 100.

SON PREMIER TOURNOI DANS LA PEAU DE NUMÉRO 1 FRANÇAIS.

À l'Open de Moselle en 2023. Ce classement a changé mon propre regard plus que le regard des autres. Être le premier Français a du sens pour moi qui adore représenter mon pays en Coupe Davis. Ces matchs me transcendent et sont toujours des expériences incroyables. Finir l'année 2023 dans cette position a été une grande fierté.

SA PREMIÈRE PARTICIPATION AUX JEUX OLYMPIQUES.

Avec le recul, j'ai réalisé que je n'étais pas passé loin d'une médaille à Tokyo. J'ai perdu en quart de finale contre Karen Khachanov, le futur finaliste, en trois sets. Si j'étais passé, j'aurais pris Pablo Carreño Busta en demie. Il y aurait eu match. Les Jeux de Paris me tiennent vraiment à cœur car je suis rentré du Japon avec des regrets. Au-delà, j'ai adoré l'expérience, malgré le Covid. C'est au village olympique, où nous partagions une chambre, que tout a commencé entre Jim [Jérémy Chardy] et moi.

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