Tennis : Roland-Garros ne sait plus sur quel pied glisser

À une semaine du sommet parisien, les cadors sont dans un épais brouillard. À commencer par Rafael Nadal et Novak Djokovic, qui ont confisqué les huit dernières éditions.
(Crédits : © LTD / Andreas SOLARO / AFP)

Ça pourrait commencer comme se termine la chronique de Pablo Mira dans Quotidien : « D'ici là, on ne saura plus rien. » Oui, d'ici à la finale du 9 juin, peut-être que les certitudes du moment auront fini au panier, fausses pistes de vrais champions. Il est risqué de s'avancer quand Rafael Nadal et Novak Djokovic ont le moteur qui tousse. Le bon réglage n'est jamais bien loin, c'est l'histoire du tennis qui le dit. Seulement voilà, même les plus belles cylindrées ne sont pas éternelles et ces deux-là n'ont jamais rallié Paris si encrassés.

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L'affaire n'est pas anodine : l'Espagnol et le Serbe trustent les huit dernières lignes du palmarès. Place aux jeunes, alors, depuis le temps qu'on les voit venir ? Pas si simple. Carlos Alcaraz, Jannik Sinner, Holger Rune, tous ont le corps ou le résultat qui grince, parfois les deux. Moralité : ce Roland-Garros se présente comme le plus ouvert depuis des lustres. Depuis que Nadal fréquente l'endroit et y a imposé ses standards (14 titres entre 2005 et 2022, 112 victoires pour 3 défaites). Aujourd'hui, la statue trône mais le statut vacille. Les blessures se sont empilées, le classement ne veut plus rien dire (276e demain, 672e à la reprise en janvier), et tant le physique que le niveau de jeu du Majorquin sont devenus « plus imprévisibles que jamais ».

Grand ménage

Il vient pourtant d'enchaîner trois tournois d'affilée, ce qui ne lui était plus arrivé depuis le printemps 2022. Mais la montée en gamme entrevue à Madrid a été suivie d'un violent décrochage à Rome, un 6-1, 6-3 infligé par Hubert Hurkacz au 2e tour, mal assorti avec ses dix trophées locaux. « Il y a beaucoup de doutes, reconnaît-il encore, beaucoup de questions. » Nadal aura 38 ans le lundi de la seconde semaine de Roland-Garros. Vu le tableau chausse-trape qui l'attend, car non tête de série, on en vient à se demander si la tradition des bougies soufflées dans le stade sera respectée.

Pour Djokovic aussi, tous les chemins se perdent à Rome. Deux matchs, une déconvenue : cinq malheureux jeux soutirés à Alejandro Tabilo (32e) et des fautes par pelletées. Dix ans qu'on ne l'avait plus vu si anémique en Masters 1000, quand Jo-Wilfried Tsonga lui avait mis 2 et 2 à Toronto. Au Foro Italico, il s'agissait de restaurer une image de quasi invincible, lui qui a tant limité ses sorties pour se ménager (5 tournois disputés) qu'il n'a pas goûté à une finale de l'année. Au lieu de prendre son élan pour Paris, où il s'est imposé trois fois (2016, 2021, 2023), le numéro 1 mondial s'est pris la tête après qu'une gourde lui est tombée sur le crâne. C'était à l'avant-veille de sa défaite, vécue « sans rythme, sans équilibre, comme si un autre joueur avait enfilé [s]es chaussures ». On ignore si le scanner envisagé a été effectué. Mais on sait qu'il en a vu d'autres.

Ces derniers mois, Djokovic, 37 ans mercredi, a procédé à un grand ménage dans son encadrement. Exit agent, responsable médias, coach (Goran Ivanisevic) et, tout récemment, préparateur physique. Ne reste plus qu'à remettre de l'ordre dans son jeu de métronome. « Il faut que j'améliore tout, vraiment tout. » Un type qui promène 24 Grands Chelems est donc capable de dire ça. Raison de plus pour s'en méfier.

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