Marqué par des résultats en baisse et les JO, Air France-KLM révise ses objectifs

Hausse des coûts et baisses de recettes unitaires, c'est tout sauf une bonne combinaison pour Air France-KLM qui a vu sa rentabilité s'effondrer au premier semestre 2023. Egalement encombré par les Jeux olympiques cet été, le groupe revoit donc ses ambitions à la baisse sur l'année.
Léo Barnier
Benjamin Smith, directeur général d'Air France-KLM, s'est résolu à revoir ses ambitions à la baisse.
Benjamin Smith, directeur général d'Air France-KLM, s'est résolu à revoir ses ambitions à la baisse. (Crédits : GONZALO FUENTES)

[Article publié le 25 juillet 2024 à 9h43 et mis à jour à 15h08]

À l'image de la météo, le printemps n'a pas été radieux pour Air France-KLM et les perturbations vont se prolonger sur l'été, voire jusqu'à la fin de l'année. Après un premier semestre tout juste dans le vert sur le plan opérationnel, marqué par une forte dégradation de la rentabilité par rapport à l'an dernier, et l'annonce il y a quelques semaines d'un impact négatif d'environ 200 millions d'euros en raison de la tenue des Jeux olympiques à Paris, le groupe français révise ses objectifs annuels.

« Le deuxième trimestre 2024 a confirmé l'émergence d'un environnement de plus en plus difficile pour l'aviation, avec une hausse des prix du carburant et une pression continue sur les coûts. Dans ce contexte, KLM et Transavia ont enregistré une performance stable bien que peu dynamique, tandis qu'Air France a été impactée par des événements exceptionnels, notamment l'effet négatif des Jeux olympiques en juin », a analysé Benjamin Smith, directeur général d'Air France-KLM dans un communiqué.

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Une capacité plus faible que prévu

Air France-KLM a donc décidé de limiter sa hausse de capacité à 4% sur l'année par rapport à 2023, soit un point de moins que prévu précédemment. Surtout, « le groupe a déjà pris des mesures fortes pour s'adapter à cette situation, avec notamment un gel des embauches et la réduction de coûts supplémentaires », admet le patron d'Air France-KLM. Cela va porter essentiellement sur les embauches de personnel administratif et non opérationnel ou encore les coûts marketing, afin de ne pas compromettre la hausse de capacités pour autant.

À travers ces mesures d'économies, il s'agit notamment de compenser la hausse des coûts unitaires, qui sera plus importante que prévu. Le groupe pensait pouvoir la contenir entre 1 et 2% sur l'année, ce qui aurait nécessité de maîtriser pleinement ces coûts unitaires sur la deuxième partie de l'année après une hausse conséquente au premier semestre (+2,8% par rapport au premier semestre 2023). Ce ne sera pas le cas avec une nouvelle augmentation cet été. La hausse sera donc d'au moins 2% sur l'année selon les prévisions actualisées. La situation est d'autant plus préoccupante que les recettes unitaires ont, elles, reculé de 1,2% au premier semestre.

Cette dégradation des résultats va aussi se répercuter sur le niveau d'investissements nets sur l'année, qui « seront davantage optimisés », pour un total désormais inférieur à la cible de 3 milliards d'euros initialement prévu.

« Nous préservons en revanche nos investissements majeurs en matière de renouvellement de la flotte, qui constitue un levier stratégique pour améliorer nos performances financières et environnementales », déclare tout de même Benjamin Smith.

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Rentabilité en berne

Après un premier trimestre compliqué, le printemps n'a pas été suffisamment fort pour compenser le retard pris. Malgré une progression du chiffre d'affaires de près de 5% à 14,6 milliards d'euros sur les six premiers mois de l'année, drainée par la hausse du trafic dans des proportions comparables, la rentabilité s'est donc effondrée par rapport à l'an dernier à la même période. La marge opérationnelle a chuté de trois points sur le semestre où elle n'est plus que de 0,2%. Ce qui donne un résultat d'exploitation d'à peine 24 millions d'euros contre plus de 400 millions l'an dernier. Le résultat net passe même dans le rouge avec une perte de 314 millions d'euros.

