« Les valeurs associatives sont incompatibles avec l’extrême droite » (par Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif)

À travers l’exemple de la Hongrie et des mairies RN en France, Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif, rappelle que les pouvoirs populistes s’en prennent toujours à la liberté d’association.
Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif
Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif (Crédits : © LTD / Jean-Michel Delage/Hans Lucas via Reuters)

Les élections européennes du 9 juin ont entériné une progression sans précédent de l'extrême droite. Face à ce constat, le président de la République a fait le choix de dissoudre l'Assemblée nationale, convoquant brusquement des élections législatives les 30 juin et 7 juillet. Le risque qui s'annonce pour notre démocratie, pour notre République et les valeurs qui la fondent ne peut pas être ignoré.

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Nous avons la chance dans notre pays de pouvoir compter sur une dynamique associative particulièrement forte qui nous accompagne au quotidien. Ce sont nos associations, d'abord, qui permettent de proposer à nos enfants de pratiquer une activité sportive. Ce sont elles, encore, qui viennent en soutien des plus démunis, leur proposant un repas ou un toit. Ce sont elles, toujours, qui permettent d'animer nos bourgs et nos quartiers, offrant des activités culturelles accessibles à tous et toutes. Ce sont également elles qui préservent la nature... Nous pourrions poursuivre cette liste à l'infini tant les actions menées par les associations sont diverses et au plus près des besoins des habitantes et habitants.

Ce qui nous réunit aujourd'hui au sein de nos associations, c'est un socle de valeurs et de principes partagés qui est incompatible avec l'extrême droite. Là où celle-ci prospère sur le sentiment d'abandon et la peur du déclassement, les associations rassemblent et soutiennent les citoyennes et citoyens.

En Moselle, un maire RN a mis le Secours populaire à la porte de ses locaux du fait de son caractère « politisé et promigrants »

Claire Thoury

Partout où les forces autoritaires ont accédé au pouvoir, elles n'ont cessé de s'en prendre à la vie associative et à celles et ceux qui font association. C'est le cas en Hongrie, où le gouvernement de Viktor Orbán a été condamné par la Cour de justice de l'Union européenne pour ses restrictions imposées au financement des organisations civiles. Mais c'est aussi le cas en France dans les communes administrées par le Rassemblement national. Ainsi, à Hayange (Moselle) en 2016, le maire a mis le Secours populaire à la porte de ses locaux et lui a coupé le chauffage du fait de son caractère « politisé et promigrants » alors que l'association comptait près de 1000 bénéficiaires. À ce titre, comment ne pas s'inquiéter de l'utilisation d'un outil déjà largement dévoyé tel que le contrat d'engagement républicain entre les mains d'un tel pouvoir ?

Car ces exemples trahissent une vérité simple : si l'extrême droite s'en prend aux associations, c'est surtout parce qu'elles agissent au service de tous et toutes, sans discrimination, car les droits sont universels, aucune préférence nationale ne s'y appliquant ; et c'est parce qu'elles sont le réceptacle de la parole citoyenne, du débat contradictoire et d'un pluralisme indispensable à notre vie démocratique.

Parce que les associations portent la parole des citoyennes et citoyens là où l'extrême droite voudrait la contenir. Parce que les associations prônent le dialogue là où l'extrême droite se construit sur l'éviction des divergences. Parce que les associations prônent l'ouverture et la tolérance là où l'extrême droite revendique le repli sur soi. Parce que les associations sont des écoles de la démocratie, là où l'extrême droite en est le fossoyeur. Les valeurs associatives sont incompatibles avec l'extrême droite.

Nous appelons chacune et chacun d'entre nous à défendre nos valeurs républicaines lors des prochaines élections. Dans la continuité du Pacte du pouvoir de vivre qui rendra visible les débats, rassemblements ou les initiatives portées par la société civile (Pactedupouvoirdevivre.fr), nous appelons toutes les associations à se mobiliser. Nous portons toutes et tous une responsabilité. Il s'agit d'investir pleinement ce combat !

Parmi les signataires :

France Nature Environnement : Antoine Gatet, Président

Coordination SUD : Olivier Bruyeron, Président

Emmaüs France : Tarek DAHER, Délégué général

Fédération des acteurs de la solidarité, Pascal Brice, Président

UNIOPSS : Daniel Goldberg, Président

Solidarité Femmes : Dominique Guillien Isenmann, Présidente

Le Planning familial : Sarah Durocher, Présidente

AIDES : Camille Spire, Présidente

UNAT : Michelle Demessine, Présidente

CNAJEP : Arnaud Tiercelin, Co-Président

La Cimade : Henry Masson, Président

ATD Quart Monde : Marie-Aleth Grard, Présidente

Alternatiba : Rémi Donaint, porte-parole

Fédération des Centres Sociaux et socioculturels de France (FCSF) : Tarik Touahria, Président

Ligue des droits de l'Homme : Nathalie Tehio, Présidente

France terre d'Asile, Najat Vallaud Belkacem, présidente

Singa : Benoît Hamon, directeur

APF France handicap : Pascale Ribes, Présidente

Réseau National des Juniors Associations (RNJA) : Stéphane Alexandre, Co-Président

Découvrez les autres signataires sur le site du Mouvement associatif

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Commentaires 5
à écrit le 17/06/2024 à 16:25
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Et la subvention délivrée au gré du Prince est incompatible avec un système associatif qui doit vivre de l'adhésion de ses adhérents et de ses fonts propres, éventuellement. Pour mémoire la partie publique du financement associatif est évaluée à quel...

à écrit le 17/06/2024 à 11:41
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Certains craignent peut-être que l'Etat arrête de financer ces associations, notamment celles qui s'opposent aux intérêts de la France.

à écrit le 17/06/2024 à 11:38
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On peut aussi se poser la question de l’argent du contribuable, qui vient subventionner des associations au bon vouloir des politiques, et qui n’œuvrent pas réellement en sa faveur……. Ce n’est pas pour autant remettre en cause la liberté d’associatio...

à écrit le 17/06/2024 à 11:36
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Il est tout à fait logique que des associations politisées ne soient pas financées par nos impôts. Une association privé peut être activiste, pas une association financée par des fonds publics.

à écrit le 16/06/2024 à 8:42
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C'est vrai, ils savent qu'ils sont névrosés cherchant à imposer leurs névroses comme vérités. Je les connais très bien et c'est bien pour cela qu'il m'est impossible de voter pour ces gens complètement incohérents voir bien souvent délirants. Mainten...

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