« La démocratie sociale en entreprise, pilier du vivre ensemble » (par Bruno Mettling, président de Topics)

Pour le président et fondateur du cabinet de conseil Topics, « les fractures sociales dont il est question depuis tant d'années sont plus préoccupantes que jamais ». « Les entreprises pourront-elles rester à l'écart de ces débordements ? », interroge-t-il. « Il le faut, estime-t-il. Faisons collectivement en sorte qu'elles restent des espaces de cohésion sociale ».
Bruno Mettling, président de Topics.
Bruno Mettling, président de Topics. (Crédits : David Morganti/SIPA)

Rappelons qu'elles inspirent confiance à une large majorité de Français : les petites et moyennes entreprises pour 79% d'entre eux, les grandes entreprises publiques et privées pour environ la moitié, d'après le dernier baromètre de la confiance politique réalisée par le Cevipof. C'est plus que pour la majeure partie des institutions publiques, et ce sont des niveaux comparables à ceux des exécutifs locaux qui, par leur ancrage territorial et leur proximité avec le quotidien des citoyens, résistent mieux à la défiance qui s'est installée dans notre pays. Toutes les personnes en responsabilité, des pouvoirs publics aux dirigeants d'entreprises, en passant par les DRH, les représentations syndicales et les managers, dont le rôle intermédiaire auprès des équipes est si important : tous devraient faire de ce combat une priorité.

Les entreprises ont changé. Elles ont su se transformer. Autrefois perçues comme lieux de verticalité, d'autorité descendante voire d'exploitation, elles ont su introduire de la flexibilité dans un cadre collectif partagé et protecteur. Grâce à de nouvelles formes d'organisation du travail, plus respectueuses de l'autonomie des salariés, et de nouvelles règles du dialogue social, visant à favoriser la négociation et l'adoption d'accords collectifs, les entreprises représentent une réussite en matière de vivre ensemble.

Démocratie sociale et démocratie politique sont les deux faces d'un même idéal

Le dernier baromètre que nous avons réalisé chez Topics avec OpinionWay nous apprend par exemple que 90 % des salariés, qu'ils soient managers ou pas, se disent satisfait de l'autonomie dont ils disposent. Plus de 70% des managers, et plus de 50% des salariés non-managers, considèrent que leur travail quotidien est façonné par des pratiques de travail plus collaboratives, des modes de management fondés sur la confiance et l'autonomie, des organisations de travail plus flexibles.

Quand on sait que c'est sur le terrain, dans les relations quotidiennes tissées avec son équipe, que se forge le sentiment d'appartenance au collectif, on comprend l'importance de ces évolutions - à l'échelle des entreprises comme à celle du pays. Démocratie sociale et démocratie politique sont les deux faces d'un même idéal. La démocratie au travail nourrit la démocratie dans la cité, autour de trois piliers essentiels.

Un cadre protecteur nous rend plus résilients face au changement

Tout d'abord, l'équilibre entre projet collectif et aspirations individuelles. Les entreprises ont appris à concilier les exigences d'un projet commun avec la prise en compte des contraintes et aspirations de chacun. Elles savent que l'engagement naît de la participation au travail quotidien plus que d'une finalité lointaine, et que les corps intermédiaires jouent un rôle incontournable dans l'adhésion au collectif. Aux côtés des représentants du personnel et des partenaires sociaux, n'oublions pas les managers. Ils sont une précieuse courroie de transmission entre la direction et les équipes, et sont eux aussi les garants d'un va-et-vient constant entre objectifs stratégiques et situations du quotidien, entre performance globale et réflexion sur les conditions de travail, entre présence collective et flexibilité individuelle.

Ensuite, un cadre protecteur qui nous rend plus résilients face au changement. Les entreprises ont su créer un environnement sécurisant en conjuguant un cadre formel qui garantit les droits de tous les salariés, et des échanges informels respectueux des opinions de chacun d'entre eux. La formation des managers au fait religieux et politique comme les outils de régulation interne contribuent également à ce climat de confiance. Cette approche diversifiée, à plusieurs niveaux, facilite les nécessaires transformations face aux évolutions du marché et aux transitions technologiques car elle maintient la cohésion du collectif.

Les entreprises ne font pas de coup de com sur le dialogue social

Enfin, l'équilibre entre délibération et action. Aujourd'hui, la plupart des entreprises ont compris l'importance de consulter et d'écouter avant de décider. En prenant régulièrement le pouls de leurs salariés, en stimulant le dialogue à tous les niveaux, elles invitent chacun à se forger un point de vue sur la conduite de l'entreprise et peuvent enrichir leur stratégie, sociale et économique. La recherche d'un diagnostic partagé et de qualité est la condition sine qua non d'une action de long terme fondée sur la réalité du terrain.

Les entreprises ne font pas de coup de com sur le dialogue social. Celles qui réussissent le pari de la performance durable et de la confiance mènent leur action selon ces trois principes clés. Pour protéger nos entreprises de l'intrusion des fractures qui déchirent notre société et retrouver une dynamique politique positive et inclusive, nous, dirigeants d'entreprise, avons une grande responsabilité. A nous de promouvoir ce modèle, tant auprès de nos équipes que de nos décideurs politiques. La démocratie sociale en entreprise n'est pas seulement un outil de performance économique, c'est aussi un pilier essentiel de notre capacité à vivre ensemble et à faire ensemble. Elle offre un modèle de culture du compromis dont notre société a cruellement besoin.

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Commentaire 1
à écrit le 06/07/2024 à 7:08
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Vous avez raison mais l'idéologie néolibérale exècre les salariés donc tant que cette logique de déments régnera le salarié ne sera vu que comme un produit à exploiter et jeter. Il faut remonter plus haut la réflexion et revenir à la désintégration d...

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