Steven Zaat, directeur financier d'Air France-KLM, regrette tout particulièrement un deuxième trimestre « très décevant », particulièrement en comparaison de la performance à la même période 2023. Le groupe a vu sa marge d'exploitation passer d'un niveau record de 9,6% à 6,5%. C'est toujours mieux qu'en 2019, mais Steven Zaat assure que le groupe a de « plus hautes ambitions ».

Touché par des coûts non récurrents et des investissements importants, le flux de trésorerie libre (free cash-flow) est également passé en négatif, à -44 millions d'euros. Et la dette nette a progressé de plus d'un milliard d'euros, à 6,2 milliards, notamment en raison d'un recul de la trésorerie de 900 millions d'euros par rapport à la fin de l'année 2023 « principalement dû au paiement du report des charges sociales, retraites et impôts sur les salaires lié à la pandémie ».

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Les Jeux olympiques vont peser jusqu'à fin août

Habituellement la période la plus rentable de l'année, le troisième trimestre (juillet-septembre) s'annonce également complexe. Air France-KLM met en avant l'impact des Jeux olympiques, qui sera encore plus important qu'annoncé début juillet où le groupe parlait d'un « impact négatif sur ses recettes unitaires compris entre 160 et 180 millions d'euros pour la période allant de juin à août »Ce sera donc environ 200 millions d'euros, dont 40 millions déjà enregistrés en juin puis 150 à 170 millions d'euros à venir sur juillet et août. Steven Zaat estime que sans cet impact, les revenus unitaires seraient restés plutôt stables.

Par la suite, Benjamin Smith se montre confiant sur un retour progressif à la normale à partir de la fin du mois d'août. Pour l'instant, le niveau de réservations pour le troisième trimestre est inférieur de quelques points sur le long et le moyen-courrier, ainsi que chez Transavia, par rapport à l'an dernier, mais il est équivalent pour le dernier trimestre (octobre-décembre).

Air France au cœur de la chute

Alors qu'elle avait été la locomotive du groupe Air France-KLM depuis la reprise, c'est Air France qui dévisse le plus fortement sur cette première moitié de 2024. Sa marge d'exploitation s'effondre de 4 points sur le premier semestre pour passer dans le rouge (-0,6 %) par rapport à la même période en 2023. Sur le seul deuxième trimestre, la chute est même de plus de 6 points mais, partant de plus haut, la compagnie française reste dans le vert. Sa marge est néanmoins deux fois plus faible que celle de KLM (4% contre 8%) sur la période.

Air France a notamment été touchée par le phénomène d'évitement des passagers internationaux en raison des Jeux olympiques à Paris, dont elle est partenaire officielle. C'est elle qui fait principalement les frais de l'impact négatif sur les résultats du groupe, estimé à 40 millions d'euros pour le seul mois de juin. La compagnie a également subi des « vents contraires » selon Steven Zaat, directeur financier d'Air France-KLM, qui mentionne également l'application d'une augmentation liée aux négociations annuelles à partir d'avril et la finalisation de la mise en place d'un système informatique pour le cargo.

À l'inverse, KLM a amélioré sa performance opérationnelle et a amélioré ses recettes au-delà de sa hausse de capacités. Les effets se sont principalement ressentis au deuxième trimestre, même si le semestre reste négatif (-0,5 %).

Léo Barnier

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Commentaires 3
à écrit le 25/07/2024 à 13:52
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l avenir de cette compagnie à l image de la France va t il mourir avant le passé. !

à écrit le 25/07/2024 à 11:30
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Deux voyages en Europe depuis janvier AF et Transavia trop chères non par rapport aux low cost ais aux compagnies nationales.e groupe AF est toujours dans un esprit de grandeur perdu. Je me souviens et ce n'est pas d'hier ayant connu Air Inter et son...

le 27/07/2024 à 19:34
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Évidement les classement sont toujours contestables . Ils sont le plus souvent l’émanation d’organismes anglo-saxons qui sont très défavorables aux pays latins comme la France . Il est donc d’autant plus remarquable qu’au dernier classement Skytrax A...

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