Water-polo : ce qui se passe sous l’eau

Le ballet aquatique des poloïstes cache quelques coups de vice. Mais, désormais, la VAR les surveille.
Thomas Vernoux en finale du championnat de France, le 8 mai.
Thomas Vernoux en finale du championnat de France, le 8 mai. (Crédits : © LTD / Firas Abdullah/ABACA)

Les coups fourrés auxquels se livrent les joueurs de water-polo n'ont pas de secret pour Florian Bruzzo. « Ça tient en quatre propositions : je te tiens, je te tire, je te pousse, je te tape », énumère le sélectionneur de l'équipe de France masculine, qui démarre son tournoi olympique ce soir contre la Hongrie (19 h 30). En surface, les contacts rappellent ceux des rugbymen dans une mêlée ; sous l'eau, « ça se rapproche des mouvements au sol de la lutte gréco-romaine ». Le patron des Bleus depuis douze ans défend l'idée que les joueurs sont, en majorité, moins brutaux qu'en apparence. « À des moments, ils se dégagent de l'étreinte adverse, et cela peut être impressionnant pour les spectateurs », nuance-t-il.

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Les adversaires de Thomas Vernoux n'usent pas que de moyens légaux pour le stopper. Étiqueté malgré lui « Mbappé du water-polo », le Marseillais de 22 ans a parfois perdu sa concentration quand un défenseur tactile essayait de lui « attraper les couilles ». « C'est très vicieux et désagréable, surtout si tu penses avoir des enfants plus tard », s'amuse-t-il en évoquant ces mains baladeuses.

À la pointe des Bleus, Thomas Vernoux (1,92 mètre) fait attention à ne pas mettre la tête sous l'eau là où un adversaire pourrait lui donner un coup sans être vu des arbitres. « Certains n'attendent que ça », grimace-t-il. Des partenaires lui ont conseillé de se méfier d'un joueur réputé pour flatter les cages thoraciques en montant son genou sous l'eau. Ni vu ni connu. Les petites frappes des bassins, « qui passent tout le match à te taper dessus », sont bien identifiées. N'empêche, les côtes cassées ne sont pas rares. Vernoux, lui, n'a eu qu'un pouce fracturé à déplorer.

Le « bain de sang de Melbourne »

Rien à voir avec les débuts d'un sport « initialement très violent » et émaillé de « nombreuses bagarres », comme l'écrit le très sérieux Comité international olympique (CIO). Peut-être en référence au match de water-polo le plus célèbre, surnommé le « bain de sang de Melbourne ». Aux Jeux olympiques de 1956, un pugilat avait opposé joueurs soviétiques et hongrois, quelques semaines après la répression sanglante par l'Armée rouge de l'insurrection de Budapest. Les images en noir et blanc ne permettent pas de confirmer la légende de l'eau de piscine rougie par le sang qui s'écoulait des plaies béantes des joueurs molestés.

Bannir les brutalités

Le water-polo a chassé la violence et continue de traquer le vice : doigts tordus, griffures, coups de coude ou de paume... Les compétitions internationales bénéficient désormais de l'assistance vidéo à l'arbitrage (VAR). Aux JO de Tokyo il y a trois ans, 27 décisions ont été prises depuis la régie dédiée (en 74 matchs). « Il s'agit non seulement de valider les buts, mais aussi de bannir les brutalités », explique Mark Koganov, ancien vice-président du comité technique de la Fédération internationale de natation (Fina). Résultat : l'instance n'a relevé aucune violence manifeste au Japon, alors que des « scandales » s'étaient produits aux Jeux olympiques de Londres en 2012 ou plus récemment aux championnats d'Europe 2018.

Tu peux encore mettre une patate à un joueur qui fait trop le mec

Thomas Vernoux

Aux joueurs de s'adapter par rapport aux compétitions nationales qui n'ont pas intégré la VAR, à l'image du championnat de France, où « tu peux encore mettre une patate à un joueur qui fait trop le mec », assure Thomas Vernoux, solide comme un arbre ; mais en Coupe d'Europe ou aux JO, « la VAR risque de s'occuper de toi ». Ugo Crousillat, l'expérimenté capitaine des Bleus, a mis en garde ses équipiers contre des gestes « risqués, voire stupides » qui pourraient valoir jusqu'à trois matchs de suspension à leurs auteurs. Favorable à un water-polo plus technique et spectaculaire, Florian Bruzzo n'en regrette pas moins que la captation des images sous l'eau enlève « une part de fantasme ».

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Commentaires 2
à écrit le 28/07/2024 à 10:00
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Un sport spectaculaire dans lequel il faut une force physique totale mais qui reste difficile à suivre avec toutes ces éclaboussures de flottes empêchant de bien voir, à mon avis osn principal point faible côté notoriété. Ah mais bougez pas Elon Musk...

à écrit le 28/07/2024 à 9:48
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J.O. 2024 ? Ne manquez pas de lire "Oxymore" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. L'auteur observateur attentif de la Chine, le pays de son père, nous dévoile comment la Chine utilise tous les moyens pour que ses athlètes triomphent au niveau mondial....

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