Élections au Royaume-Uni : l’extrême droite passe pour la première fois devant les conservateurs, selon un sondage

Le parti anti-immigration Reform UK dirigé par Nigel Farage est annoncé devant le parti conservateur du Premier ministre britannique, Rishi Sunak, dans la course aux élections législatives de juillet. Une première, selon l’institut YouGov qui évoque « un séisme », malgré un faible écart entre les deux formations politiques. De leur côté, les travaillistes caracolent toujours en tête.
Le leader du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, vient jouer les troublions dans la campagne des élections législatives au Royaume-Uni. (Photo d'archive)
Le leader du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, vient jouer les troublions dans la campagne des élections législatives au Royaume-Uni. (Photo d'archive) (Crédits : © Eduardo Munoz / Reuters)

Il n'y a pas qu'au sein de l'Union européenne que l'extrême droite progresse. Selon un sondage YouGov pour le Times publié jeudi soir, et réalisé auprès de 2.211 personnes, le parti anti-immigration Reform UK recueillerait 19% des voix (+2 points) aux élections législatives, le 4 juillet prochain, et devancerait les conservateurs emmenés par le Premier ministre Rishi Sunak (18%, stable). Deux formations politiques toujours loin derrière les travaillistes qui demeurent largement en tête des intentions de vote avec 37% (-1 point).

« Nous sommes à présent l'opposition au Labour », a claironné Nigel Farage, le chef du parti le plus à droite sur l'échiquier politique britannique, en ouverture d'un débat sur la chaîne ITV jeudi soir.

L'avance de Reform UK se situant dans la marge d'erreur, l'institut YouGov estime qu'il faudra du temps pour dire si le parti peut « maintenir ou améliorer sa position par rapport aux conservateurs ». « Il serait peut-être plus juste de dire à ce stade » que les deux partis sont « au coude-à-coude », mais toujours est-il que ce changement représente un « séisme » dans le « paysage électoral », explique l'institut.

Les conservateurs en mauvaise posture

Au pouvoir depuis 14 ans, les conservateurs sont éreintés à tel point que le ministre de la Défense Grant Shapps a récemment mis en garde contre le risque que le Labour obtienne au Parlement une « super majorité ».

Pour tenter de sauver le parti d'une débâcle annoncée, les conservateurs misent sur la timide reprise économique en Grande-Bretagne.  Au premier trimestre 2024, l'économie britannique est en effet sortie de la récession avec une croissance de 0,6 %, selon les chiffres publiés par l'Office for National Statistics, le 10 mai dernier. Ce chiffre est légèrement supérieur à la croissance attendue, qui était de 0,4 %.

Depuis, le gouvernement s'efforce de communiquer sur ces données, quitte à embellir quelque peu la réalité, afin de vanter les succès de sa politique économique. Dans une conférence de presse donnée à la mi-mai, Jeremy Hunt, le chancelier de l'Échiquier britannique, a ainsi affirmé que la reprise économique était bel et bien là, promis de futures baisses d'impôts, et assuré que la politique travailliste entraînerait à l'inverse une hausse des prélèvements susceptible de casser le redémarrage.

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Les travaillistes promettent « croissance » et « stabilité »

Grand favori des législatives au Royaume-Uni, le chef du Labour Keir Starmer a assuré, jeudi, vouloir ramener la « stabilité » après les turbulences des 14 ans de pouvoir conservateur, avec un programme axé sur la croissance économique et à la prudence assumée.

« Aujourd'hui, nous pouvons jeter à nouveau les bases de la stabilité et s'appuyer dessus pour rebâtir la Grande-Bretagne », a affirmé le leader travailliste, ancien avocat de 61 ans.

Dans le détail, les travaillistes veulent créer un fonds dédié aux investissements dans les industries du futur, une société chargée de financer la transition vers les énergies vertes et faciliter la construction d'infrastructures.

Son programme comprend également la promesse de débloquer des dizaines de milliers de rendez-vous dans le service public de santé (NHS), institution chérie des Britanniques mais à bout de souffle, et ainsi résorber d'interminables files d'attente. Le Labour veut aussi embaucher 6.500 professeurs et rétablir la TVA pour les écoles privées.

« Il s'agit d'un projet sérieux pour l'avenir de notre pays, et chaque politique dans ce document a été soigneusement réfléchie pour que nous soyons sûrs de pouvoir la mettre en œuvre », a plaidé Keir Starmer. « Je suis candidat pour être Premier ministre, pas directeur d'un cirque », a-t-il ajouté.

La campagne « décalée » des socio-démocrates

Quant aux libéraux-démocrates, leur chef, Ed Davey a troqué, jeudi, son costume-cravate pour des baskets et un short pour une course d'obstacles, dernière acrobatie d'une longue série qui a donné à ce parti centriste une visibilité inattendue dans la campagne pour les législatives.

Sur des montagnes russes un jour, un toboggan le lendemain : le député de 58 ans assume parfaitement de faire le pitre pour faire exister les « Lib-Dem » dans la campagne dominée par les conservateurs au pouvoir et les travaillistes.

« Nous essayons de faire passer des messages politiques sérieux mais d'une manière que j'espère attractive et qui montre que je ne me prends pas toujours trop au sérieux », a expliqué Ed Davey au podcast The News Agents mercredi.

Les derniers sondages semblent lui donner raison : l'institut YouGov place sa formation politique à 15%, tout proche des conservateurs et de l'extrême droite.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 14/06/2024 à 18:45
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Le parti travailliste anglais c'est le Phoenix ! Bon ensuite pauvre pays qui a subi les foudres de la finance avec Thatcher et Blair.

à écrit le 14/06/2024 à 14:46
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Les gens en ont ras le bol, de devoir constamment se pousser pour faire de la place aux autres

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